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Amda-Syon
I
er
roi d’Ethiopie sous le nom de
Gabra
Masqal
I
er
de (
1314
-
1344
). Il est le fils du prince
Ouedem-Arad
.
Les premiers temps du regne d’Amda-Syon sont marques par des difficultes avec les communautes monastiques qui reprochent au roi d’avoir pris les epouses de son pere
Ouedem-Arad
, selon une tradition en usage. Amda-Syon doit faire mine de se soumettre aux excommunications lancees contre lui par Abba Honorios, mais prend plus tard pretexte d’une accusation d’heresie pour faire fouetter ce religieux sur la place publique et bannir temporairement les moines du
Debra-Libanos
de
Choa
. Mais il manifestera vite le zele de ses predecesseurs en matiere de fondations pieuses. Les couvents de Kevraan et de Galila-Zakarias s’etablissent dans les iles du
lac Tana
. Abba Samuel institue des ermitages dans la vallee du Takazze, au Ouoldebba. Le couvent de
Debra-Damo
s’impose comme le plus grand centre d’etude monastique apres la disgrace du couvent de Ham, en 1320.
En 1320, Amda-Syon, dont l’epouse est suzeraine de
Bihat
, reprime la revolte de Yabika-Egzi dans le
Tigre
, aidee par le monastere de Debra-Libanos de Ham.
Les sultans
mamelouks
d’Egypte ont recommence la persecution des
coptes
, dont ils detruisent les eglises. Le roi d’Ethiopie riposte en les sommant de restaurer les eglises ruinees, sinon il menace de detourner le cours du
Nil
et d’exercer des represailles sur les musulmans passant dans son royaume (
1325
). Son ambassade revient du
Caire
sans avoir rien obtenu, et le sultan d’
Ifat
Haqq-ed-Din attaque les territoires chretiens, brule les eglises et contraint les fideles a apostasier. Un envoye du roi est massacre. Amda-Syon reagit, et en
1328
, il conquiert l’Ifat et le
Fatajar
. Il les met sous l’autorite d’un frere du sultan vaincu, Sabr-ed-Din, mais ce dernier s’allie contre lui avec le
Hadiya
, le
Daouaro
et les
Agao
judaises du Nord du lac Tana. Amda-Syon devance les coalises, ravage Hadya, Fatajar et Daouaro et etablit sur l’ensemble un autre frere des sultans vaincus, Gamal ed-Din (1335). Il devra abattre deux autres coalitions avant de se resoudre a detruire la capitale de l’Ifat, avec ses mosquees.
Amda-Syon inaugure le fait d’enfermer tous les princes de sang dans ≪ la montagne des Rois ≫, un monastere d’acces difficile ou ils se consacrent aux etudes religieuses, litteraires et musicales. Ils n’ont pas le droit de communiquer avec l’exterieur, ce qui evite les complots et les factions. Quand un negus meurt, son successeur est choisi parmi eux.
L’Ethiopie est alors une mosaique de fiefs (un auteur musulman,
Maqrizi
, parle de quatre-vingt-dix-neuf rois soumis a l’Empereur) et n’a pas, sauf la ville sainte d’
Aksoum
et la residence royale de
Tegoulet
, de centre politique precis. Mais les institutions et la religion se developpent. Sous Amda-Syon sont rediges les premiers elements du
Serata-Mangest
,
l’Ordonnance du royaume
, definissant les charges de la Cour et de la hierarchie, et l’on compose les premiers chants populaires en l’honneur du roi, signe de son prestige. Les lettres revisent les traductions bibliques de l’age axoumite, et plusieurs manuscrits sur parchemin, decores de miniatures, nous sont parvenus (
l’Evangeliaire
de Debra-Maryam dans le Tigre, celui donne par le roi Saifa-Arad au couvent de Cousquam d’Egypte, un autre provenant du
lac Haik
contenant un acte date de 1350…)
L'echo des victoires remportees par le roi Amda
Seyon
I
er
dans la decennie 1330 sur ses voisins musulmans gagne l'occident ou
Ludovic Arioste
y fait allusion dans son
Roland Furieux
. Il deforme le nom d'Amda Seyon en Senapo et pretend que le sultan d'Egypte serait son vassal et lui payerait un tribut
[
1
]
.
Son fils
Saifa-Arad
lui succede.
- ↑
(it)
Ludovico Ariosto,
L'Orlando Furioso
, Einaudi
(
lire en ligne
)
,
chap.
33,
p.
1160
≪ 106 Si dice che ’l soldan, re de l’Egitto, a quel re da tributo e sta suggetto, perch’e in poter di lui dal camin dritto levare il Nilo, e dargli altro ricetto, e per questo lasciar subito afflitto di fame il Cairo e tutto quel distretto. Senapo detto e dai sudditi suoi; gli dician Presto o Preteianni noi. ≫
- Hubert Jules Deschamps
, (sous la direction).
Histoire generale de l'Afrique noire de Madagascar et de ses archipels
Tome
I
: Des origines a 1800.
p.
398-401
P.U.F Paris (1970)