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Avram Iancu
(
Janko Avram
en
hongrois
), ne en
1824
, a
Vidra de Sus
, aujourd'hui
Avram Iancu
dans le jude? d'
Alba
, en
Roumanie
et mort le
[
1
]
dans la meme region, est l'une des grandes figures de la
renaissance culturelle roumaine
et un avocat
roumain
de
Transylvanie
qui joua un role important lors de la
Revolution roumaine de 1848
. Il fut particulierement actif dans la region de
?ara Mo?ilor
et dans les
Monts Apuseni
. Il rallia les paysans a lui, et son charisme lui valut le surnom affectueux de
Cr?i?orul Mun?ilor
(≪ Roitelet des montagnes ≫), et meme
Imp?ratul Mun?ilor
(≪ Empereur des Montagnes ≫)
[
2
]
. Mais le refus des
revolutionnaires hongrois
d'acceder aux revendications des serfs de Transylvanie dresse les deux revolutions l'une contre l'autre, ce qui profite aux
Habsbourg
, a l'epoque maitres de l'
empire d'Autriche
comprenant le
royaume de Hongrie
et la
grand-duche de Transylvanie
.
Il nait dans une famille de paysans "
valaques
" (comme on appelait encore les roumanophones a l'epoque) emancipes, et peut suivre des etudes de droit a
Cluj
. Il devient clerc a
Targu Mure?
, d'ou il apprend les evenements de
Vienne
et de
Pest
en mars
1848
. Son attitude a cette epoque revele la nature du conflit qui enflamma la Transylvanie : tout en approuvant les idees revolutionnaires et la transition, Iancu est indigne de voir les revolutionnaires hongrois (dont beaucoup etaient proprietaires terriens) refuser d'envisager l'abolition du servage, condition de la majeure partie de la population "
valaque
" en Transylvanie, et
de jure
, condition de toute la classe moyenne valaque.
Revenu dans les monts Apuseni, il rallie les paysans de
Campeni
, organise des manifestations pacifiques mais derangeantes pour les autorites. Iancu et son associe
Ioan Buteanu
deviennent rapidement les figures principales des actions roumaines dans la region, en particulier apres leur participation aux
assemblees de Blaj
qui debutent en avril. A
Blaj
, tous les deux choisissent l'aile radicale du mouvement. Autour de
Alexandru Papiu-Ilarian
, le groupe s'oppose a la proposition des revolutionnaires hongrois d'unir la
Transylvanie
a la
Hongrie
, qui reclame son independance aux
Habsbourg
. Il entre en conflit avec l'archeveque grec-catholique
uniate
Ioan Lemeni
, l'un de ceux qui choisissent de ne pas boycotter les elections au nouveau parlement hongrois.
Lorsque l'union de la Transylvanie a la Hongrie est proclamee par les Hongrois le 30 mai 1848, la majorite des activistes roumains protestent et font appel a Vienne et a l'empereur Ferdinand, tout comme les
Saxons de Transylvanie
. Les choses deviennent plus difficiles apres le 11 juillet, quand la Hongrie declare son independance. L'Autriche commence alors a s'ouvrir aux demandes roumaines, alors que des conflits sanglants s'engagent entre les nobles hongrois et les serfs roumanophones. La derniere assemblee de Blaj voit le gouverneur habsbourgeois,
Anton Freiherr von Puchner
, approuver la preparation de gardes nationaux Valaques et Saxons. Le 27 septembre, le lynchage du plenipotentiaire autrichien, le
general Lemberg
, par une foule hongroise a Budapest, coupe toute forme de dialogue entre la Hongrie et les Habsbourg. Pour faire piece aux hongrois, le nouvel empereur, Francois Joseph, et le gouvernement autrichien garantissent aux roumains des libertes et des droits etendus ; le gouvernement revolutionnaire hongrois de
Lajos Kossuth
abolit finalement le servage, mais trop tard.
Les Autrichiens rejettent toutefois la demande roumaine d'octobre selon laquelle le critere linguistique devrait etre la base des frontieres interieures de l'empire, ce qui aurait abouti a creer une principaute pour les roumanophones (regroupant la Transylvanie, le
Banat
et la
Bucovine
), car ils ne veulent pas remplacer la poussee nationaliste hongroise par un separatisme roumain. Ils se declarent hostiles a la creation rapide de bureaux administratifs "valaques" en Transylvanie.
Le Banat reste inclus en Hongrie et la Bucovine garde son statut de Kronland autrichien; le territoire transylvain est quant a lui organise en
prefecturi
("prefectures"), avec Avram Iancu et Buteanu en tant que prefets dans les Apuseni. La prefecture de Iancu, l'
Auraria Gemina
(un nom charge de symbolisme
latin
), devient la plus importante, en englobant des zones frontieres qui n'avaient jamais ete completement organisees.
Le meme mois, les efforts administratifs s'arretent, lorsque les revolutionnaires hongrois de
Jozef Bem
lancent une offensive a travers la Transylvanie. Avec l'assistance des troupes
russes
, l'armee autrichienne (a part les garnisons d'
Alba Iulia
et de
Deva
) et l'administration austro-roumaine se retirent en
Valachie
et en
Oltenie
valaque (qui sont sous occupation russe a ce moment). Avram Iancu reste le seul a opposer une force de resistance : il prend le maquis, en montant une campagne de
guerilla
contre les forces de Bem, causant des dommages severes et bloquant la route d'
Alba Iulia
. Il est aussi lui-meme le sujet de rationnement severe : ses troupes ont peu de fusils et tres peu de poudre. Le conflit se deroule pendant les mois suivants, avec toutes les tentatives des Hongrois de reprendre le controle de la montagne.
En avril
1849
, Iancu est approche par l'envoye des Hongrois :
Ioan Drago?
(qui est en fait un representant roumanophone au parlement hongrois). Drago? travaille dur pour rencontrer les chefs roumains a
Abrud
et pour leur faire entendre les demandes hongroises. Mais l'adversaire direct de Iancu, le commandant hongrois
Imre Hatvany
, tire avantage de l'
armistice
provisoire obtenu par Drago? pour attaquer les partisans de Iancu a Abrud. Il ne beneficie pourtant pas de l'effet de surprise, et Iancu et ses hommes se retirent, puis l'encerclent. A cause de cette attaque, Drago? est lynche par la foule d'
Abrud
, qui croit qu'il a sciemment fait partie de la ruse de Hatvany.
Hatvany reussit a capturer et tuer Buteanu. Il attaque frenetiquement les hommes de Iancu, mais sa position s'affaiblit jusqu'a la grande defaite du
22 mai
. Hatvany et la plupart des soldats de son groupe sont massacres par leurs adversaires, car Iancu a capture leurs canons, basculant l'avantage tactique pour les mois suivants. Kossuth est mecontent de la defaite de Hatvany (les collaborateurs de Hatvany sont tous limoges), surtout parce que celle-ci le place en position de faiblesse pour de futures negociations.
Le conflit se durcit : l'intervention des
Russes
precipite les choses en juin, particulierement depuis que les Polonais qui se battent avec les contingents revolutionnaires hongrois opposent une resistance forcenee aux armees du Tsar. Certains comme
Henryk Dembi?ski
militent cependant pour un arrangement entre Kossuth, Avram Iancu et les revolutionnaires emigres
valaques
(de Valachie) comme
Nicolae B?lcescu
,
Gheorghe Magheru
,
Alexandru G. Golescu
ou
Ion Ghica
, d'opinions proches d'Avram Iancu. Les revolutionnaires emigres
valaques
(de Valachie) desireraient infliger une defaite aux armees russes qui ont brise leur mouvement en septembre 1848.
B?lcescu
et Kossuth se rencontrent en mai
1849
, a
Debrecen
. Ce contact a ete celebre longtemps par les historiens et les politiciens marxistes hongrois et roumains, car la condamnation par
Karl Marx
de toute opposition a Kossuth, mettait Iancu dans une posture de
reactionnaire
: il fallait effacer cette "honte" en mettant l'accent sur la solidarite revolutionnaire entre Kossuth et B?lcescu. En realite, il semble que leur accord ne fut en aucune facon un pacte : Kossuth pensait simplement amener B?lcescu a l'idee que le depart des armees de Iancu pour la Valachie serait une bonne idee, pour aider la revolution a
Bucarest
. Bien qu'etant d'accord sur une mediation de paix entre Kossuth et Iancu, B?lcescu ne tenta pas d'amener avec lui en Valachie les combattants de Iancu. Ses documents personnels (commentes par Liviu Maior) montrent qu'il ne fut pas dupe de la demagogie du chef hongrois.
Avram Iancu continua donc a s'opposer au centralisme magyar de Kossuth, mais accepta le principe de la neutralite de ses forces dans le conflit entre la Russie et la Hongrie. Ainsi, il renforca sa position tandis que les armees hongroises sont battues par les russes en juillet a
Sighi?oara
, a la
bataille de Segesvar (1849)
(nom magyar de la localite, qui s'appelle aussi Schassburg en allemand). Les revolutionnaires hongrois capitulent le
13 aout
.
Lorsque les Autrichiens reprennent le controle de la Transylvanie, Avram Iancu est d'accord pour desarmer ses troupes et ecrit un rapport detaille au nouveau gouverneur de Transylvanie, le general
Ludwig von Wohlgemuth
(en 1850). Pour eviter la suspicion de separatisme roumain, le document ne mentionne pas ses contacts avec les revolutionnaires valaques. Les Autrichiens garantissent l'abolition du servage, et interdisent toutes les anciennes institutions feodales en Transylvanie. Une fois la revolution vaincue, le nationalisme hongrois tenta de faire accepter par les Habsbourg l'idee d'un
Compromis
associant Autrichiens et Hongrois dans le role de nations dominantes de l'empire. L'option alternative des Slaves et des Roumains, qui militaient pour une confederation de royaumes et de duches (Autriche et Hongrie, mais aussi Boheme, Galicie et Lodomerie, Bucovine, Transylvanie, Banat, Croatie et Slavonie, Dalmatie) suscita l'irritation des Hongrois, mais aussi des Habsbourg, qui craignaient que l'elan revolutionnaire (profitable a la monarchie sous Iancu) devienne une arme utilisable par le pan-slavisme (dont la
Serbie
et l'
Empire russe
etaient alors les vecteurs) ou par l'irredentisme "valaque".
Il est tres possible que Iancu n'ait pu apprehender ces changements, ce rapprochement des interets autrichiens et hongrois. Meme si la decision initiale de l'arreter en decembre 1849 fut rapidement annulee apres des manifestations locales, il fut censure toute sa vie, sa bibliotheque fut confisquee, et il fut place sous surveillance. Il fut meme arrete en 1852, quand on l'accusa du fait que sa presence seule enflammait les sentiments locaux. Il fut relache rapidement, et tenta a Vienne de defendre sa position devant l'empereur. La police l'en empecha, et cette humiliation publique provoqua une depression nerveuse dont il ne releva jamais. Il devint neurasthenique, parcourant la region des Apuseni a pied et buvant de plus en plus la "palinca" (eau-de-vie) chez les gens qui l'accueillaient.
Il demanda que son corps soit enterre sous l'arbre de
Horea
a
?ebea
(selon la tradition, le lieu de depart de la
revolution transylvaine de 1784
).
Sur les autres projets Wikimedia :
- Keith Hitchins
,
Romanii 1774-1866
, Bucarest, Humanitas, 1996
- Liviu Maior,
1848-1849. Romani ?i unguri in revolu?ie
, Bucarest, Editura Enciclopedic?, 1998
- Dragomir, Silviu (1968),
Avram Iancu
, edi?ia a II-a, Bucure?ti: Editura ?tiin?ific?
- Ion Ranca, Valeriu Ni?u,
Avram Iancu : documente ?i bibliografie
, Bucarest, Editura ?tiin?ific?, 1974
Notices dans des dictionnaires ou encyclopedies generalistes
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:
- ↑
Dudas, Florian (1993), Avram Iancu, l'eroe dei romeni , Oradea: casa editrice Lumina, pp.10.
- ↑
Ion Ranca, Valeriu Ni?u, Avram Iancu: documente ?i bibliografie, Bucharest, Editura ?tiin?ific?, 1974.