Le
bodhisattva
Avalokiteshvara
(
hindi
: ????????????, Avalokite?vara ≪ seigneur qui observe depuis le haut ≫,
chinois
: 觀世音, Gu?nshiy?n ou 觀音, Gu?ny?n (
Guanyin
),
shanghaien
: Kueu (sy) in,
coreen
: 觀世音, Gwanseeum,
japonais
: ?音, Kan'non ou Kanzeon,
tibetain
: Chenrezig,
vietnamien
: Quan Th? Am,
indonesien
: Kwan Im,
khmer
: ????????, Lokesvara), est sans doute le grand bodhisattva le plus venere et le plus populaire parmi les
bouddhistes
du
Grand vehicule
[
1
]
. Il est aussi utilise comme
yidam
(deite tutelaire) dans les meditations
tantriques
.
Bodhisattva proteiforme et syncretique (il peut representer tous les autres bodhisattvas), incarnant la
compassion
ultime, il peut etre feminin en
Chine
, en
Coree
, au
Japon
et au
Viet Nam
, sous forme de
Guan Yin
, toutefois sa forme japonaise,
Kannon
, a quelquefois des traits masculins
[
2
]
.
Il est considere comme le protecteur du
Tibet
ou le roi
Songtsen Gampo
et plus tard les
dalai-lamas
sont vus comme ses emanations. C'est aussi le cas d'autres
tulkou
comme le
karmapa
.
Aussi nomme Padmap??i ou
Ma?ipadm?
en sanskrit, il est invoque par le celebre
mantra
du mahayana,
Om? Ma?ipadme h?m
(
sanskrit
:
? ????????????
)
[
3
]
[ref. a confirmer]
.
Nom
chinois
|
Pinyin
|
Gu?n Y?n, Gu?n Shi Y?n
|
Wade-Giles
|
Kuan Yin, Kuan Shih Yin
|
Caracteres traditionnels
|
觀音, 觀世音
|
Caracteres simplifies
|
?音, ?世音
|
Cantonais
|
Kun Yum, Kun Yam, Kun Iam (
Macao
)
|
Nom
japonais
|
Kanji
|
?音, ?世音
|
Romaji
|
Kannon, Kanzeon
|
Nom
indonesien
|
Indonesien
|
Kwan Im, Dewi Kwan Im
|
Nom
coreen
|
Nouvelle
romanisation
|
Gwan-eum, Gwan-se-eum
|
McCune-Reischauer
|
Kwan-?m, Kwan-se-?m
|
Hangul
|
觀音, 觀世音
|
Hanja
|
觀音, 觀世音
|
Nom
vietnamien
|
Qu?c Ng?
|
Quan Am, Quan Th? Am B? Tat
|
Ch? Nom
|
觀音, 觀世音菩薩
|
Nom
sanskrit
|
IAST
|
Avalokite?vara
|
Devan?gar?
|
????????????
|
Nom
tibetain
|
Ecriture tibetaine
|
?????????????
|
Tibetain
|
Chenrezig
|
Wylie
|
spyan-ras-gzigs
|
Nom
mongol
|
Mongol
|
Megjid-Janraiseg
|
Le nom ≪ Avalokite?vara ≫ (????????????) signifie ≪
le Seigneur qui nous observe
≫
[
4
]
. Il est compose du prefixe
"ava"
(??) ≪
vers le bas
≫
[
5
]
+
"lokita"
, (participe passe du verbe
"lok"
(????)) ≪
voir, regarder (observer)
≫ + "
??vara
" (?????) ≪
Seigneur
≫ =
"≪ Ava-lokit
a-?
?vara ≫
qui devient ≪ Avalokit
e
?vara ≫ (car suivant la regle du
sandhi en sanskrit
(externe en l’occurrence), les voyelles ≪
a
+
?
=
e
≫ (? + ? = ?)
[
6
]
, lorsqu’elles sont respectivement lettres finale et initiale de deux mots qui se suivent).
Il semble toutefois que son nom le plus ancien fut
Avalokita-svara
[
7
]
≪ qui a observe le son (ou les mots) ≫, comme l’indique sa traduction la plus ancienne en chinois : kuiy?n ?音 et d’autres telles que Guanyin, ainsi qu’un manuscrit sanskrit du
V
e
siecle. La forme chinoise 觀世音 Gu?nshiy?n, par exemple utilisee par
Kumarajiva
dans sa traduction du
Sutra du Lotus
, et qui se traduirait en sanskrit par ≪ *Avalokita-loka-svara ≫, ≪ qui a observe le son du monde ≫, n’est confirmee par aucune source sanskrite ; une hypothese emise par
Lokesh Chandra
est que les traducteurs chinois ont voulu expliciter
loka
qui pouvait etre implicite dans
avalokita
en sanskrit
[
7
]
. Selon Chandra, le glissement de
svara
en
??vara
pourrait etre du a une influence
shivaite
[
7
]
. En 646, le celebre pelerin et traducteur
Xuanzang
expliqua que l’on devrait traduire par Gu?nzizai 觀自在 (zizai signifie ??vara), ce qui indique qu'Avalokite?vara etait la forme prevalent a son epoque
[
8
]
. Selon Seishi Karashima,
svara
signifiait en
gandhari
aussi
smara
, ≪ pensee ≫ et Avalokitasvara ≪ celui qui observe les pensees ≫ et ce sens de
svara
dans cette langue moyenne-indienne (un
prakrit
) fut oublie lors de la traduction ulterieure des textes en sanskrit
[
9
]
,
[
10
]
.
Dans son nom en tibetain, Chenrezig,
Chen
signifie l'œil,
re
le coin de l'œil et
zig
voir
[
11
]
.
Premieres representations d'Avalokite?vara
[
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|
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]
Les premieres representations d'Avalokiteshvara
[
12
]
datent d'apres Jesus Christ et suivent de pres les
premieres representations humaines de Bouddha
. Elle semblent apparaitre en
Inde
dans la seconde moitie du
II
e
siecle
, dans l'
art greco-bouddhique
du
Gandhara
et dans l'art
kusana
de
Mathura
[
13
]
. Dans le Gandhara sous domination
kouchan
il est pare et vetu comme un prince, le traitement du drape suit peu ou prou les motifs en vigueur dans le monde hellenistique, dont le Gandhara est l'ultime heritier, a ses confins. Au centre de la coiffure figure le
dhyani-buddha
Amit?bha
.
A la suite de sa penetration en
Chine
, Avalokite?vara a fait l'objet d'une feminisation de plus en plus frequente, devenue definitive sous les
Song
. C'est aussi principalement sous forme feminine qu'il s'est implante au
Japon
. Importante deite en Chine,
Guanyin
y a joint a sa nature de
bodhisattva
celle d'une deesse de la
religion populaire
, comptee par le
taoisme
au nombre des immortels. Elle est invoquee comme protectrice dans la vie quotidienne, particulierement en faveur des enfants et des marins, et comme liberatrice spirituelle des trepasses ou des ames egarees. Sur le continent chinois, son lieu de culte le plus renomme est
P?tuosh?n
普陀山 dans le
Zhejiang
. On lui attribue le
Dab?izhou
大悲?, ≪ incantation de la grande compassion ≫ (sanskrit:
Nilakantha Dharani
) , qui permet de liberer les ames en peine.
Avalokite?vara est egalement present dans le monde chinois sous sa forme
tibetaine
car le bouddhisme
tantrique
tibetain y a de nombreux adeptes.
Tchenrezi
(
spyan ras gzigs)
est le nom tibetain d'Avalokite?vara; bouddha pleinement eveille et corps de gloire d'Amitabha, il prend l'aspect du bodhisattva de la compassion ; le
dalai-lama
et le
karmapa
en sont consideres comme des emanations. Il est invoque de facon universelle par les bouddhistes tibetains, notamment par la recitation du
mantra
om mani padme hum
[
14
]
,
[
15
]
. Thukje Chenpo qui signifie ≪ grande compassion ≫ est un autre nom d'Avalokitesvara.
Il existe sous plusieurs aspects, a 2, 4 ou encore mille bras, un ou onze visages, seul ou en union avec une
paredre
, etc., selon les Tantras auquel il est associe. Differents aspects sont indiques par
Patrul Rinpotche
dans son
Tresor du cœur des etres eveilles
[
16
]
.
Selon Lama
Anagarika Govinda
, dans la mystique tibetaine,
≪ Avalokite?vara, le tout-compatissant, dont le mantra
OM MANI PADME HUM
constitue la plus haute expression de cette sagesse du cœur qui descend courageusement dans les profondeurs du monde et meme dans les abimes infernaux pour transmuer le poison de la mort en l'elixir de vie. Cependant Avalokite?vara prend lui-meme l'aspect de Yama, Dieu de la mort et Juge des morts, pour faire du fini le receptacle de l'infini, le transfigurer dans sa lumiere, le sanctifier et le liberer de la morte rigidite de l'isolement hors de la grande vie de l'esprit
[
17
]
. ≫
-
Avalokite?vara a onze tetes, Tibet,
XVI
e
siecle
Adaptes du bouddhisme vajrayana, apres les invasions mongoles du Tibet, a l'epoque de l'
Empire mongol
, puis de la
Dynastie Yuan
, au
XIII
e
siecle
, Avalokite?vara y est appele en
bouriate
Ariyaa baala
bouriate de Russie
:
Арьяа-Баала
).
Dans le monde chinois, et particulierement a
Taiwan
ou la pratique religieuse n'a pas subi d'entraves politiques, Guanyin est une des deites vers lesquelles on se tourne le plus souvent pour demander secours. En
1981
, sur l'ile de
Formose
, elle comptait 572 temples, un peu plus que la grande deesse taiwanaise
Mazu
.
Seule une partie de ces temples est exclusivement bouddhique (si 寺) ; la plupart appartiennent au grand reseau des temples de la
religion populaire
. Le mode de culte depend de l’administration du temple, prise en main tantot par des
bonzesses
, tantot par des laiques. Certains ne gardent de bouddhique qu'un espace a l’arriere du batiment reserve a la lecture des
soutras
, alors que dans la salle principale on pratique
divinations
, exorcismes, ou incineration de papier-monnaie ; les offrandes alimentaires y sont au moins en partie carnees ; la deesse, comme toutes les divinites chinoises, fait sa tournee d'inspection de la ≪ paroisse ≫ lors des fetes. Les statues de differents temples sont parfois liees entre elles par des relations hierarchiques ou de parente exprimant les relations sociales entre les communautes de fideles ou les administrateurs des temples.
Dans les temples bouddhiques, Guanyin a typiquement l'aspect d'un bodhisattva ≪ standard ≫ vetu d'un drape lache, en meditation les yeux mi-clos sur un lotus aux cotes des
bouddhas
, et son physique feminin est peu accentue. Dans les autres temples, son aspect feminin est evident ; elle porte parfois un costume de dame noble au lieu de la robe ample habituelle ; son visage peut etre pare de couleurs humaines (joues roses) ou semblable a celui des divinites populaires (noir par ex.) ; elle est souvent debout sur un lotus de dimensions reduites. Elle est accompagnee de personnages du bouddhisme populaire (
shancai
et
liangn?
善才良女, deux convertis exemplaires de chaque sexe, ou les dix-huit luohans -
arhat
), ainsi que du
dieu du sol
et de la deesse donneuse d’enfants, occupants habituels des temples populaires. Parfois elle partage son lieu de culte avec une autre divinite importante.
Dans presque tous les cas, elle est vetue de blanc et tient en main la bouteille contenant l’eau qui purifie, une branche de
saule
(plante
apotropaique
en
Chine
) ou un
s?tra
, a moins que sa main vide ne fasse un geste bouddhique de protection. Une autre caracteristique commune a presque tous ses lieux de culte est leur fonction de secours aux trepasses : on peut y trouver des
tablettes ancestrales
ou meme des cendres funeraires. Guanyin, que la tradition populaire fait regner avec
Amitabha
sur le
paradis
de la ≪
Terre pure
d’Occident ≫, joue un role important lors du
pudu
, ceremonie de liberation accompagnee d’un festin offert aux ames errantes lors de la
Fete des fantomes
.
En
coreen
, Avalokitesvara est connu sous differents noms :
Gwanseeum
(觀世音),
Gwaneum
(觀音), Gwangseeum (광세음), Gwanjajae (觀自在), Gwansejajae (關稅資材) etc.
Gwanjajae
est la traduction la plus proche du mot sanskrit
avalokite?vara
, mais
Gwanseeum
est l'appellation la plus celebre (provenant du chinois
Guanshiyin
[
19
]
) et accompagnee de
bosal (
菩薩
)
qui signifie
bodhisattva
[
20
]
.
Le nom se decompose en
Gwan
(voir, observer),
Se
(monde),
Eum
(sons).
Gwanseeum
(
Gwaneum
en abrege) veut donc dire ≪ [Celui qui] ecoute les sons du monde ≫. Aussi, lorsqu’on invoque son nom de tout son cœur, Gwanseeum-bosal est cense entendre ces prieres et delivrer de toutes les souffrances.
En Coree,
Gwanseeum
est le plus populaire de tous les grands bodhisattvas, et il represente surtout la
compassion
ultime pour tous les etres vivants. L'expression ≪ croyance en Gwaneum ≫
(
觀音信仰
)
exprime bien sa popularite.
Selon le
Sutra du lotus
si l’on garde bien son nom et qu'on l’appelle avec ferveur, on ne sera pas brule dans un grand feu, ni noye, ni tourmente par les mauvais esprits. Couteaux, batons, menottes, boulets, tous seront brises.
Gwanseeum
libere non seulement tous les cœurs des etres de l'angoisse et de la peur, mais il libere aussi des
trois poisons
que sont la convoitise, la colere et l’ignorance (a savoir l'ignorance de la
loi du bouddha
qui laisse les etres sans lumiere (coreen:無名
moumyeong)
.
Il est dit que grace a
Gwanseeum
, on aura un enfant, fils ou fille selon ce qu'on desire. Tous les etres peuvent donc atteindre la grande liberation
(
解脫
,
eveil
ou
nirvana
)
, s'ils gardent son nom tout le temps, lui rendent hommage et le prient de tout leur cœur.
Gwanseeum-bosal
tient en general une fleur de lotus en bouton dans la main gauche, et une vase rituel contenant une eau purifiante
(
coreen 甘露甁, 淨甁 淨甁
,
sanskrit
Kundika
[
22
]
)
dans la droite. Le lotus symbolise la
nature de bouddha
gardee en tout etre (
sattva
). Sous sa forme pleinement epanouie, il signifie la realisation de la bouddheite, tandis qu'a l'etat de bourgeon il figure l'epanouissement de cette nature du bouddha dans un futur libre de toute angoisse. Quant a l’eau du vase, elle purifie les etres, les soulage de toutes les maladies, douleurs et angoisses, et elle symbolise ainsi l'immortalite.
A la difference des autres bodhisattvas, au centre de la coiffure de Gwaneum, on trouve en general la representation du bouddha
Amitabha
.
Il sauve les etres qui se montrent perseverants, en prenant notamment corps sous trente-trois formes differentes.
En Coree, les six Gwaneum les plus connus sont:
- Seong-Gwaneum (coreen 聖觀音
,
sanskrit
Aryavalokitesvara
) : Avalokitesvara.
- Cheonsu-Gwaneum (coreen 千手觀音
,
sanskrit
Sahasra-bhuja Sahasra-netra
) : Avalokitesvara aux mille bras et mille yeux, qui voit tout et aide tous les etres. Represente souvent avec 42 bras tenant chacun un objet symbolique de 42 mantras
[
23
]
.
- Sibilmyeon-Gwaneum (coreen 十一面觀音, sanskrit
Ek?da?amukha
) : bodhisattva a onze visages qui permettent d'enseigner aux etres. On a un bouddha au centre, trois bouddhas genereux devant, trois en colere a gauche, trois sourires a droite, un grand rire derriere.
- Yeoeuiryun-Gwaneum (coreen 如意輪觀音
,
sanskrit
Cint?mani-cakra
): tient une perle magique (coreen 如意珠
Yeouiju, sanskrit
Chintamani
) qui realise un vœu et une roue de joyaux qui symbolise la mise en mouvement du
dharma
, et donc la predication.
- Madu-Gwaneum
(coreen 馬頭觀音
,
sanskrit
Hayagr?va
) : bodhisattva a tete de cheval en colere, destine a effrayer les mauvais esprits
- Junje-Gwaneum
(coreen 준제관음
,
sanskrit
Cundi'
) : la mere de tous les bouddhas, symbole de purete.
On ajoute souvent a cette liste un septieme bodhisattva, Bulgonggyeonsak-Gwaneum
(
coreen
불공견삭관음,
sanskrit
Amoghap??a
), qui a un filet de peche en main pour sauver les etres. De toute la serie, Seong-Gwaneum est la forme principale, et les autres sont ses emanations. Toutefois, Sibilmyeon-Gwaneum, Cheonsu-Gwaneum, ainsi que Yangryu-Gwaneum (coreen 楊柳觀音, avec une branche de saule en main, symbole de guerison et de realisation des vœux, apparaissent le plus frequemment dans l’histoire coreenne.
En Coree, la croyance en Cheonsu-Gwaneum se repand a partir du
viii
e
siecle environ, avec beaucoup d’histoires miraculeuses, comme celle de l’enfant aveugle qui a retrouve la vue grace a Gwanseeum-bosal. Apres l
’epoque
Goryeo
(高麗), cette croyance se generalise encore plus avec le soutra Cheonsu-gyeong (千手經) qui existe uniquement en Coree, ainsi que des mantras celebres comme le Mantra de la Grande compassion (coreen 신묘장구대다라니, sanskrit
Nilakhanta
Dharani
). Ce soutra s’utilise surtout lors des prieres, et cela dans la plupart des temples jusqu’a aujourd’hui.
Croyance en Gwaneum dans l’histoire de la Coree
[
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]
La croyance en Gwaneum en Coree apparait a l’epoque des
Trois Royaumes
, a la fin du
vi
e
siecle environ. Selon le sutra intitule
Histoires miraculeuses de Gwanseeum
de Yukgwa (六과, chinois 陸果), le moine Baljeong (發情, 發正) s’est rendu au temple populaire de Gwaneum en Chine, dans la region de Wolju (chinois 越州地方), entre 502 et 519.
En 583, un autre moine, Illa (日羅, 日羅)
,
est alle au Japon afin de parler de Gwanseeum-bosal au prince
Sh?toku
.
En 595, les Japonais ont charge un artisan coreen de faire une statue de Gwaneum. Gwaneum est la principale statue du temple Hyakusai-ji (coreen 百濟史 Baekje-sa, 百濟寺 ), et elle montre bien la croyance en ce bodhisattva qui a ete transmise au Japon et qui est devenue tres populaire a cette epoque.
Apres avoir produit mille statues de Gwaneum et fait la priere
, Sopanmulim
(un ministre de la reine Jindeok
[
24
]
) a un fils qui prendra le nom de
Jajang
et deviendra un grand moine en Coree. Jajang joue un role important pour faire de Silla un royaume bouddhiste.
Cependant celui qui a developpe la croyance en Gwaneum dans le pays, est un autre grand moine du nom de Uisang. Il se rend en Chine, et a son retour en Coree, il prie dans une grotte aupres de la mer de l’Est pour voir Gwanseeum-bosal. Apres sept jours, il lance son coussin de meditation dans la mer, apres quoi les
huit dieux,
par exemple le dragon du cie
l (
天龍
, Naga
en pali), lui donnent un chapelet en cristal et une perle magique qui realise un vœu (
如意珠 Yeouiju,
Chintamani
). Cependant, il ne voit pas Gwanseeum-bosal. Alors, il prie encore sept jours de plus, a la suite de quoi il voit enfin Gwaneum. Celui-ci lui dit de construire un temple en un lieu ou une paire de bambous (
c
oreen 쌍죽, chinois 雙竹) pousse. Uisang batit alors le temple Naksansa, l’un des trois lieux saints de Gwaneum, avec une statue du bodhisattva, et il y laisse le chapelet en cristal et la perle.
Le grand moine
Wonhyo
, qui voulait aussi voir Gwaneum, echoue parce que la mer etait tres agitee. Mais il voit enfin Gwanseeum-bosal, apres la priere au mont Geumsan au sud du pays. En 683, il batit un temple d'abord appele
Bogwang-sa
, avant qu'il ne prenne le nom de
Boriam
, qui est un autre des trois lieux saints de Gwaneum.
Au debut de l’epoque Goryeo, le moine Hoejeong (回程) rend celebre le temple
Bomun-sa
a Ganghwa, sur la cote Ouest, apres y avoir vu Gwanseeum-bosal.
En 1185, des que Yujaryang, un fonctionnaire de l'Etat, rend hommage a Gwaneum devant sa grotte a
Naksan-sa
, quand tout a coup un oiseau bleu surgit et laisse tomber une fleur. Aujourd’hui, on continue a dire que si l’on y prie avec passion, alors l’oiseau bleu
(
l’oiseau d’Avalokitesvara
,
關音調
)
apparait.
Dans le premier tiers du
xiii
e
siecle, l’epoque du roi
Chungsuk
, la publication par le moine Yowon du livre intitule
Beaophwa Yeongheom-jeon
(법화영험전, 法華靈驗傳) contenant une centaine d'histoires miraculeuses montre bien que la croyance en Gwaneum se repandait de plus en plus.
Avant de devenir le premier roi de la dynastie Joseon sous le nom de Taejo,
Yi Seonggye
pria Gwaneum durant cent jours dans le temple Bogwang-sa. Apres cela, Gwanseeum-bosal lui remet, au cours d'un reve, le Gumcheok (金尺), instrument d’or magique en forme de regle qui guerit un malade ou redonne la vie a un mort. A titre d'action de grace pour son accession au trone, Yi Seonggye rebaptise une montagne du nom de Geumsan
(
錦山,
Montagne d’or
), afin qu’elle reste telle quelle, meme apres dix millions d’annees.
En 1660, le temple du temple prend le nom de
Boriam (
보리암)
,
et il est eleve au statut de temple royal (원당 Wondang
)
. Aujourd’hui si l'on invoque Gwaneum de tout son cœur a cet endroit, on obtient la grande liberation, l’eveil.
On raconte encore de nombreuses histoires miraculeuses sur ce temple, comme celle des trois
religieuses bouddhistes
Myoryeon, Boryeon, Beopryeon qui joueront un role important lors d’une grande victoire au cours de l’invasion japonaise de 1592
(
Guerre Imjin
,
壬辰倭亂
)
, en aidant le general
Yi Sunsin
a batir un bateau couvert d'un toit, a l’origine des
bateaux tortue
(
Geobukseon
거북船).
La priere a
Cheonsu-Gwaneum
a dure jusqu'a la fin de la periode Joseon, et elle perdure aujourd'hui.
Les lieux saints de Gwaneum les plus celebres de la Coree sont les trois temples de Honglyeon-am (la grotte ou Uisang a vu Gwanseeum-bosal apres la priere) au temple Naksansa a
Yangyang
sur la cote Est, de
Boriam
a
Namhae
sur la cote Sud
[
25
]
, et de
Bomunsa
a
Ganghwa
sur la cote Ouest
[
26
]
.
A ces trois-la, on ajoute souvent Hyangilam a
Yeosu
. On trouve nombre d’autres lieux dans tout le pays qui ont aussi des histoires sur la realisation des vœux grace a Gwanseeum-bosal. On trouve en particulier une liste tres populaire de trente-trois lieux saints de Gwaneum.
On peut egalement relever que dans la plupart des temples coreens, on a construit des palais independants specialement pour Gwanseeum-bosal au nom de Wontong-jeon ou Gwaneum-jeon.
Au Japon on compte pas moins de
33 formes
de Kannon (Kanzeon, Kanjizai) qui ont donne lieu a un des pelerinages les plus celebres du Japon. La forme principale reprend la forme chinoise de Guanyin, dont il garde la graphie. Il est arrive avec le
bouddhisme chan
, apres etre passe par la Coree, dans la version japonaise du chan, le
zen
.
Parmi ces
33 formes
, six sont plus particulierement connues et correspondent aux 6 mondes du
K?maloka
:
- Sh? Kannon
(
聖?音
,
skt ?rya avalokite?vara
?
)
: forme principale avec un lotus dans une main ;
- J?ichimen Kannon
(
十一面?音
,
skt ekada?a mukha
?
)
: Avalokite?vara a onze tetes ;
- Senju Kannon
(
千手?音
,
skt Sahasrabhuja ?rya avalokite?vara
?
)
: Avalokite?vara aux mille bras ;
- Nyoirin Kannon
(
如意輪?音
,
skt Cint?ma?i cakra
?
)
: Avalokite?vara a la roue de joyau qui satisfait tous les desirs ;
- Juntei Kannon
(
准??音
,
skt Cund?
?
)
, ≪ la pure ≫ ou, pour le
tendai
, Fuk?kensaku Kannon
(
不空?索?音
,
skt
Amoghap??a
?
)
, Avalokite?vara au lacet, ≪ Celle qui peche les humains pour les emmener a l'eveil ≫ ;
- Bat? Kannon
(
馬頭?音
,
skt
Hayagr?va
?
)
represente avec une tete de cheval dans la coiffure, parfois consideree comme la forme irritee du bodhisattva Bikuchi (
skt
Bhrikuti
), ≪ Celle qui fronce les sourcils ≫.
Kannon est a l'origine du nom de la societe
Canon
.
Au Sri Lanka, Avalokite?vara est connu sous le nom de Natha-deva
[
28
]
.
Sa feminisation a tres probablement tout d'abord ete spontanee et populaire. Son image dans l'iconographie et la statuaire
hindoue
─ visage imberbe aux traits fins, chignon boucle, embryon de poitrine, silhouette gracieuse, parfois boucles d'oreille et collier ─ tres eloignee des representations masculines chinoises, associee a sa nature compatissante, ont du decider assez vite de son changement de sexe aupres du fidele ordinaire. On peut cependant en trouver une justification canonique dans le
Sutra de K?ra??avy?ha
(en)
et le
S?tra du Lotus
, qui mentionne
[
29
]
la capacite du
bodhisattva
a prendre des aspects multiples ainsi que sa fonction de donneur d'enfant.
Comme toutes les divinites
chinoises
elle a recu une biographie terrestre, qui existe en quelques versions differentes, la plus repandue etant celle qui fait d’elle une princesse, elle-meme
reincarnation
d’Avalokite?vara. La deesse
Mazu
, qui joue comme elle un role de protectrice, est parfois consideree comme un de ses avatars.
La princesse Miaoshan 妙善
etait la fille d’un roi de
Sumatra
qui avait choisi de devenir nonne plutot que d’epouser le riche parti choisi par son pere. Celui-ci avait ordonne aux moines de la faire travailler jour et nuit afin de la decourager, mais les animaux des alentours vinrent a son secours et elle fut toujours en mesure d’accomplir la tache demandee, quelle que soit son importance. Exaspere, son pere decida de mettre le feu au
monastere
. Miaoshan eteignit alors l’incendie de ses mains sans souffrir la moindre brulure. Son pere la fit finalement mettre a mort. Alors qu’elle se dirigeait vers le
paradis
, elle baissa la tete et vit la souffrance du monde. Elle decida alors d’y rester pour sauver les ames en detresse.
Une variante de l’histoire offre une explication a l’existence de la ≪ Guanyin aux mille mains et aux mille yeux ≫ (Qi?nsh?u qi?ny?n Gu?ny?n 千手千眼觀音) dont le culte, lance par l’installation au temple de Xi?ngsh?n 香山 d’une effigie tantrique, date des
Tang
.
Son pere etant tombe malade, la princesse Miaoshan sacrifia ses bras et ses yeux pour demander sa guerison. Aussitot apres son
sacrifice
, elle apparut brievement dotee de mille bras et mille yeux avant de retrouver son corps intact.
Le mantra du bodhisattva Avalokite?vara (ch. Gu?ny?n pusa lingg?n zh?nyan 觀音菩薩靈感?言) est :
- Om ma?i padme hum.
- Mah?jn?na cittotp?da,
- cittasya na-vitarka,
- sarv?rtha bh?ri siddhaka,
- na-pur??a na-pratyutpanna.
- Namo Loke?var?ya sv?h?.
Le mantra de six syllabes du bodhisattva Avalokite?vara est le mantra le plus connu et le plus recite:
Om Ma?i Padme hum
.
A
Taiwan
Guanyin est parfois simplement nommee
foz?
佛祖, ≪ bouddha-ancetre ≫, appellation honorifique pour toute divinite issue du bouddhisme.
Fozu
sans autre precision designe le plus souvent Guanyin, la plus populaire des deites bouddhiques.
Le tableau ci-contre recapitule les formes que prend son nom dans les divers pays
asiatiques
ou elle est presente. (Quel tableau? Lien?)
L’image de Guanyin offre une certaine ressemblance avec celle de la
Vierge Marie
; ce fait est parfois exploite dans un but de syncretisme ou d'œcumenisme (par ex. par l’
ONG
humanitaire
taiwanaise
Chuzi
, ou les bouddhistes des
Philippines
). Au
Japon
sous les
Tokugawa
, des
chretiens
se sont mis a adorer des statues mariales a l’aspect de Kannon (Maria Kannon) pour echapper aux persecutions. Ces statues portent la marque d’une
croix
a un endroit peu visible.
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