Les
Etablissements francais de l'Oceanie
(denommes
colonie de Tahiti
jusqu’en 1903) formaient une
colonie
de l'
Empire colonial francais
, qui a existe de 1880 a
1946
, date a laquelle ils deviennent un
territoire d'outre-mer
(qui prendra officiellement le nom de
Polynesie francaise
en 1957).
En 1836, le conseiller de la reine de Tahiti
Pomare
IV
, le pasteur
George Pritchard
, fait expulser deux peres catholiques francais denommes Caret et Laval. En reaction, la France envoie en 1838 l’amiral
Abel Aubert du Petit-Thouars
pour obtenir reparation. Une fois sa mission accomplie, l’amiral Du Petit-Thouars se dirige vers les
iles Marquises
, qu’il annexe en 1842. En
, l'amiral Du Petit-Thouars revient faire escale a Tahiti. Il s’allie alors avec des chefs de Tahiti hostiles aux
Pomare
et favorables a un
protectorat
francais. Il leur fait signer une demande de protectorat en l’absence de leur reine, avant d’obliger cette derniere a ratifier le traite de protectorat
[
1
]
. Avant meme que le traite ne soit ratifie par la France, Mourenhout est nomme commissaire royal aupres de la reine Pomare.
Dans le cadre de ce traite, la France reconnait la
souverainete
de l’Etat tahitien. La reine est responsable des affaires interieures, tandis que la France dirige les relations exterieures, et assure la defense et le maintien de l’ordre. En 1880 le gouverneur Chesse, soutenu par des chefs tahitiens, pousse le nouveau roi
Pomare V
a abdiquer en faveur de la France. Le
, il cede a la France le royaume de Tahiti ainsi que les iles qui en dependent. Devenue une
colonie
, Tahiti perd alors toute souverainete. Tahiti est cependant une colonie particuliere, puisque tous les sujets du royaume se voient accorder la citoyennete francaise
[
2
]
. Le
, sous les cris de ≪ Vive la Republique ≫, la foule celebre l'appartenance de la Polynesie a la France lors du premier
Tiurai
(fete nationale et populaire). En 1890, Papeete devient une
commune
de la Republique.
Les iles encore independantes sont integrees progressivement a la colonie entre
1887
[
Passage contradictoire
]
et 1901, notamment les
Tuamotou
,
Rapa
et les
iles Gambier
en 1882, puis les
iles Sous-le-Vent
en 1898, par l'abrogation de la
convention de Jarnac
.
En 1903 sont crees les Etablissements francais de l’Oceanie, qui rassemblent Tahiti, les autres
iles de la Societe
, les
iles Australes
, les
iles Marquises
et les
Tuamotu
.
Les EFO participent a la Premiere Guerre mondiale avec la Nouvelle-Caledonie au sein du
bataillon de tirailleurs du Pacifique
qui part combattre en Europe. Cette unite est dissoute en 1919. En 1914,
Papeete
est bombardee par deux croiseurs de la Marine allemande venus de
Kiautschou
et de
Nouvelle-Guinee allemande
qui cherchent a s'emparer du stock de charbon. Celui-ci est incendie alors que les canons de marine, installes a terre, tirent sur les batiments allemands. En represailles, ceux-ci
bombardent la ville
puis se retirent. Un navire allemand saisi quelques jours plus tot est coule dans le port ainsi qu'une canonniere francaise.
La periode de l'
entre-deux-guerres
marque le debut de la chute de la
production des huitres nacrieres
(pour la fabrication en Europe des boutons de nacre) et perlieres naturelles, qui etait de l'ordre de 1 000 tonnes par an de nacre brute vers 1920, et passera a 10 tonnes exportees vers 1975 en raison de la surexploitation des stocks naturellement presents dans les lagons
[
3
]
.
Apres la
reddition de la France a l'Allemagne
en 1940, les territoires francais du Pacifique se rallient au
general de Gaulle
: les
Nouvelles-Hebrides
le
, les EFO le
1
er
septembre et la
Nouvelle-Caledonie
le
.
Wallis-et-Futuna
reste en revanche fidele a Petain. Le general de Gaulle ordonne la reconquete de Wallis, craignant de voir l'ile tomber dans les mains allemandes. L'operation est validee par le general le
. Le
Chevreuil
arrive a
Papeete
le
. il y retrouve le
contre-torpilleur
Le Triomphant
present depuis le
, ils sont bientot rejoints par le
croiseur auxiliaire
Cap des Palmes
[
4
]
. Apres etre passee par Noumea, la flotte francaise libre prend Wallis le
.
En
1946
, la
constitution de la
IV
e
Republique
etablit l’
Union francaise
: les EFO passent du statut de colonie a celui de
territoire d'outre-mer
et le droit de vote est accorde aux habitants.
Comme le Protectorat auparavant, les EFO dependent du
ministere de la Marine
(Service des Colonies) jusqu'en 1894, date de creation du
ministere des Colonies
, lequel fut le seul interlocuteur en metropole, dans la mesure ou il a des services Sante, Instruction publique, etc.
La colonie est dirigee, a partir de 1881, par un
gouverneur
, representant le president de la Republique.
L'organisation des EFO est precisee par deux decrets de
[
5
]
, instituant un
Conseil general
(qui n'equivaut pas a ceux de metropole) et un
Conseil prive
du gouverneur, supprimes au debut du
XX
e
siecle (1903 et 1912). En 1903 est institue le
Conseil d'administration
, qui va durer jusqu'en 1932. Le Conseil d'administration, forme par huit fonctionnaires et trois notables (infra), a un role consultatif en matiere economique et financiere.
Les services administratifs (Affaires judiciaires, Douanes, Enregistrement, Contributions, Travaux publics, Instruction publique, Imprimerie, Port...) emploient un assez grand nombre de cadres metropolitains et des auxiliaires nommes et revoques par le gouverneur (400 a 600 employes au total).
Les administrateurs de secteur sont au nombre de cinq (en 1939) :
Tahiti
,
Tuamotu
,
Iles Sous-le-Vent
,
Australes
,
Marquises
. Les circonscriptions inferieures (districts) sont administrees par des
agents speciaux
qui sont souvent des gendarmes (ex. : Moorea, Tubuai-Raivavae...).
Periode
|
Responsable
|
Remarques
|
de 1880 a 1881
|
Henri Chesse
|
|
de 1881 a 1883
|
Frederic Dorlodot des Essarts
|
|
de 1883 a 1885
|
Nicolas Morau
|
|
de 1886 a 1893
|
Etienne Theodore Mondesir Lacascade
|
|
1893
|
Adolphe Granier de Cassagnac
|
(par interim)
|
1893
|
Lucien Bommier
|
(par interim)
|
1893
|
Jean Ours
|
(par interim)
|
de 1893 a 1896
|
Pierre Papinaud
|
|
de 1896 a 1901
|
Gustave Gallet (1850-1926)
[
6
]
,
[
7
]
|
|
1901
|
Victor Rey
|
(par interim)
|
de 1901 a 1904
|
Edouard Petit
|
|
1904
|
Victor Lanrezac
(en)
|
|
de 1904 a 1905
|
Henri Cor
|
(par interim)
|
de 1905 a 1907
|
Philippe Emile Jullien
|
|
de 1907 a 1908
|
Elie Adrien Edouard Charlier
|
(par interim)
|
de 1908 a 1910
|
Joseph Pascal Francois
(en)
|
|
de 1910 a 1912
|
Adrien Bonhoure
|
|
1912
|
Charles Hostein
|
(par interim)
|
de 1912 a 1913
|
Baptiste Geraud
|
(par interim)
|
de 1913 a 1915
|
William Fawtier
|
|
d'
jusqu'en 1919
|
Gustave Julien
|
|
1919-
|
Simoneau
|
(par interim)
|
d'
a
|
Josselin Robert
[
8
]
|
(par interim)
|
de janvier a
|
Gabriel Thaly
|
(par interim)
|
d'avril a
|
Auguste Guedes
|
|
de
a
|
Louis Rivet
|
|
de
a
|
Alfred Solari
|
(par interim)
|
de
a
|
Louis Joseph Bouge
|
(par interim)
|
du
au
|
Leonce Jore
|
|
de
a
|
Alfred Bouchet
|
(par interim)
|
de
a
|
Michel Montagne
|
|
de
a
|
Henri Sautot
|
(par interim)
|
de
au
|
Frederic Chastenet de Gery
|
|
2-
|
Comite provisoire de gouvernement :
Edouard Ahnne
, Georges Bambridge
Georges Lagarde, Emile Martin
|
|
du
au
|
Edmond Mansard
|
|
du
au
|
Emile de Curton
|
|
du
a
|
Richard Brunot
|
|
de novembre 1941 a 1945
|
Georges Orselli
|
|
de 1945 a 1947
|
Jean-Camille Haumant
|
|
- ↑
Bernard Gille, Antoine Leca, ≪
Histoire des institutions de l'Oceanie francaise: Polynesie, Nouvelle-Caledonie, Wallis et Futuna ≫, L'Harmattan, 2009,
(
ISBN
978-2-296-09234-1
)
- ↑
Loi du 30 decembre 1880, Messager de Tahiti, 25 mars 1881
- ↑
[PDF]
L'Huitre nacriere et perliere en Polynesie francaise : mutation de l'exploitation
par Andre Intes dans
La Peche maritime
n
o
1272 de mars 1984.
- ↑
Faivre 1945
,
p.
136.
- ↑
Publies au
Journal officiel de la Republique francaise
le 11 janvier 1886,
p.
169 et suivantes.
- ↑
Lagayette, Pierre, ≪
Contribution a l'histoire coloniale de Tahiti ≪ l'affaire Henri Mager ≫
≫,
Journal de la Societe des Oceanistes
, Persee - Portail des revues scientifiques en SHS,
vol.
38,
n
o
74,
,
p.
57?76
(
DOI
10.3406/jso.1982.2498
,
lire en ligne
, consulte le
)
.
- ↑
Newbury, Colin, ≪
La representation politique en Polynesie francaise, 1880-1903
≫,
Journal de la Societe des Oceanistes
, Persee - Portail des revues scientifiques en SHS,
vol.
23,
n
o
23,
,
p.
11?27
(
DOI
10.3406/jso.1967.2207
,
lire en ligne
, consulte le
)
.
- ↑
≪
Cote 19800035/229/30319
≫,
base Leonore
,
ministere francais de la Culture
.
- Jacques
Foccart
,
Foccart Parle, entretiens avec Philippe Gaillard
, Paris, 1995, 506p
- Louis Sanmarco
,
Le Colonisateur Colonise
, Paris, 1986
- Alain Peyrefitte
,
C'etait De Gaulle
, Paris, Fallois, 1994