Marie-Eleonore Duplay
[
1
]
, dite
Cornelie
ou la
Veuve Robespierre
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2
]
, nee en
1768
et decedee a
Paris
le
, est la fille de
Maurice Duplay
et de Francoise-Eleonore Vaugeois, qui accueillirent
Maximilien de Robespierre
chez eux 366,
rue Saint-Honore
, de
1791
a sa mort en
1794
.
Sa vie est peu connue. Elle avait un caractere droit et fier (d'ou son surnom de Cornelie en reference a la mere des
Gracques
). Elle etudiait la peinture sous
Jean-Baptiste Regnault
et son epouse
Sophie Regnault
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]
, et elle se revelait assez douee mais n'ambitionnait pas d'en faire son metier.
Selon la legende de la famille Duplay, Eleonore serait devenue la fiancee de l'Incorruptible pendant son sejour dans sa famille.
A ce sujet, plusieurs opinions s'opposent. A en croire sa sœur
Elisabeth
, elle etait ≪ promise ≫ a
Maximilien de Robespierre
, qui aurait dit a son sujet : ≪ Ame virile, elle saurait mourir comme elle sait aimer ≫. Un jure au tribunal revolutionnaire,
Joachim Vilate
, explique dans un pamphlet thermidorien qu'Eleonore ≪ passait pour sa femme et avait une sorte d'empire sur lui
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]
. ≫ tandis que
Joseph Souberbielle
raconte qu'≪ on repete dans toutes les histoires qu’il etait l’amant de la fille Duplay. Comme commensal habituel de cette maison, dont j’etais le medecin, je fais le serment que c’est une calomnie. Ils s’aimaient beaucoup, leur mariage etait arrete ; mais il ne s’est rien passe entre eux qui put faire rougir une vierge. Sans affectation et sans pruderie, Robespierre evitait, arretait meme, les conversations libres. Ses mœurs etaient pures
[
5
]
. ≫
A contrario
, le conventionnel Monnel ecrit dans ses papiers, arranges et publies sous le titre de
Memoires d'un pretre regicide
: ≪ On a repandu que cette fille [Eleonore] avait ete la maitresse de Robespierre. Je crois pouvoir affirmer qu’elle etait sa femme ; d’apres le temoignage d’un de mes collegues, que Saint-Just etait instruit de ce mariage secret, auquel il avait assiste. ≫
La sœur de Robespierre,
Charlotte
, rejette ces affirmations. Elle ecrit d'ailleurs dans ses Memoires : ≪ Accable d'affaires et de travaux comme il [Maximilien de Robespierre] l'etait, entierement absorbe par ses fonctions de membre de
Comite de salut public
, mon frere aine pouvait-il s'occuper d'amour et de mariage ? Y avait-il place dans son cœur pour de pareilles futilites lorsque son cœur etait rempli tout entier de l'amour de la patrie, lorsque tous ses sentiments, toutes ses pensees etaient concentrees dans un seul sentiment, dans une seule pensee, le bonheur du peuple ; lorsque sans cesse assailli d'ennemis personnels, sa vie etait un perpetuel combat ? Non, mon frere aine n'a pas pu s'amuser a faire le
Celadon
avec Eleonore Duplay. On peut juger s'il etait dispose a s'unir a la fille ainee de
M
me
Duplay par un mot que je l'ai entendu dire a
Augustin
: "Tu devrais epouser Eleonore. - Ma foi, non." repondit mon jeune frere. ≫ ou, plus clairement, ≪ D'ailleurs, je puis l'attester, il me l'a dit vingt fois, il ne ressentait rien pour Eleonore ; les obsessions, les importunites de sa famille etaient plus propres a l'en degouter qu'a la lui faire aimer. ≫
Un pamphlet publie apres Thermidor signe de
Merlin de Thionville
mais redige par
Roederer
, sans citer Eleonore en particulier, rapporte : ≪ Il est faux qu'il [Robespierre] ait eu l'honneur d'aimer les femmes, au contraire, il leur a fait l'honneur de les hair. ≫
Jules Michelet
, dans son
Histoire de la Revolution Francaise
, rencherit : ≪ Pour Robespierre, il n'y avait pas a songer a lui donner une maitresse. ≫ Le conventionnel
Marc Antoine Baudot
semble aussi abonder dans ce sens : ≪ La famille Duplay rendait une espece de culte a Robespierre. On a pretendu que ce nouveau Jupiter n'avait pas eu besoin de prendre les metamorphoses du dieu de l'Olympe pour s'humaniser avec la fille ainee de son hote, appelee Eleonore. Cela est de toute faussete. Comme toute sa famille, cette jeune fille etait fanatique du dieu Robespierre, elle etait meme plus exaltee a raison de son age. Mais Robespierre n'aimait point les femmes, il etait absorbe dans son illumination politique ≫. Il ajoute pourtant en note qu'≪ Il y a quelque raison de croire qu'il songeait a l'epouser
[
6
]
. ≫
Les plans de la maison de la famille Duplay, publies par
Victorien Sardou
, prouvent que l'Incorruptible n'aurait pu rejoindre Eleonore dans sa chambre sans traverser celle de ses parents.
Guy Breton
constate cependant la ≪ faiblesse ≫ de cette defense de la chastete de leurs relations : ≪ [On pretend] que les relations entre Maximilien et Eleonore etaient impossibles a cause de la disposition des pieces dans l’appartement des Duplay. En effet, il fallait traverser la chambre des parents pour aller de la chambre de la jeune fille a celle de Robespierre.
Il faut n’avoir jamais ete amoureux pour croire que deux jeunes gens puissent etre arretes par un tel obstacle…
[
7
]
≫
On la laissa en liberte apres le
9-Thermidor
an II
(
). Mais elle alla volontairement s'enfermer avec Elisabeth (qui avait epouse en
1793
l'un des collegues et amis de Robespierre,
Philippe Le Bas
), qui avait ete trainee en prison avec
son bebe
age de six semaines. ≪ Oh ! je ne t'oublierai pas de ma vie, ecrivit par la suite
Elisabeth Le Bas
dans ses
Memoires
, car sans toi j'aurais succombe ; mais par ton courage, tu as ranime mes forces et tu m'a appris que j'avais une grande tache a remplir que j'avais un fils, qu'il fallait vivre pour lui. ≫
Elle est enterree au cimetiere du Pere Lachaise (Division 34: entree Rue de Bagnolet).
- ↑
Annales historiques de la Revolution francaise
, Societe des etudes robespierristes, vol. 58,
n
o
263-266, 1986,
p.
134.
- ↑
L. Noiset,
Robespierre et les Femmes
, Editions Nilsson, 1932, p. 69
- ↑
S.L. Siegfried, "
The Visual Culture of Fashion and the Classical Ideal in Post-Revolutionary France
",
The Art Bulletin
vol. 97, no. 1 (2015), pp. 77-99.
- ↑
Joachim Vilate,
Causes secretes de la revolution du 9 au 10 thermidor
, Paris, an iii (1794)
(
lire en ligne
)
, p. 16
- ↑
Dr Francois-Louis Poumies de La Siboutie,
Souvenirs d'un medecin de Paris
, Paris,
Plon-Nourrit
,
(
lire en ligne
)
, p. 27
- ↑
Notes historiques sur la Convention nationale, le Directoire, l'Empire et l'exil des votants
(publiee par
M
me
VVe Edgar Quinet, nee Asaky), Paris, Imprimerie D. Jouaust, 1893,
p.
242.
- ↑
Histoires d'amour de l'histoire de France
tome 6 Du Duc d'Orleans a Bonaparte - Noir et Blanc 1960,
p.
52.
- Ressource relative aux beaux-arts
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