Ar Falz
(≪ la faucille ≫) est une organisation bretonne progressiste et laique, creee pour developper et favoriser l'
enseignement du breton
. C'est egalement le nom de la revue publiee par cette association.
L'association est creee en janvier
1933
par
Yann Sohier
, seduit par l'exemple de l'URSS qui reconnait a ses peuples le droit de pratiquer leur langue. La revue du meme nom est le ≪ bulletin mensuel des instituteurs laiques partisans de l'enseignement du breton ≫. La gerante en est
Fant Rozec
(Meavenn). Ar Falz est soutenu par
Marcel Cachin
.
Yann Kerlann
est l'un des principaux collaborateurs de la revue des ses debuts, en particulier pour les articles d'histoire et de mathematiques en breton, et sera choisi comme successeur de
Yann Sohier
, a la mort de ce dernier en
1935
.
Ar Falz
milite pour l'enseignement du
breton
, considere par l'administration francaise comme la ≪ langue des ploucs et des poules ≫. Son programme est resume dans son premier bulletin de liaison
[
1
]
:
- Revendication de l'enseignement du breton comme ≪ langue vehiculaire de l'enseignement ≫.
- Rejet de la methode dite ≪ du francais par le breton ≫ : methode preconisee par les regionalistes et par le clerge, pedagogiquement impraticable a l'ecole primaire, vu les differences extremes entre le genie des deux langues.
- Rejet d'un systeme bilingue donnant la priorite au francais, systeme qui n'aurait pour resultat que d'isoler le peuple breton dans une langue de culture reduite.
En 1945, Ar Falz propose de reprendre aux laiques de Bretagne la petition interrompue par la guerre, en faveur de l'enseignement de la langue bretonne. En particulier, la campagne
≪ Ar brezhoneg er skol ≫
(≪ le breton a l'ecole ≫) est soutenue par un tres grand nombre de communes bretonnes. Mais comme bien d'autres initiatives (telles la grande petition populaire d'Emgleo Breiz qui rassemble plusieurs centaines de milliers de signatures en
1967
, cette initiative ne rencontre que le mepris et l'indifference de la part des pouvoirs publics francais.
Le mouvement est mis en sommeil durant la
Seconde Guerre mondiale
.
Une fois celle-ci finie, l'association est relancee par les militants issus de la
resistance
, tels
Armand Keravel
et
Rene-Yves Creston
avec le soutien de
Marcel Cachin
du
PCF
. Pendant un temps, son president est
Pierre-Jakez Helias
.
En
1950
, Ar Falz participe a la creation de
Kendalc'h
, une confederation de cercles celtiques, et est membre de l'association
Emgleo Breiz
.
Alors que les annees 1950 voient la revolution agricole transformer la societe basse-bretonne, qui passe d'une paysannerie bretonnante a une societe d'agriculteurs francophones, les annees 1960 et 1970 voient la culture bretonne perdre le discredit accole a l'image d'une culture paysanne grace a l'action de
Glenmor
,
Gilles Servat
,
Alan Stivell
et bien d'autres.
Ar Falz cree alors
Skol Vreizh
(≪ l'ecole bretonne ≫) afin de creer et publier du materiel pedagogique. De supplement d'Ar Falz, Skol Vreizh devient une revue trimestrielle autonome. Skol Vreizh se structure ensuite en maison d'edition associee a Ar Falz ; elle edite notamment une serie de livres dans la collection
Histoire de la Bretagne et des Pays Celtiques
, mais aussi des ouvrages de reference en linguistique, tels que les dictionnaires et grammaire de
Francis Favereau
.
En 1967, Ar Falz participe a la creation de
War 'l leur
(≪
war al leur
≫ : ≪ sur l'aire ≫ -- initialement aire a battre, devenue aire a danser), l'une des deux confederations de
cercles celtiques
avec
Kendalc'h
.
En 1969, Ar Falz cree avec l'
Union democratique bretonne
(UDB) et la Jeunesse etudiante bretonne (JEB) le mouvement
Galv
, comite d'action progressiste pour la langue bretonne.
Sous la presidence de
Paolig Combot
, l'association
Ar Falz
et la maison d'edition
Skol Vreizh
s'installent en 2002 dans de nouveaux locaux au centre-ville de
Morlaix
, dans l'ancienne
manufacture de tabac
rehabilitee.
- ↑
Herve Abalain,
Histoire de la langue ; bretonne
, ed° 1995,
p.
61-62
- Herve Abalain
,
Histoire de la langue bretonne
, editions Jean-Paul Gisserot, 1995. Chapitre 3, ≪ Mouvement culturel breton ≫,
p.
61-62
.