Les
articles organiques
sont un ensemble d'articles de la loi du
18
germinal
an
X
(
), dite du Concordat, qui organisent l'exercice des cultes catholique et protestants en
France
. Le
traite du concordat de 1801
, signe le 26 messidor an IX entre le pape
Pie VII
et
Napoleon Bonaparte
, alors
Premier consul
, est un traite international de 17 articles qui ne concerne que les rapports entre la France et l’
Eglise catholique
. Il est inscrit dans la loi augmente de ces articles organiques, 77 concernant le culte catholique et 44 le culte protestant.
Promulgues unilateralement le 8 avril 1802 par le gouvernement francais, ces articles supplementaires ne seront jamais acceptes par le
Saint-Siege
. Pour les
protestants francais
, ces articles reconnaissent leur culte et constituent des
Eglises consistoriales
de 6 000 personnes. Toutefois,
lutheriens
et
reformees
restent separes et il n'existe pas de structure nationale a la tete de l’Eglise reformee. Ces deux Eglises feront partie des membres fondateurs de la
Federation protestante de France
en 1905
[
1
]
.
Articles organiques relatif au culte catholique
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]
Les articles organiques dessinent une Eglise uniformisee dont la
liturgie
et le
catechisme
, uniques pour tout le pays, prevoient de prier pour le Gouvernement de la Republique et pour les Consuls (article 51).
Le texte inspire une Eglise nouvellement hierarchisee : les
vicaires
et desservants sont soumis a la surveillance des cures ; les cures sont soumis a celle de l’eveque et, surtout, controlee par le pouvoir civil : le gouvernement decide seul de la creation de nouvelles paroisses, de l’erection de chapelles domestiques et d’oratoires particuliers, de l’etablissement des fetes religieuses, de l’organisation des seminaires, du nombre des ordinations, de la publication des textes pontificaux, de la convocation des conciles nationaux ou des
synodes
diocesains.
Fortement gallicane egalement est l'uniformisation du costume ecclesiastique a la francaise, non a l'italienne
[
2
]
.
Surtout, l’Etat, au nom de l’utilite sociale de la religion dont il se fait le garant, s’immisce dans la doctrine catholique dans un sens
gallican
(c’est-a-dire favorable a l’Eglise de France).
Ainsi, un ecclesiastique peut etre poursuivi devant le
Conseil d'Etat
pour atteinte aux ≪ libertes, franchises et coutumes de l’Eglise gallicane ≫ (article 6).
L’enseignement dans les seminaires diocesains devra etre conforme a la
declaration des Quatre articles de 1682
et les pretres qui y enseignent devront y avoir souscrit au prealable (article 24).
Les articles organiques fixent la delimitation des 50 dioceses et des 10 archidioceses (Paris, Malines, Besancon, Lyon, Aix, Toulouse, Bordeaux, Bourges, Tours, Rouen), ainsi que les differents traitements (15 000 francs pour les archeveques, 10 000 francs pour les eveques, 1 500 ou 1 000 francs pour les cures).
Les edifices cultuels (cathedrales, eglises...) sont ≪ mis a la disposition ≫ des eveques (article 75), et les communes doivent procurer au pretre de la paroisse un presbytere
≪ avec jardin ≫
(article 72).
La gestion materielle de la paroisse sera assuree par un
conseil de fabrique
, qui compte de droit le cure et le maire de la commune (article 76).
Les articles organiques prevoient la creation d’une
cure
par ressort de justice de paix (qui correspond approximativement au canton), et autant de succursales ≪ que le besoin pourra l’exiger ≫ (article 60).
Les cures, distribues en deux classes, beneficient de l’inamovibilite, tandis que les desservants sont revocables a tout moment par l’eveque (article 63).
Les
vicaires
secondent cures et desservants dans les paroisses les plus importantes.
Le clerge concordataire est ainsi constitue d’une ≪ aristocratie ≫, celle des cures appeles plus tard doyens, et la ≪ plebe ≫ des succursalistes soumis a ce que Lamennais appellera plus tard le ≪ despotisme episcopal ≫.
Le
mariage civil
devra obligatoirement preceder le mariage religieux (article 54).
Articles organiques des cultes protestants
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]
Les articles organiques des cultes protestants, prepares par le conseiller d'Etat
Portalis
et le Premier consul
Bonaparte
, organisent et donnent un statut public aux deux Eglises protestantes, l'
Eglise de la Confession d'Augsbourg
et l'
Eglise reformee
, le gouvernement ayant en effet rapidement renonce a la formule d'une Eglise unie
[
1
]
,
[
3
]
. Seule la premiere dispose d'organes centraux au niveau national, la seconde etant composee d'
eglises consistoriales
quasi-autonomes, regroupant chacune environ 6 000 fideles. Le protestantisme francais restera divise jusqu'a la creation en 1905 de la
Federation protestante de France
.
Des postes de pasteurs, payes par l'Etat, sont prevus dans les consistoires des deux Eglises. A tous les niveaux des deux Eglises, les assemblees et conseils sont composes de pasteurs et de laics, ces derniers etant majoritaires dans les instances lutheriennes et a egalite avec les pasteurs dans les instances reformees.
Un consistoire general et un directoire installes a
Strasbourg
sont charges d'administrer l'Eglise de la Confession d'Augsbourg. Celle-ci est organisee en huit
inspections ecclesiastiques
, regroupant quarante consistoires, a raison d'environ cinq consistoires par inspection. Des postes d'
inspecteurs ecclesiastiques
sont prevus dans les inspections de l'Eglise de la Confession d'Augsbourg, charges d'un ministere de type episcopal. Une academie pour la formation des pasteurs est prevue a Strasbourg. Elle deviendra la
faculte de theologie protestante de Strasbourg
.
L'Eglise reformee ne disposait pas d'organes centraux et etait organisee en consistoires, regroupes dans des consistoires regionaux depourvus de reels pouvoirs. La faculte de theologie de l'
universite de Geneve
devient l'academie de reference des reformee.
Geneve
est alors le chef-lieu du
departement du Leman
, un
territoire francais
. En 1808 est creee la
faculte de theologie protestante de Montauban
.
Cette loi fut d'abord favorablement accueillie, car elle restituait un statut juridique aux Eglises protestantes qui en etaient depourvues depuis la Revolution en ce qui concerne l'Alsace et depuis la
revocation de l'Edit de Nantes
en 1685 pour le reste de la France. Mais des critiques fondamentales furent tres tot formulees : tutelle excessive de l'Etat ; poids des notables aux divers niveaux de l'Eglise; faiblesse des organes centraux (Eglise de la Confession d'Augsbourg) ou absence de tels organes (Eglise reformee ); disparition sur le plan juridique de la paroisse, cellule de base de toute Eglise de la
Reforme
; nominations des pasteurs sans concertation avec les communautes de fideles.
Jusqu'a la
separation des Eglises et de l'Etat
en 1905 et jusqu'a nos jours
en Alsace et en Moselle
, l'histoire du statut legal des cultes protestants s'identifiera avec un effort permanent en vue d'une transformation du regime plus ou moins impose en 1802. Un premier succes fut obtenu avec le decret du 26 mars 1852, qui accorda la personnalite morale aux paroisses et instaura le
suffrage universel
masculin.
Les Articles organiques des cultes protestants de 1802 et le decret du 26 mars 1852, plusieurs fois modifie depuis lors (decrets du 17 juillet 1987, du 24 mars 1992, du 10 janvier 2001 et du 18 avril 2006), constituaient les fondements juridiques du statut des deux Eglises protestantes reconnues.
Avec les articles organique de 1802, qui concernent les cultes catholique et protestants, puis la creation en 1808 du
Consistoire central israelite de France
, l’Etat francais inscrit le principe de la
liberte religieuse
, grand principe de la
Revolution francaise
, dans le cadre d'un systeme de culte reconnus et encadres.
Le Concordat et les Articles organiques resteront en fonction jusqu'a la loi de
Separation des Eglises et de l'Etat en 1905
, excepte dans les trois ≪ departements concordataires ≫ que sont le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle ou, pour des raisons historiques liees au rattachement de l'Alsace-Lorraine a l'Empire allemand en 1871, ces textes sont toujours en vigueur. Le
Conseil constitutionnel
, repondant a une
question prioritaire de constitutionnalite
(QPC) par sa decision du 21 fevrier 2013, a estime que le regime local des cultes d'Alsace et de Moselle, fonde sur le concordat de 1801 et les Articles organiques de 1802, n'etait pas conforme au principe de
laicite
inscrit dans l'article
1
er
de la
constitution de 1958
, mais qu'il avait ete maintenu a titre d'exception par les constituants de 1946 et 1958
[
3
]
.
- ↑
a
et
b
≪
Le Concordat
≫, sur
Musee virtuel du protestantisme
(consulte le
)
- ↑
Demier,
La France du
XIX
e
siecle, 1814-1914
, Paris, ed. du Seuil,
, 602
p.
(
ISBN
978-2-7578-4000-9
)
,
p.
23
- ↑
a
et
b
Source de la section :
Jean Volff
,
La legislation des cultes protestants en Alsace et en Moselle
, Oberlin, Strasbourg, 1993.
- Bernard Ardura,
Le concordat entre Pie VII et Bonaparte
, Cerf, Paris, 2001, 146 p.
(
ISBN
2-204-06698-2
)
.
- Jean Volff
,
La legislation des cultes protestants en Alsace et en Moselle
, Oberlin, Strasbourg, 1993, 362 p.
(
ISBN
2-85369-131-4
)
.
- Jean Volff,
Dictionnaire juridique et pratique des Eglises protestantes d'Alsace et de Lorraine
, Olivetan, Lyon, 2016, 343 p.
- Patrick Cabanel
,
Histoire des Protestants en France (
XVI
e
???
XXI
e
siecle),
Fayard, Paris, 2012