10 canoes, 150 lances et 3 epouses

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10 canoes, 150 lances et 3 epouses

Titre original Ten Canoes
Realisation Rolf de Heer et Peter Djigirr (corealisation)
Scenario Rolf de Heer [ 1 ]
Societes de production Fandango/Vertigo
Pays de production Drapeau de l'Australie Australie
Duree 91 minutes
Sortie 2006

Pour plus de details, voir Fiche technique et Distribution .

10 canoes, 150 lances et 3 epouses ( Ten Canoes ) est un film australien de 2006 realise par Rolf de Heer et Peter Djigirr .

Le film evoque la vie et les mythes des premiers habitants de l'Australie, bien avant la colonisation.

Carte du Nord de l'Australie, le ≪ Top End ≫ (avec ≪ limites approximatives ≫ de la Terre d'Arnhem)

Synopsis [ modifier | modifier le code ]

Le film est construit par histoires imbriquees : reportage, expedition d'un vieux chasseur avec son jeune frere, a qui il raconte une chronique du Temps du reve , elle-meme entrecoupee par de breves sequences consacrees aux Ancetres, a leurs vices et erreurs.

Premiere partie (en couleurs) [ modifier | modifier le code ]

Le spectateur est ramene en des temps tres anciens. Il survole une riviere qui serpente dans le bush  : encadree de sa galerie forestiere (palmiers, paletuviers et eucalyptus ), elle draine de vastes marecages verdoyants, et sur elle planent de grands oiseaux aux ailes blanches et noires.

La voix de David Gulpilil rappelle les croyances des Indigenes Australiens du Territoire du Nord dans un monologue :

Dessin inspire de ≪ Le marais sacre Dimirr Wariman ≫, une œuvre de Johny Bulunbulun, artiste Ganalpingu de Maningrida. La cosmogonie des Indigenes Australiens de la Terre d'Arnhem y est clairement representee, en accord avec le recit [ 2 ]

- ≪ Je dois d'abord vous parler de mon peuple et de mon pays ; alors vous pourrez voir mon histoire, et savoir…Cette terre commenca au commencement [ 3 ] . Yurlungur , le grand ≪ goanna ≫ d'eau (le varan ) [ 4 ] , il voyagea par ici. Yurlungur fit toute cette terre, il fit cette eau…Il fit ce marais, qui s'etend au loin et nous donne la vie…Je viens d'un trou d'eau de ce pays, qu'Yurlungur a fait. Je ressemblais a un petit poisson dans mon trou d'eau… Alors mon pere s'est approche de mon trou d'eau. Je lui ai demande ou etait ma mere, car je voulais naitre. Mon pere m'a montre du doigt une de ses femmes : ≪ Voici ta mere… ≫, me dit-il. J'attendis le bon moment, et soudain je fus dans sa matrice. Alors mon pere eut un reve, et ce reve lui fit savoir que sa femme avait un petit en elle. Ce petit, c'etait moi… ≫

Le conteur rit a bas bruit, puis reprend sa narration : - ≪ A ma mort, je retournerai dans le trou d'eau. J'attendrai la, comme un petit poisson, pour renaitre a nouveau…Vous ne saviez pas tout ca, hein?…Mais c'est une chose vraie, ca se passe toujours comme ca pour mon peuple…Et maintenant, il nous faut trouver ou est l'histoire, l'histoire que je vais vous raconter…Il nous faut revenir en arriere, il y a tres longtemps, au temps ou vivaient mes ancetres [ 5 ] … ≫ Et, pendant que l'image passe de la couleur au noir-et-blanc, le conteur continue a voix basse : - ≪ Chut! Maintenant, ecoutez…Je les entends, ils arrivent, mes ancetres… Cette histoire vous aidera a vivre correctement… ≫

Film noir-et-blanc [ modifier | modifier le code ]

Les Tiwis de l' ile Bathurst sont physiquement tres proches des Yolngu

Il commence abruptement : le spectateur (comme s'il etait cache derriere un arbre a 20 metres du sentier) voit s'approcher et passer devant lui, de droite a gauche, 10 chasseurs de l'age de pierre.

Ils marchent en file indienne, a grandes enjambees, nus, en silence, les sagaies sur l'epaule, le propulseur a la main, le dilly-bag (sac fourre-tout en filet) leur battant les fesses. Dans la chaleur oppressante qu'on croit sentir, seul le rire gras d'un kookaburra ( Dacelo ) rompt le silence. Ils vont disparaitre vers la gauche, quand l'un d'eux pousse un cri guttural. Tous s'arretent, et le charme est rompu, la trivialite humaine reprend le dessus : le dernier de la file clame :

- ≪ Je ne veux pas rester derriere, il y en a un qui pete, c'est affreux ! ≫

Tous s'esclaffent, plies en deux, les lazzi resonnent dans le silence de la foret, les chasseurs se questionnent pour la forme : l'un d'eux est bien connu pour ses gaz intestinaux pestilentiels, et il ne fait pas de difficultes pour passer en serre-file. D'ailleurs ils arrivent au but : un bosquet d'arbres au tronc haut, parfaitement regulier et cylindrique ; ils vont en detacher de grands pans d'ecorce pour confectionner des canoes. Et pendant le travail les commerages gaillards [ 6 ] vont bon train : ≪ Alors, vous pensez qu'ils couchent ensemble ? ≫ etc. Ils parlent de Dayindji , le jeune frere de Miningululu , leur chef au cheveux blancs, et de sa plus jeune epouse. Le vieux chef prend alors son petit frere a part : il veut lui montrer comment detacher proprement l'ecorce des troncs, et surtout lui parler…Il lui conseille de s'eloigner de sa belle-sœur : si le jeune homme s'obstine a la courtiser, le groupe en sera perturbe ; d'ailleurs il va lui raconter une histoire du ≪ Temps du Reve ≫ qui illustre parfaitement les dangers de ce type de liaison…Le jeune homme lui repond :

- ≪ Oui, mais moi j'ai besoin d'un femme ! Toi tu es vieux, et tu en as trois… ≫

- ≪ Sois patient, lui repond son frere, tu auras une femme plus tard… ≫

- ≪ Mais alors je serai vieux, replique le jeune homme, et mon sexe sera mou !… ≫

Sous les eclats de rire du groupe, le vieux chef se redresse, et, la main sur le bas-ventre, proteste :

- ≪ Quoi, tu veux dire que mon sexe est mou ?… ≫ [ 7 ] .

Une jeune femme indigene australienne photographiee ca 1910. ≪ Munanjarra etait belle et tranquille comme un bebe qui dort ≫

Cependant les hommes rapportent sur leurs tetes les grands cylindres d'ecorce vers le marecage [ 8 ] . Ils s'exclament en arrivant :

- ≪ Ah, ca fait du bien de nous rafraichir les pieds dans l'eau !… ≫ [ 9 ] .

Puis les hommes commencent a faconner les canoes : ils assouplissent les pans d'ecorce sur le feu, pincent les extremites dans un etau fait d'un arbre fourchu, avant de les coudre avec des fibres vegetales. Une branche taillee en forme de banc maintient les parois ecartees… Tout en travaillant, le vieux chef Miningululu commence a raconter a son jeune frere l'histoire des ancetres, au Temps du Reve, et les images en couleur apparaissent alors.

Par la suite, le frere aine reprendra plusieurs fois le ≪ recit en couleurs ≫, afin que son cadet ≪ apprenne a vivre correctement ≫. Et il choisira des moments privilegies de la journee pour lui en restituer l'impact. Ainsi, lorsqu'il se trouve seul dans les marais avec le jeune homme qu'il initie a l'approche des gumangs ' (canaroies), a leur chasse a la sagaie, et a la recolte de leurs mapu (œufs) sur les yali (nids). Ou le soir, quand le groupe se retrouve au bivouac sur les plates-formes dressees dans les taillis au-dessus du niveau de l'eau, afin d'echapper aux crocodiles, aux sangsues et aux serpents, pres des feux nourris d'ecorce d'eucalyptus, dont la fumee chasse les moustiques.

Puis la chasse prend fin, et les chasseurs rentrent chez eux en riant et en discutant, sagaies sur l'epaule, portant des paniers d'œufs et tenant par le cou ou les pattes quelques cadavres d'oies blanches et noires.

Film en couleur [ modifier | modifier le code ]

  • En rapport direct avec la cosmogonie des Yolngu, il narre une chronique du Temps du reve . C'est, dit le narrateur, ≪ ce qui arriva il y a tres-tres longtemps, tout a fait au commencement, alors que les grands-peres de nos grands-peres etaient encore des petits poissons dans les trous d'eau, juste apres le Grand Deluge qui couvrit toute la Terre… Yurlungur , le Grand Goanna, avait juste nomme les arbres, les oiseaux, les plantes et les hommes… Et il avait donne aux Ancetres la Grande Ceremonie du Djunggan , par laquelle les hommes ont recu la Loi que nous apprenons tous, la Loi selon laquelle nous devons vivre ≫.

Les Ancetres dont parle le narrateur etaient un groupe d'hommes et de femmes dont le chef avait une epouse jeune et belle, qui fut convoitee par le frere cadet du chef [ 10 ] …..

Les heros sont tout d'abord presentes en une galerie de portraits individuels cadres en gros plan et commentes par la voix off du conteur :

Un guerrier, porteur d'armes et d'attributs virils magnifies
  • le chef Ridjimiraril , un grand guerrier, d'une beaute farouche, viril et dominateur, protecteur du groupe et bon pourvoyeur de gibier, son javelot atteint son but avec force [ 11 ] .
  • son jeune frere Yeeralparil , ephebe maladroit, que son frere aine se charge d'initier a la vie en brousse [ 12 ]
  • la premiere epouse du chef, Banalundju , sage, bonne et tolerante, mais qui surveille de pres la plus jeune coepouse et l'empeche de s'ecarter…
  • la deuxieme epouse du chef, Nowalingu , aguicheuse, perverse et volage, mais qui tient le chef par les sens…
  • la troisieme epouse, Munanjarra , jeune, ≪ belle et tranquille comme un bebe qui dort ≫…
Une feuille de laurier comme Birrinbbirrin en taillait, et ses ancetres avant lui…
  • un membre important du groupe, Birrinbirrin , un vieux madre, amateur de bonne chere au ventre enorme, toujours en train de quemander du miel sauvage. Mais il est plein d'experience et de sagesse, parle les differents dialectes de la region, et ses pointes de sagaie en pierre taillee en forme de feuille de laurier sont tres recherchees…
  • et le Sorcier, un vieil homme ride qui vit seul a l'ecart du groupe ≪ pour preserver les secrets de sa magie ≫…

Derriere le campement principal, l'ambiance est a la detente : les hommes se coupent les cheveux et se rasent mutuellement. Mais les enfants qui cherchaient des ruches sauvages dans les arbres accourent en poussant des cris d'alarme : ≪ Un etranger, un etranger arrive ! ≫ Or personne n'a annonce sa visite… Le groupe fait bloc derriere le chef, sagaie sur le propulseur, et scrute l'intrus qui sort du bois. Il degage ≪ l'odeur de quelqu’un de tres dangereux ≫ et il porte un cache-sexe, aussi les compagnons de Ridjimiraril remarquent-ils qu'≪ il faut se mefier de celui qui cache sa bite… ≫

On commence a parlementer, Birrinbirrin sert d'interprete. L'Etranger ne dit pas clairement pourquoi il vient ; par contre il seme l'inquietude en affirmant avoir des pouvoirs magiques. On lui offre des aliments, on lui fait comprendre qu'il n'est pas le bienvenu [ 13 ] et on lui demande de se retirer. L'Etranger fait demi-tour et repart dans le bush .

Une palabre a lieu au campement : que venait chercher l'Etranger ? Le Sorcier fait subitement son apparition : de loin, affirme-t-il, il avait percu l'approche d'une personnalite malefique. Et il assure son pouvoir sur le groupe en rappelant quelques techniques elementaires d' envoutement que l'etranger a peut-etre utilisees, surtout si les habitants du village ont laisse trainer leurs dejections : elles servent de support a la technique d'envoutement… Pire que tout, affirme le sorcier, l'Etranger pourrait voler une ame en secret [ 14 ] . Les chasseurs fremissent : ≪ Restons groupes ≫ chuchotent-ils…

≪ Tout va bien. Il n'y a pas de mauvais sort... ≫ dit le Sorcier d'une voix caverneuse apres avoir minutieusement inspecte le camp (dessin d'apres une sequence du film)

Apres avoir fait ses recommandations au groupe afin que personne ne laisse prise aux influences nefastes de l'Etranger, le Sorcier couvert de peintures rituelles ocres et blanches exorcise le campement (son intervention est soutenue par le crepitement des clapsticks en fond sonore)

La tension retombe ensuite au campement principal, ou vivent hommes et femmes maries, et la vie reprend son cours habituel, avec ses hauts et ses bas dus essentiellement aux aleas de la polygamie . Pour echapper aux criailleries et aux disputes de ses femmes le chef part chasser le wallaby dans le bush [ 15 ] . Birrinbirrin harcele ses femmes qui vont chercher du bois pour qu'elles lui rapportent du miel et il se fait severement rabrouer : ≪ Vas-y toi-meme, vieux crapaud !… ≫ Ses petit-fils lui rapportent un rayon de miel, il pioche dedans goulument avec sa baguette, puis s'accroupit et commence a travailler a petits coups precis une de ses fameuses pointes de lance en silex, tout en fredonnant la ≪ chanson du miel ≫…

Cependant au campement annexe, ou les jeunes celibataires passent le temps comme ils peuvent, le beau Yeeralgaril ne peut plus vivre loin de Munandjarra , la femme qu'il aime. ≪ Ses jambes decident d'aller la voir, et il les suit ≫ dit-il. Il met ses sagaies sur l'epaule et part sous les quolibets, les plaisanteries et les exclamations [ 16 ] des autres celibataires. Mais les autres femmes veillent, tout en ramassant a la lisiere du marecage des noix des marais, en deterrant des racines, en papotant comme des ≪ gumangs ≫ (oies pies) ou en vidant leurs querelles toutes griffes dehors [ 17 ] . Munandajarra , en pretextant un besoin naturel, arrive a s'ecarter et a echanger quelques mots avec Yeeralparil tapi dans les buissons, mais naturellement toutes les femmes s'en rendent compte…

≪ Nowalingu a disparu comme une gummang (oie-pie) ≫

Soudain un jour la nouvelle se repand : c'est Nowalingu , la seconde epouse de Ridjimiraril , ≪ elle a disparu comme une gummang ≫. Les hommes se reunissent et palabrent, chacun donne son avis. On conclut qu'il n'y a que deux possibilites : soit Nowalingu s'est enfuie, soit elle a ete victime d'un rapt. Et chaque homme, dans une sequence particuliere (en couleurs delavees), decrit sa version du rapt, et expose ses phantasmes de vengeance…

Le chef Ridjimariril est sur que c'est l'Etranger qui est venu chercher Nowalingu, et cette pensee l'obsede. ≪ Un grand nombre de lunes traversa la nuit ≫ apres la disparition de Nowalingu . Et si le groupe parait s'accommoder parfaitement de l'absence de cette femme querelleuse et semeuse de discorde, Ridjimiraril ne l'oublie pas et en perd le gout de vivre.

Un jour un vieil oncle arrive au camp, de retour d'un long periple. Il dit avoir brule l'herbe, tue un goanna (varan) et un bandicoot [ 18 ] , et vu Nowalingu  : elle vivait dans une hutte d'ecorce avec un etranger…

Les hommes entrent alors en effervescence : il faut aller reprendre Nowalingu , et exercer la vendetta '. Au son haletant du didgeridoo , les preparatifs de guerre s'accelerent : les adolescents portent en courant les baton-messages au loin, on coupe des branches pour en faire des hampes de sagaie, Birrinbirri taille sans arret des pointes de silex, on se peint en argile blanche. On elabore des plans d'attaque, et les modalites du rapt : on ne se contentera pas de reprendre Nowalingu aux ennemis, on capturera une de leurs femmes… Ou deux femmes ? ≪ Et pourquoi pas toutes ? ≫ lance Birrinbirri le goulu. Mais un des hommes le fait revenir sur terre : ≪ Et qui s'occupera d'elles ensuite ? Toi ? ≫

Les hommes peints de frais partent en gambadant sur le sentier de la guerre, sauf Yeerilparil  : son frere aine l'a consigne au camp. Il devra prendre en charge ses femmes s'il vient a etre tue [ 19 ] . Mais quand en l'absence du chef son jeune frere vient roder trop pres de Munandjarra , la premiere epouse lance une buche au jeune homme, et lui crie : ≪ Va donc jouer avec une femelle de crocodile !… ≫

Finalement les guerriers reviennent au camp, tout joyeux : ils n'ont pas eu a combattre ceux du camp de l'autre rive, car ils ont pu constater que Nowalingu n'etait pas la-bas… La vie reprend son cours, sauf pour Ridjimiraril  : le chef devient de plus en plus sombre, taciturne et irritable. Il est obsede par l'image de Nowalingu , il se demande sans cesse ce qui a pu lui arriver : est-elle vivante, ou a-t-elle ete tuee ?…

≪ Son ame etait possedee par un mauvais esprit…Un jour le mauvais esprit qui habitait la tete de Ridjimiraril s'echappa, et les choses empirerent ≫. Les enfants de Birrinbirrin apercurent l'Etranger a proximite du camp, et leur pere courut alerter le chef [ 20 ] .

Ridjimiraril se dresse, empoigne ses sagaies.

- Que vas-tu lui faire ? ≫ demande Birrinbirrin , inquiet.

- ≪ Juste parler avec lui… ≫

- ≪ Pourquoi prends-tu toutes ces sagaies ? ≫

- ≪ Fais-moi confiance… ≫

Le guerrier athletique, suivi du vieillard obese, se faufile dans la brousse et approche l'Etranger. Il est la, le dos tourne, accroupi, en train de defequer par terre. Soudain Yirilmaril brandit son propulseur et perce ce dos d'une sagaie. Ils se precipitent, et constatent que l'homme qui agonise, couche sur le flanc a cote de son etron, la sagaie plantee dans le torse, est un inconnu. Et le mauvais esprit continue a exercer son action nefaste : au meurtre impulsif succedent des phrases insanes (≪ Mauvaise merde de mauvais inconnu !… ≫) et des actes illogiques : les deux chasseurs dissimulent sommairement le cadavre sous la vegetation en esperant que personne ne le trouvera, s'exhortent au silence, et reviennent au camp comme si rien ne s'etait passe…

Mais un groupe d'hommes peints en ocre-rouge, sagaies brandies, leur barre soudain le chemin. Ils sont menes par le premier Etranger, fou de rage : c'est son frere qui a ete tue, ils ont suivi ses traces et trouve son corps. Ridjimiraril reconnait avoir tue. Il accepte de subir l'epreuve de makaratta pour eteindre la dette de sang , et il choisit son jeune frere comme second [ 21 ]

Sequences en ≪ couleur pastellisee ≫ [ modifier | modifier le code ]

Breves, en images delavees : il s'agit (images mentales ramassees en raccourci) de ≪ reves dans le reve ≫, de phantasmes , de tentations, de pensees cachees, de jubilations par anticipation. Ainsi :

  • lors des palabres , quand les hommes echafaudent des hypotheses sur les causes de la disparition de Nowalingu  : s'est-elle sauvee, ou a-t-elle ete enlevee, et par qui ? Et l'on voit un homme et une femme, se tenant par la main, nus comme Adam et Eve, se faufiler dans la vegetation luxuriante
  • les projets de represailles : comment va-t-on attaquer le camp ennemi : de jour, ou de nuit ? La terreur de l'homme surpris, et ses gestes d'apaisement devant les sagaies levees sur lui ne seront-ils pas plaisants?
  • les variations sur le theme du rapt de femme(s) dans le clan adverse : ≪ on va leur reprendre Nowalingu , on la reprendra. Et de plus on enlevera une autre femme… Et pourquoi pas plusieurs femmes ?... ≫
  • les peurs primaires que les avertissements du sorcier eveillent parmi les hommes : quand il les avertit que l'Etranger va certainement voler leurs ames, soit subrepticement (et trivialement, en utilisant leurs dejections), soit par la violence. On voit alors un zombie errer dans la brousse (cf note n o  30). Puis vient une etrange et breve scene de meurtre ( gore dans le bush ) qui assassine le mythe du bon sauvage  : au fond d'un taillis eclabousse de sang, un homme vu de dos, a genoux devant sa victime pantelante, la larde posement de coups de sagaie…
  • et aussi l'evocation d'une utopie pacifiste que la fatalite fera avorter dans la realite future proche : le chef Rildjimiril fraternise avec l'Etranger, et ils vont ensemble chercher Nowalingu .

Fiche technique [ modifier | modifier le code ]

Distribution [ modifier | modifier le code ]

Production [ modifier | modifier le code ]

Genese du film [ modifier | modifier le code ]

David Gulpilil , danseur et acteur indigene australien [ 24 ] , celebre pour avoir joue depuis 1971 dans (entre autres) Walkabout ( La Randonnee ) [ 25 ] , Mad Dog Morgan , The Last Wave ( La Derniere Vague ), Crocodile Dundee , Rabbit-proof fence ( Le Chemin de la liberte ), et Australia (en 2008), fut dirige en 2002 dans le film The Tracker ( Le Pisteur ) par Rolf de Heer . David invita ensuite Rolf a venir tourner dans sa region natale, la terre d'Arnhem , une immense zone sauvage de brousse tropicale parsemee de marecages situee sur la cote nord de l'Australie, en bordure de la mer d'Arafura [ 26 ] .

Le catalyseur de l'œuvre de Rolf de Heer et Peter Djigirr [ 27 ] fut une photographie qui representait dix pirogues montees par des hommes Yolngu, en expedition de chasse-collecte dans le marecage d'Arafura [ 28 ] . Cette photo fut prise en 1936 par Donald Thomson , un ethnologue et naturaliste australien qui se consacra dans le top end a une œuvre a la fois scientifique et humanitaire, et contribua tant sur le plan local que sur le plan national a apaiser les conflits entre les communautes blanche et aborigene .

Les photos, vu l'etiolement de leur tradition orale, sont l'un des rares liens que les indigenes australiens aient conserve avec leurs parents. Le critique ecrivant a propos de Dix canoes… sur le site allocine.fr l'a bien compris : ≪ Donald Thomson, dit-il, nous a laisse un patrimoine exceptionnel : le portrait d'un peuple et d'un mode de vie, qui sans lui ne nous serait jamais parvenu. La Collection Thomson (300 photos en noir-et-blanc) couvre de nombreux aspects de la culture des aborigenes. Elle est conservee au Musee Victoria avec 700 autres photos prises en Australie Centrale et au Cap York. Les Indigenes Australiens Yolngus entretiennent des liens tres forts avec les photos qui ont ete exposees chez eux, chacun y reconnaissant un ou plusieurs membres de sa famille. ≫ [ 29 ]

La brousse du top end en saison seche. Noter les nombreux pandanus .

Daniel Gulpilil explique [ 30 ]  : ≪ J'ai montre une photo faite par Donald Thomson a Rolf de Heer et je lui ai demande ce qu'il en pensait. Il a alors commence a ecrire une histoire, avec les habitants de Raminginig ? mon peuple ? et nous avons entame notre collaboration… (…) Cette histoire ? l'histoire que raconte le film ? n'est pas terminee. Elle se poursuit encore et encore, car c'est l'histoire de notre peuple et de notre terre… ≫

Rolf de Heer (avant que Ten canoes ne soit presente le au Festival de Cannes 2006 , dans la selection ≪ Un certain regard ≫) assura [ 31 ]  : ≪ Les gens se demandent : ≪ Qu'a a faire un cineaste blanc avec une histoire d'indigenes ? ≫ Ils (les indigenes australiens) racontent l'histoire, largement, et je ne suis que le mecanisme qui les aide a le faire… ≫

Tournage [ modifier | modifier le code ]

Les crocodiles des Marecages d'Arafura, redoutes pour leur taille enorme et leur agressivite, ont de plus prolifere depuis que leur chasse est strictement reglementee. Les canaroie semipalmes nichent dans les roseaux. Au fond, apres l'etendue d'eau parsemee de nympheas, la lisiere de la brousse

Le tournage fut freine par de nombreux facteurs :

  • tout d'abord l'environnement physique [ 32 ]  : le climat tres chaud et humide, eprouvant autant pour l'equipe de tournage que pour le materiel ; le stress etait augmente par les moustiques, les sangsues, et surtout la peur des crocodiles .

Donc, pendant le tournage, les acteurs eux-memes devaient retrouver leurs reflexes ancestraux, et rester vigilants (≪ keep on croc-spotting ≫) pendant que le directeur et les techniciens pataugeaient, plonges dans l'eau et la vase jusqu'a la taille. Et le soir, quand ils rentraient epuises, affames et couverts de cloques (≪ piqures de moustiques au-dessus de la taille - et morsures de sangsues en dessous ≫…) au campement de Murwangi (quelques vieux baraquements de tole ondulee ayant servi d'etables autrefois, augmentes des tentes de l'equipe technique et des acteurs) ils pouvaient constater que les nombreux visiteurs Yolngu (amis et famille, proches ou tres eloignes…) avaient applique les regles de l'hospitalite de brousse, et qu'il ne restait plus rien a manger. Et que de plus, toute consolation du genre long drink etait impossible, l'alcool etant interdit au camp. Mais l'odeur du poisson en train de cuire sur les multiples petits feux de bois, et la chaleur humaine rachetaient tous les inconvenients : la bonne entente regnait au camp, black-fellas et white-fellas (≪ gars-noirs ≫ et ≪ gars-blancs ≫) avaient appris a se connaitre. Un film documentaire ≪ Le balanda (blanc), et les 1O canoes d'ecorce ≫, montrant la realisation du film lui-meme, fut d'ailleurs monte en annexe. Heureusement pour l'equipe comme pour les acteurs, apres le slogging through reeds (trimardage dans les roseaux) que fut le tournage de la premiere partie du film, celui de la seconde partie se deroula dans la brousse seche.

  • la communication entre les acteurs locaux (parlant le ganalpingu ) et les acteurs ≪ etrangers ≫ comme Crusoe Kurdall (qui est de Maningrida et parle le guwinggu ) [ 33 ] , posa aussi des problemes, du moins au debut. Les membres de l'equipe technique et les Ganalpingu eurent aussi du mal a s'entendre. En fait, ce ne fut pas tant la diversite des langues qui fut en cause (tous les Indigenes Australiens, s'ils parlaient peu ou mal l'anglais, pouvaient se faire comprendre en 5 ou 6 langues indigenes…), mais la transmission de concepts qui s'avera difficile : il fallut souvent que 5 ou 6 ≪ expliqueurs ≫ se mettent d'accord avant de pouvoir tourner une scene. Rolf de Heer, tout en reconnaissant que ≪ certains concepts n'appartenaient pas a leur facon de penser le monde ≫ [ 34 ] rend par ailleurs hommage a Peter Djigirr (un ex-chasseur de crocodiles Yolngu qui joue dans le film le role d'un canoeiste - et celui de l'Etranger, tue par erreur par Ridjimiraril), pour ses talents en relations humaines, ainsi que pour son habilete a dejouer les pieges du ≪ bush ≫. C'est que la brousse et le marecage sont devenus des milieux presque etrangers a de nombreux Yolngu habitues maintenant a vivre en ville a l'occidentale, et qui meme voyagent souvent a l'etranger pour faire la promotion de leurs œuvres artistiques [ 35 ]
  • le casting fut une source de surprise : Rolf de Heer pensait pouvoir choisir les piroguiers, mais il se les vit imposer par la communaute. En effet, les Yolngu, se referant aux souvenirs du ≪ Thompson Time ≫ (≪ l'Epoque de Thomson ≫) qui subsistaient chez les anciens, et aux photos que l'anthropologue avait prises, ne proposerent a Rolf de Heer que les descendants des hommes qui avaient travaille autrefois avec Thomson. C'est sans doute l'une des causes qui firent que David Gulpili n'apparait pas a l'ecran. Une des autres etant qu'il appartient a un clan voisin du clan local des Ganalpingu (≪ fils des oies pies ≫), et que les rivalites interclaniques etaient ardentes il y a encore quelques decennies…

Quant aux femmes, seules furent admises a jouer celles (d'ailleurs peu nombreuses) que les regles compliquees du kin-ship (systeme de parentele coutumier) n'excluaient pas…Mais le fait que les acteurs locaux n'aient pas ete choisis par le metteur en scene n'a pas d'importance, car ≪ ils sont les personnages ≫. C'est bien ce qu'a souligne Frances Djulibing (qui dans le film incarne Nowalingu , la deuxieme epouse, celle qui disparait): ≪ Jouer nos ancetres, et notamment jouer nus, n'a pas ete un probleme : pendant le tournage, nous etions nos ancetres, litteralement… ≫ [ 36 ] . D'ailleurs on note que certains acteurs ont garde ≪ a la scene ≫ leur propre nom : le vieux sage Minigululu, le gros Birrinbirrin…

  • 3 versions du film furent realisees [ 37 ] , ce qui, en mettant en evidence l'enracinement de l'œuvre, accentua son cote didactique et permit d'augmenter sa diffusion :
    • Une version en yolngu-matha (langue vehiculaire dans les Northern Territories ), sans sous-titres
    • Une version en yolngu , avec commentaires et sous-titres en mandalpingu
    • Une version en yolngu , avec commentaires et sous-titres en anglais
  • La premiere representation officielle eut lieu le lors de l' Adelaide Festival of Arts , puis le film fut montre le au Festival de Cannes 2006 (dans la serie ≪ Un certain regard ≫, ou il recut le Prix Special du Jury), et avant la fin 2006 dans 12 autres festivals de par le monde [ 38 ] . Le titre ≪ Ten canoes ≫ est simplement traduit dans les versions presentees a l'etranger, sauf dans les versions francaise et allemande. Sans doute afin que le titre paraisse plus attractif, on y a ajoute ≪ 150 lances ≫ (ce qui est nettement exagere : il est rare que plus de 10 personnes paraissent sur l'ecran), et ≪ 3 epouses ≫ [ 39 ] .
La brousse et les marecages, biotope des Yolngu

Mais la premiere projection en public de la version entierement parlee en langue yolngu-matha, sans sous-titres, eut lieu en plein air a Raminginig , le village a cote duquel l'acteur David Gulpilil vecut en brousse son enfance et son adolescence. La nuit etait chaude et orageuse : c'etait la saison des pluies… David Gulpilil dit [ 40 ]  : ≪ J'ai pleure en voyant le film. Je suis fier de ceux qui y ont participe. Ceux qui verront ce film le garderont dans leur cœur, ils seront plonges dans la beaute du monde sauvage… ≫

Musique et sonorisation [ modifier | modifier le code ]

Recompenses aux AFI Awards 2006 , ils sont de haute qualite, et laissent le pas a l'image

  • Les bruits naturels :

- dans le bush les cris d'oiseaux renforcent la tension : que ce soit le rire du kookaburra ( Dacelo ), ou le cri d'un oiseau-moniteur (un bruit de grosse toile brutalement dechiree) qui fait sursauter les chasseurs et les avertit quelqu'un approche.

- au camp ou lors de la cueillette, le cacardement des gummangs , les oies-pies, est mis en parallele avec le papotage des femmes, qui devient parfois strident quand des coepouses ennemies en viennent aux mains.

- Birrinbirrin , trop vieux et trop gros pour monter lui-meme aux arbres, chante doucement une ≪ chanson du miel ≫ en attendant que ses petits-enfants lui rapportent sa friandise preferee, et en taillant une de ses fameuses pointes de silex.

Didgeridoo creuse dans une branche d' eucalyptus

- lors de la ronde du sorcier dans le campement, la tension est accrue par le crepitement des clapsticks (baguettes de bois dur qu'on entrechoque).

- et plus tard leur staccato , sur fond de grondements sourds du didgeridoo (tube de bois dans lequel on souffle) scande les preparatifs des hostilites - puis soutient la chanson de mort entonnee par Birrinbirri pendant la ceremonie funebre.

Impact socio-culturel [ modifier | modifier le code ]

La zone sacree est protegee par la loi (la vegetation derriere le panonceau est typique de la brousse arboree du top end )

Parmi de tres nombreuses critiques, on note une appreciation [ 41 ] : ≪ Ce qui en fait un film a voir absolument : la photo siderante du Northern Territory ≫ (≪ et de ses femmes et de ses hommes ≫ aurait du ajouter le journaliste…) ≫, l'originalite etonnante de l'histoire, plus le plaisir inattendu cree par l'humour vibrant et omnipresent… ≫

Ten canoes est un document ethnologique , qui evoque des techniques ancestrales qui font partie du patrimoine de l'humanite  : la fabrication des pirogues d'ecorce, l'approche et le tir du gibier a la sagaie, la collecte du miel, la taille de pointes de lance en feuille de laurier de type solutreen. Cependant le spectateur qui a vu les Inuit vivre en riant et chasser les phoques au harpon dans le film Nanouk l'Esquimau (I919) - et les Amerindiens Nambikwara observes par Claude Levy-Strauss se peindre le corps et chasser a l'arc en 1938, ne peut eviter de se demander si dans 90 ans, ou meme dans 70 ans seulement, les Indigenes Australiens de la Terre d'Arnhem continueront a vivre selon leurs coutumes, et combien ils seront encore… Ten canoes , tourne in situ dans l'humidite des marais et la chaleur de la brousse, mis en scene et joue par les Indigenes Australiens locaux qui parlent leur langue, en mettant en valeur leur mode de vie et leurs traditions, lutte justement contre l'oubli de nos racines.

A l'occasion du tournage de Ten canoes les actrices (et leurs parentes et amies) ont tenu a reprendre la fabrication d'objets usuels, œuvres d'art artisanales qui etaient devenues des pieces de musee

D'ailleurs des techniques presque oubliees, comme la fabrication des pirogues d'ecorce et la taille de pointes de sagaies par les hommes, le tressage de paniers ou le tissage de recipients etanches en fibres de pandanus par les femmes, ont ete retrouvees et fierement appliquees et demontrees par les Yolngu, qui y voyaient un renouveau de leur ame.

Ten canoes traite d'une culture jusque-la largement meconnue et cherche a decrire le quotidien des natifs australiens : il montre les disputes fomentees par la polygamie, aux palabres, a l'epreuve du rachat du sang, a la ceremonie mortuaire, a la preparation du cadavre pour l'au-dela. Le but est de surprendre le spectateur venu d'une autre cultue. C'est peut-etre cette accession inattendue a l'empathie qui est a l'origine du succes que le film a connu en Australie [ 42 ] .

On a dit que le succes de Ten canoes etait du a un effet de mode, ou a un malentendu. Mais peu importe que les spectateurs se soient precipites en croyant voir une version australienne de Les dieux sont tombes sur la tete , ou parce qu'ils pensaient retrouver la fantaisie epique et les belles images de La Guerre du feu (film)  : le resultat est la (et Donald Thomson s'en serait rejoui), le pourcentage de blancs australiens qui considerent que les abos ne sont qu'une communaute a problemes a diminue.

Certes on a accuse Rold de Heer d' angelisme [ 43 ] . Mais on notera cependant que ≪ Ten canoes ≫ est sorti sur les ecrans en 2006, et que c'est en 2007 qu'a ete promulguee la loi ≪ Northern Territory National Emergency Response ≫.

Distinctions [ modifier | modifier le code ]

Recompenses [ modifier | modifier le code ]

Nominations [ modifier | modifier le code ]

Notes et references [ modifier | modifier le code ]

  1. a et b En concertation avec les habitants de Ramingining , d'apres une idee de David Gulpilil inspiree par les photographies de Donald Thomson.
  2. on voit : au centre le trou d'eau (reservoir d'ames) ; les gummangs (canaroies pies) sur leur nid ; le Goanna ( varan ) createur ; les nympheas qui ont une valeur symbolique differente selon leur taille : les petits ( yariman ) sont benefiques, le ≪ vieux nymphea ≫ ( gardatji ) est nefaste, sa racine est en forme de baton-message…Sur le foyer culturel de Maningrida , voir ≪[http:// www.Factbites.com/topics/maningrida] ≫
  3. cette formule rappelle, en beaucoup plus profond, notre formule ≪ Il etait une fois… ≫ que le conteur utilise d'ailleurs tout au debut de sa narration, puis interrompt par un rire
  4. selon l'article de WP:fr, Yurlungur serait un grand serpent…Dans le marecage, milieu naturel des Yolngu, serpent et varan se ressemblent fort lorsqu'il nagent. Le corps long et sinueux de la divinite chtonique reste donc le meme…
  5. le conteur veut dire ≪ avant l'arrivee des colons anglais ≫
  6. exactement comme autrefois sous nos climats, pendant les vendanges, les moissons, les fenaisons…
  7. une des publications scientifiques de Donald Thomson s'intitula : ≪ The joking relationship and organized obscenity in North Queensland ≫ (≪ La plaisanterie comme communication et l'obscenite organisee dans le Nord Queensland ≫). A rapprocher de notre gauloiserie
  8. et, comme le dit Rolf de Heer (dans l'article ≪ Keeping Time with Rolf ≫ du Time (magazine) du 13 mars 2006, interview par Michael Fitzgerald) : ≪ One of the great things at the end of the shoot was that Minygululu had picked out the tree that he was going to make his canoe from the next year… ≫ (≪ et, consequence interessante : a la fin de la prise de vues, Minygululu avait selectionne l'arbre qui lui servirait l'annee suivante a faire son canoe… ≫)
  9. la marche pieds-nus dans la brousse leur a echauffe la plante des pieds, d'ailleurs probablement attendrie par le port des chaussures…
  10. C'est aussi ce theme universel qu'ont developpe les Inuit qui ont tourne le film Atanarjuat en 2002
  11. une des publications scientifiques de Donald Thomson s'intitule ≪  The hero cult, initiation and totemism on Cape York  ≫
  12. en le voyant evoluer en brousse, on se rend compte que Jamie Gulpilil, fils du celebre acteur Daniel Gulpilil, n'est pas dans son milieu habituel… Et quand il trebuche dans son canoe, tombe a l'eau, et remonte precipitamment dans la pirogue instable, on voit que ce n'est pas une scene preparee, et ses amis le brocardent avec naturel : ≪ Eeeeh, il a peur des crocodiles ! ≫
  13. une des publications scientifiques de Donald Thomson s'intitule : ≪ Economic Structure and the Ceremonial exchange cycle in Arnhem Land ≫ (1949)
  14. les images representant les menaces du sorcier ressortent a l'ecran en couleurs delavees, ce qui accentue le surrealisme des manipulations fecales, et de la description du chasseur depouille de son ame, transforme en zombie errant nu dans la brousse. Manifestement l'acteur a imite un homme en etat d'ebriete…La notion que l'homme blanc est venu avec ses alcools distilles voler l'ame (et subsidiairement les biens) des autochtones est repandue dans de nombreuses societes ≪ primitives ≫ : Chef Bromden , le colossal amerindien Creek enferme avec Mac Murphy dans le film Vol au-dessus d'un nid de coucou le dit clairement. L' alcoolisme est une plaie majeure chez les Indigenes Australiens , et l'introduction d'un succedane, la kava , a ete tentee a titre de palliatif (cf. ≪  http://www.healthinsite.gov.au/topics/Kava  ≫), tout au moins dans le Northern Territory , puis abandonnee en 2007. De meme, des mesures ont ete prises pour attenuer les effets desastreux de l'inhalation d'hydrocarbures (cf l'article Petrol Sniffing sur ≪  http://www.abc.net.au/health/  ≫ ; et le chapitre ≪ Substance Abuse ≫ de l'article Indigenous australians sur WP:en), en particulier par la vente d'essence desaromatisee AvGAs ou Opal (cf Opal (fuel) dans WP:en)…
  15. et nous suivons une belle demonstration de pistage en brousse arboree, et de tir du javelot avec propulseur. A noter qu'apparemment ni l' arc ni le boomerang ne sont utilises (d'ailleurs le boomerang serait difficile a lancer en milieu boise…)
  16. exactement les memes manifestations que celles qu'on pourrait entendre a Lusaka, Rabat, Seville, Montevideo, Vera-Cruz ou Montfermeil…
  17. selon les statistiques publiees dans l'article Indigenous Australians de WP:en, la prevalence des lesions corporelles par agression physique etait en 2004 deux fois plus forte chez les Indigenes Australiens que chez les blancs
  18. le bandicoot vit dans les regions desertiques : l'oncle est donc alle loin vers le sud…
  19. en somme une application de la regle du levirat
  20. en contraste avec nos representations classiques de la fatalite , ici ce sont deux vieillards, l'oncle decharne et ride, et le ventripotent Birrinbirrin , qui, declenchent la catastrophe…
  21. l'epreuve makaratta , une modalite d' ordalie , consiste chez les Indigenes Australiens a soumettre le coupable aux jet des sagaies des parents du mort, jusqu'au premier sang ou a l'arret de l'epreuve par epuisement des lanceurs. Le sujet-cible est libre de se mouvoir pour esquiver les javelots , ce qui laisse plus de chances au coupable que la loi du talion . L'apparition du second, de plus frere du heros, ramene a l'Iliade et au roman de chevalerie
  22. Avec des sous-titres anglais pour les dialogues (c'est cette version qui est distribuee a l'international, les sous-titres etant evidemment adaptes en d'autres langues)
  23. Sans sous-titres pour les dialogues (c'est cette version qui avait ete presentee en avant-premiere et en plein air a la population de Ramingining ).
  24. Selon WP:en (article Aborigenes d'Australie ), en Australie la denomination ≪ Aborigene ≫ est maintenant affectee d'une connotation pejorative, et le terme ≪  Indigenous Australians  ≫ est utilise preferentiellement.
  25. L'affiche de Ten Canoes montre que Jamie Gulpilil, qui joue les personnages de Dayindi et de Yeeralparil , ressemble trait pour trait a son pere David, alors qu'il incarnait 35 ans auparavant dans Walkabout le black boy qui sauve deux enfants blancs perdus dans l’ out-back .
  26. Les Australiens appellent out-back leurs regions desertiques en general, et ils ont surnomme top end le nord de leur pays.
  27. Peter Djigirr est un indigene australien de l'ethnie Yolngu qui aida Rolf de Heer sur les lieux de tournage, et s'investit a tel point dans la realisation que ce dernier lui reconnut la copaternite de l'œuvre.
  28. Cette photo est visible dans le livre Donald Thomson in Arnhem Land , de D. Thompson, Miegunyah Press, ( ISBN   978-0-522-85205-9 ) , p.  249.
  29. Thomson avait aussi longuement filme les Yolngu, et tourne 6 000 pieds de film noir-et-blanc dans de dures conditions, mais ce patrimoine inestimable disparut totalement en 1946 dans un incendie.
  30. Selon allocine.com
  31. Propos rapportes dans ≪ Keeping Time with Rolf ≫, un article de Michael Fitzgerald paru dans le Time du 13 mars 2006 : ≪ People talk about, What is a white director doing making an indigenous story? They're telling the story, largely, and I am the mechanism by which they can ≫.
  32. Selon Donald Thomson lui-meme, ≪ suivre les Yolngu dans les marecages a la fin de la saison des pluies, epoque favorable a la collecte des œufs de ≪ gumang ≫ ( canaroies , ou oies pies) etait tres difficile ≫ : bel exemple d' understatement anglo-saxon…
  33. on voit dans le film le chef Ridjimiraril (Crusoe Kurdall) froncer les sourcils et faire de la main, noblement, le geste international ≪ Je ne comprends pas, repete… ≫ lorsque les parents de l'homme qu'il a tue viennent reclamer le prix du sang  : c'est qu'ils vivent de l'autre cote du vaste marecage, et leur langue est differente de la sienne
  34. dans l'article Keeping Time with Rolf de Michael Fitzgerald, Time magazine du 13 mars 2006 : ≪ It was conceptually outside their thinking about the world ≫ dit Rolf de Heer
  35. Rolf de Heer mentionne d'ailleurs qu'il eut scrupule a faire jouer le ventripotent Richard Birrinbirrin (car l'obesite n'apparut chez les Indigenes Australiens qu'il y a une cinquantaine d'annees…) mais que la truculence du personnage l'emporta sur la vraisemblance. D'ailleurs la voix off du narrateur precise que ≪ Birrinbirrin ne pense qu'a manger, et il est tout le temps a la recherche de miel sauvage… ≫
  36. extrait d'une declaration pour Liberation , alors qu'elle est sur la Croisette avec Rolf de Heer et Richard Birrinbirrin, lors du festival de Cannes 2006 (in ≪ www. tencanoes_lefilm.com ≫). Bel exemple du travail des acteurs Yolngu : ne serait-ce qu'en ce qui concerne la nudite, il suffit de voyager de nos jours sous les tropiques pour voir quel impact desastreux ont eu sur la mentalite des habitants quelques siecles de pudibonderie occidentale
  37. selon ≪  http://www.allocine.com  ≫
  38. ≪  https://www.imdb.com  ≫
  39. ce qui a le merite de faire allusion a la polygamie traditionnelle, un des moteurs de l'intrigue, sans cesse rappelee dans le film, et qui, par les jalousies et la frustration qu'elle entraine chez les jeunes celibataires, sera a l'origine de drames dans le clan…
  40. cf. ≪  http://www.alocine.fr  ≫
  41. cf ≪  http://www.film.org.au/tencanoes.htm  ≫
  42. Un engouement qui tranche avec le petit succes d'estime que connut le film Le Pays ou revent les fourmis vertes de Werner Herzog (1984)…
  43. a l'oppose, ceux qui critiquent le paternalisme des balandas (voir les photos de panonceaux) ne peuvent nier que des mesures sont a prendre en urgence pour sauvegarder la sante et l'integrite des peuples du Territoire du Nord

Annexes [ modifier | modifier le code ]

Articles connexes [ modifier | modifier le code ]

Liens externes [ modifier | modifier le code ]