Les
attentats de Beyrouth du
sont deux
attentats-suicides
quasi simultanes qui frappent les contingents americain et francais de la
Force multinationale de securite
de
Beyrouth
durant la
guerre du Liban
. Les deux attentats sont revendiques par le Mouvement de la revolution islamique libre puis par l'
Organisation du Jihad islamique
[
2
]
. Le premier attentat tue 241 soldats americains, le second 58 parachutistes francais ainsi que 6 Libanais. Le deroulement et les responsabilites precises des attentats sont encore inconnues.
En septembre
1982
, dans un
Liban
dechire par la
guerre civile
, se met en place une
force de maintien de la paix
denommee
Force multinationale de securite a Beyrouth
, sans le soutien de l'ONU. Celle-ci comprend des unites militaires
francaises
(2 000 soldats),
americaines
(1 600 soldats, 2 porte-avions),
italiennes
(1 400 soldats) et
britanniques
(100 soldats). Le contingent francais, parti le
de
Toulouse
, compte 1 650 soldats, avant d'etre renforce pour atteindre 2 000 soldats (engages ou
appeles volontaires service long
).
La force multinationale de securite avait deja ete attaquee a plusieurs reprises avant les deux attentats simultanes du
. Ces attaques, individuelles ou concertees, avaient coute la vie a dix-huit soldats francais, huit
Marines
americains et un soldat italien.
La force francaise est composee de cadres aguerris et d'appeles volontaires du
1
er
regiment de chasseurs parachutistes
. Ils ont installe un de leurs cantonnements dans l'immeuble Drakkar de huit etages
[
4
]
situe dans le quartier de Ramlet El Baida, qu'ils ont baptise ≪ poste Drakkar ≫ aux
coordonnees geographiques
suivantes
33° 52′ 10″ N, 35° 29′ 17″ E
(les differents postes francais sont appeles Caravelle, Kayak, Sampan, Boutre, Gondole, etc.).
Le samedi
, l'alerte est donnee et la possibilite d'une attaque du batiment Drakkar est prise en compte. Les ≪ paras ≫ dorment en tenue de combat, a portee de leur arme.
Peu avant
6
h
, l'adjudant de compagnie inspecte les abords tandis que l'equipage d'une jeep part chercher les croissants du dimanche.
A environ
6
h
18
UTC+2
, un attentat au
camion piege
touche le contingent americain du
1
er
bataillon du
8
e
regiment des Marines
rattache a la
24
e
Marine Amphibious Unit
(MAU) basee a l'
aeroport international de Beyrouth
. Il cause la mort de 241 personnes dont 220
Marines
, 18 marins de la
marine americaine
, 3 soldats de l'
armee de terre
et en blesse une centaine d'autres.
Les paras de la
3
e
compagnie bondissent a leur poste de combat. L'immeuble Drakkar se met a trembler, puis souffle par une explosion, le batiment se souleve et retombe sur le cote dans un effet domino. Environ deux minutes plus tard, cinquante-huit parachutistes francais de la force multinationale, soit 55 parachutistes de la
3
e
compagnie du
1
er
RCP
et 3 parachutistes du
9
e
RCP
, trouvent la mort dans un attentat similaire : l'attentat du Drakkar entraine la destruction de l'immeuble qu'ils occupent comme quartier general
[
5
]
(surnomme ≪ poste Drakkar ≫, anciennement occupe par les services secrets syriens
[
6
]
,
[
7
]
). Quinze autres sont blesses
[
8
]
. Vingt-six militaires sont indemnes
[
4
]
.
Si le deroulement de l'attentat contre le batiment des marines americains est bien etabli (camion
Mercedes-Benz
jaune rempli de six tonnes de
TNT
), du cote francais, deux theses s'affrontent. La version gouvernementale evoque un camion piege dont aucune trace n'a ete retrouvee, tandis que l'analyse des photos des decombres permet a des specialistes d'etablir la presence d'explosifs sous le batiment. Cette approche est corroboree par les rescapes, lesquels se souviennent de l'impossibilite d'acceder au sous-sol du Drakkar en vehicule. De plus, les parachutistes de garde ce jour-la n'ont pas vu de
vehicule suicide
.
Selon les autorites politiques en responsabilite a l'epoque, l'attaque aurait ete realisee a l'aide d'un
pick-up
charge de 250
kg
de TNT dont le conducteur se serait fait exploser sur la rampe d'acces au sous-sol du batiment ; le vehicule se serait souleve dans les airs avant de retomber a sept metres de distance
[
9
]
. Tous les rescapes confirment que la destruction du poste Drakkar n'est pas due a l'explosion du vehicule piege, aucun debris n'ayant ete retrouve
[
10
]
. Effectivement, l'immeuble qui auparavant etait occupe par les services secrets syriens, aurait pu etre mine ; une hypothese
a priori
infirmee par l'enquete
[
11
]
. Il faut savoir que les sous-sols de Beyrouth, comme beaucoup de lieux de conflits, disposaient a l'epoque de nombreux souterrains. Ainsi les explosifs auraient pu etre installes quelques heures avant l'attentat.
Une semaine apres l'attentat, les familles sont invitees aux obseques nationales aux Invalides. Dans l'attente, les cercueils scelles a Beyrouth sont convoyes a
Evreux
et confies a la garde de BA 105.
Nationalite
|
Morts
|
Etats-Unis
|
241
|
France
|
58
|
Liban
|
6
|
La France et les Etats-Unis accusent le
Hezbollah
et l'
Iran
, qui dementent les accusations
[
3
]
.
Le president
Francois Mitterrand
se rend sur place le lendemain pour apporter son soutien au contingent francais. Un grand hommage dans la
cour d'honneur des Invalides
a lieu en presence de la classe politique le
[
12
]
.
En represailles, le
service Action
de la
DGSE
, dirige par le colonel Jean-Claude Lorblanches, organise une
operation ≪ homo ≫
, dans la nuit du 6 au
, a l'aide d'une Jeep bourree de 600 kilos d'explosifs devant exploser devant le mur d'enceinte de l'ambassade d'Iran de Beyrouth. L'operation, au nom de code ≪ operation Sante ≫, ne se deroula pas comme prevu, a cause d'un probleme technique, lie probablement aux retardateurs de la bombe, la Jeep n'explosa pas
[
13
]
. La seconde riposte est l'
operation Brochet
le
: huit
Super-Etendard
de la
Marine nationale
decollant du
porte-avions
Clemenceau
effectuent un raid sur la caserne Cheikh Abdallah, une position des
Gardiens de la Revolution islamique
et du
Hezbollah
dans la
plaine de la Bekaa
[
14
]
. Ils larguent, selon les sources ouvertes, une trentaine de bombes qui tuent une dizaine de miliciens chiites et une douzaine de soldats iraniens
[
15
]
, mais la caserne a ete desertee par la majorite de ses occupants, prevenus du raid par une fuite d'un diplomate francais proche du ministre des Affaires etrangeres
Claude Cheysson
, oppose a toute riposte militaire
[
16
]
.
Le
, la CIA organise un attentat a la voiture piegee en represailles a l'attaque contre les troupes americaines. L'attentat devait principalement tuer
Mohammad Hussein Fadlallah
, un representant religieux influent aupres de la population
chiite
libanaise, qui bien que non lie a ces evenements et oppose aux attaques suicides etait proche du Hezbollah. Celui-ci echappe a l'attentat, mais la puissance de l'explosion tue 80 personnes et en blesse plus de 200 autres parmi les habitants du quartier
[
17
]
.
Imad Moughniyah
, considere comme le responsable des attaques, fut tue dans un attentat a la bombe le
[
18
]
, meme si le lien entre ces evenements n'a pas ete etabli.
Aujourd'hui encore, le souvenir de cet attentat demeure vivace et constitue un traumatisme pour l'armee francaise
[
19
]
: de telles pertes subies lors d'une seule attaque
n'ont pas ete atteintes depuis
et l'attentat du Drakkar sert souvent de reference, comme cela a ete le cas avec l'
embuscade de Surobi
de 2008 ou 10 militaires francais furent tues
[
20
]
ou avec la
collision de deux helicopteres
de l'Armee de terre au Mali le
qui tua 13 soldats francais
[
21
]
.
L'attentat du Drakkar aurait ete un acte de represailles de l'
Iran
au pret a l'Irak par la France d'avions de combat
Super-Etendard
equipes de missiles
Exocet
et accompagnes de pilotes instructeurs francais. A l'origine secrete, l'
operation Sugar
aurait ete rendue publique par une indiscretion gouvernementale, ce qui aurait conduit l'Iran a se considerer en guerre avec la France
[
22
]
. Selon le general
Francois Cann
, qui commandait la
Force multinationale de securite a Beyrouth (FMSB)
a l'epoque, une autre raison aurait ete l'interruption unilaterale par la France du contrat Eurodif signe avec le
Shah d'Iran
et gele au moment de l'arrivee au pouvoir de l'
ayatollah Khomeini
[
23
]
.
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Ceux du Liban
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Sur les autres projets Wikimedia :
- Frederic Pons
,
Les Paras sacrifies, Beyrouth, 1983-1984
,
Presses de la Cite
, 1994
- Philippe
Fortabat Labatut
,
Capitaine Thomas : mort a Beyrouth le 23 octobre 1983 : du Prytanee a Saint-Cyr, de la Blanchard a la Danjour, la formation d'un officier francais
, Prechacq-les-Bains, CYL editions,
, 192
p.
(
ISBN
979-10-95473-02-2
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BNF
44474753
)
- L'attentat du Drakkar
, film documentaire d'Amal Mogaizel, France, 2010, 55 min.