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4′33″ ? Wikipedia Aller au contenu

4′33″

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Chœur Florilegium a l'eglise Borgloon interpretant 4′33″ de John Cage 19 juin 2016

4′33″ est un morceau compose par John Cage , souvent decrit comme ≪ quatre minutes trente-trois secondes de silence  ≫ [ 1 ] , [ 2 ] mais qui est en fait constitue de sons de l'environnement que les auditeurs entendent ou creent lorsque le morceau est interprete [ 3 ] .

Le morceau a ete ecrit en principe pour le piano et est structure de trois mouvements principaux. Sur la partition, chaque mouvement est presente au moyen de chiffres romains ( I , II & III ) et est annote TACET (≪ il se tait ≫ en latin), qui est le terme utilise dans la musique occidentale pour indiquer a un instrumentiste qu'il doit rester silencieux pendant toute la duree du mouvement.

Conception de l'œuvre [ modifier | modifier le code ]

A la fin des annees 1940, Cage visita la chambre insonorisee de l' universite Harvard . Cage s'attendit a ≪ entendre ≫ le silence lorsqu'il entra dans la chambre, mais comme il l'ecrivit plus tard : ≪ J'entendis deux bruits, un aigu et un grave. Quand j'en ai discute avec l'ingenieur responsable, il m'informa que le son aigu etait celui de l'activite de mon systeme nerveux et que le grave etait le sang qui circulait dans mon corps. ≫

Cage etait sceptique quant a la fiabilite des commentaires de l'ingenieur, particulierement sur le fait de pouvoir entendre son propre systeme nerveux . Quelle que fut la vraie reponse, Cage etait alle dans un endroit ou il s'attendait au silence total, mais y trouva quand meme du bruit… Plus tard, il ajouta : ≪ Jusqu'a ma mort il y aura toujours du bruit et il continuera a me suivre meme apres. ≫ C'est a ce moment qu'il realisa l'impossibilite de trouver le silence quel que soit l'endroit et qui le mena a composer son morceau le plus populaire : 4'33" .

Cage ecrivit dans Les Confessions d'un compositeur (1948) que son desir le plus cher etait de pouvoir composer un morceau de silence ininterrompu. Ce dernier durera 4 minutes et 33 secondes, qui est la longueur standard de la musique ≪ en boite ≫ et que son titre sera ≪ une priere silencieuse ≫. Cage commenta son œuvre : ≪ Elle s'ouvrira avec une idee simple que j'essayerai de rendre aussi seduisante que la couleur, la forme et le parfum d'une fleur. La fin s'approchera de l'imperceptibilite [ 4 ] . ≫

Les autres influences de ce morceau proviennent des arts visuels : des amis de Cage, tel Robert Rauschenberg avaient produit une serie de peintures ≪ blanches ≫ . Apparemment ≪ vides ≫, ces toiles changeaient de ton en fonction de la luminosite de la piece dans laquelle elles etaient exposees ou en fonction de l'ombre des personnes les visualisant. Ces dernieres ont beaucoup inspire Cage sur la possibilite de creer une œuvre employant ce meme vide, mais dans le domaine musical cette fois-ci.

Une autre influence probable est celle du bouddhisme zen et de la notion taoiste de non-agir . John Cage suivit pendant deux annees les cours que le Daisetz Teitaro Suzuki donna a partir de 1951 a l' universite Columbia de New York .

Une note de John Cage complete cette partition :

≪  Note: the title of this work is the total length in minutes and seconds of its performance. At Woodstock, N.Y., August 29, 1952, the title was 4'33" and the three parts were 33", 2'40", and 1'20". It was performed by David Tudor, pianist, who indicated the beginnings of parts by closing, the endings by opening, the keyboard lid. After the Woodstock performance, a copy in proportional notation was made for Irwin Kremen. In it the timelengths of the movements were 30", 2'23", and 1'40". However, the work may be performed by any instrumentalist(s) and the movements may last any lengths of time [ 5 ] .  ≫

≪ Le titre de cette œuvre figure la duree totale de son execution en minutes et secondes. A Woodstock, New York, le 29 aout 1952, le titre etait 4′33″ et les trois parties 33″, 2′40″ et 1′20″. Elle fut executee par David Tudor, pianiste, qui signala les debuts des parties en fermant le couvercle du clavier, et leurs fins en ouvrant le couvercle. L'œuvre peut cependant etre executee par n'importe quel instrumentiste ou combinaison d'instrumentistes et sur n'importe quelle duree. ≫

Structure [ modifier | modifier le code ]

La partition indique trois mouvements :

  1. (0:00?0:30) First movement ? silence
  2. (0:31?2:53) Second movement ? silence
  3. (2:54?4:33) Third movement ? silence

Craig M. Wright commente : ≪ Cage nous fait realiser que la musique est surtout une forme de communication d'une personne a l'autre et que le bruit de fond aleatoire ne peut rien faire pour exprimer ou communiquer des idees et des sentiments [ 6 ] . ≫

Interpretations [ modifier | modifier le code ]

Le morceau a ete interprete par David Tudor le , au Maverick Concert Hall de Woodstock dans l' Etat de New York , en tant que partition de musique contemporaine pour piano. Le public l'a vu s'asseoir au piano, et fermer le couvercle. Apres un moment, il l'ouvrit, marquant ainsi la fin du premier mouvement. Il reitera cela pour les deuxieme et troisieme mouvements. Le morceau avait ete joue et pourtant aucun son n’etait sorti. Ce que voulait son auteur, c’est que quiconque qui aurait ecoute attentivement aurait entendu du bruit involontaire. Ce sont ces bruits imprevisibles qui doivent etre consideres comme etant la partition de musique dans ce morceau. Ce dernier demeure encore controverse a ce jour, et est vu en tant que provocation de la definition meme de la musique :

≪ […] Les gens ont commence a chuchoter l’un a l’autre, et certains ont commence a sortir. Ils n’ont pas ri ? ils ont juste ete irrites quand ils ont realise que rien n’allait se produire, et ils ne l’ont toujours pas oublie trente ans apres : ils sont encore faches [ 7 ] . ≫

La longueur de 4′33″ est en fait designee par pur hasard. Et c'est ce temps qui donne son titre a l'œuvre.

Cependant, Cage l'a precise a plusieurs reprises, meme si la piece conserve le titre 4′33″, la duree totale ne doit pas necessairement se limiter a cette periode, bien que ce soit la pratique de Tudor , le createur. Dans la version imprimee en 1960, il indique que ≪ le titre de l'œuvre est la duree totale en minutes et secondes de son interpretation. ≫ Neanmoins, Cage a egalement informe William Fetterman, en 1986 [ 8 ] , que la piece pourrait, par exemple durer 23 minutes, bien que la division en trois mouvements doive etre conservee [ 9 ] . Il existe d'ailleurs deux autres versions de 4′33″ : une en notation espace-temps litterale, sans barres de cinq lignes, ecrites en 1952 pour le dedicataire de 4′33″, Irwin Kremen, et une revision marginale de la version de 1960, prepare par Cage dans le milieu des annees 1980.

Une autre theorie, provenant du philosophe et specialiste de John Cage, Daniel Charles  : ≪ 4′33″ a son tour est un happening , puisque le pianiste s'y presente en tant qu'acteur et non en tant que producteur de sons [ 10 ]  ≫ [ 11 ] . Il indique que 4'33" pourrait etre un ready-made a la Marcel Duchamp du fait que John Cage se trouvait en France lors de l'annee de composition de l'œuvre et que sur les claviers de machines a ecrire en AZERTY le 4 correspond au signe ≪  '  ≫ et le 3 au signe ≪  "  ≫.

Ce morceau (qui en realite est plus une experimentation [ 12 ] ) se veut etre une remise en question de la notion meme de la musique. Cage considerait que ≪ le silence est une vraie note ≫ . ≪ "Silence" designera desormais l’ensemble des sons non voulus par le compositeur ≫ [ 13 ] , et il a eu l'ambition de depasser ce qui est realisable sur un morceau de papier en laissant la part totale a l'aleatoire [ 13 ] (les eventuels bruits exterieurs denues d'intention musicale mais pouvant etre percus comme du son en activite). Il est une invitation a l'ecoute de cette activite qui ne s'arrete jamais.

Tudor vient confirmer ces propos en disant a propos de l'œuvre qu'elle ≪ est l'une des experiences d'ecoute les plus intenses qu'on peut avoir. Vous ecoutez vraiment. Vous faites tout entendre de ce qu'il y a, les bruits d'audience jouent un role. Il est cathartique ? quatre minutes et trente-trois secondes de meditation, en fait [ 14 ] . ≫

Kostelanetz [ 15 ] a la suite de Cage degage trois corollaires : ≪ que la distinction entre son et silence n'est pas reelle [ 16 ]  ≫  ; ≪ qu'il est impossible d'entendre deux fois exactement le meme morceau [ 15 ]  ≫  ; ≪ que les criteres esthetiques au nom desquels nous jugeons les œuvres ≪ intentionnelles ≫ ne sont peut-etre pas appropries a celles-ci, en ce qu'ils contreviennent a leur richesse et limitent arbitrairement l'etendue de nos perceptions [ 16 ]  ≫ .

Posterite [ modifier | modifier le code ]

David Grubbs [ 17 ] , invite a comparer ce ≪ morceau de silence [ 18 ]  ≫, propre a l'ecoute des sons d'un site physique particulier, a une œuvre de Luc Ferrari intitulee Presque Rien n o  1 .

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. Fetterman 1996 , p.  69.
  2. Lienhard 2003 , p.  254.
  3. Kostelanetz 2003 , p.  69?70.
  4. Pritchett 1993 .
  5. Guillaume Benoit , ≪  Ceci n'est pas du silence : John Cage 4'33"  ≫, sur evene.fr , .
  6. (en) Craig M. Wright, Listening to western music , Belmont, Thomson/Schirmer, , 429  p. ( ISBN   978-0-495-11627-1 et 0-495-11627-0 , OCLC   124410362 ) , p.  395.
  7. Revill 1992 , p.  166.
  8. (en) William Fetterman, John Cage’s Theatre Pieces : Notations and Performances , Amsterdam, Harwood Academic Publishers, coll.  ≪ Contemporary music studies ≫ ( n o  11), , 282  p. ( ISBN   3-7186-5642-6 , OCLC   36006495 , lire en ligne ) , p.  76.
  9. Iddon 20013 , p.  44 (note 10).
  10. Charles 1978 , p.  262.
  11. Charles 1978 , p.  69 : ≪ Cage est l'inventeur du happening ... ≫ .
  12. Charles 1978 , p.  72 : l'imagination de John Cage ≪ depuis les annees 1951-1952 ? semble se vouer entierement a l’ accident  ≫ .
  13. a et b Charles 1978 , p.  261.
  14. Fetterman 1996 , p.  74.
  15. a et b Richard Kostelanetz, ≪ L'art inferentiel ≫, dans Les Lettres nouvelles , septembre-octobre 1970.
  16. a et b Charles 1978 , p.  79.
  17. (en) David Grubbs, Records Ruin the Landscape : John Cage, the sixties, and sound recording , Durham, Duke University Press, , 220  p. ( ISBN   978-0-8223-5576-2 et 0-8223-5576-0 , OCLC   862222200 ) , p.  64.
  18. Grubbs 2014 , p.  47.

Voir aussi [ modifier | modifier le code ]

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]