Le
patriarcat orthodoxe grec de Jerusalem
est une juridiction canonique autocephale de l'
Eglise orthodoxe
pour
Israel
, la
Palestine
, la
Jordanie
et le
Sinai
, aussi appelee
Eglise orthodoxe de Jerusalem
. Le chef de l'Eglise, actuellement
Theophile III
[
1
]
(depuis le
), porte le titre de
Patriarche
, avec residence a
Jerusalem
, a la ≪ petite Galilee ≫.
L'Eglise orthodoxe de Jerusalem, avec environ un demi-million de fideles au
XXI
e
siecle, tient toujours une place importante au sein de l'
Eglise orthodoxe
, mais surtout pour son role de gardienne des
lieux saints
de
Jerusalem
et parce que sa
liturgie
a influence celle de
Constantinople
et est ainsi l'une des sources essentielles de la
liturgie orthodoxe
[
2
]
.
Juridiction du Patriarcat orthodoxe grec de Jerusalem (territoire primaire).
Sa titulature officielle est :
Patriarcat
de la Sainte Cite de Jerusalem et de toute la Palestine, la Syrie, l'Arabie Petree, le Jourdain, Cana de Galilee et la sainte Sion
. Il existait durant la
periode byzantine
(395-630) et etait l'un des membres de la
Pentarchie
de l'
Eglise chretienne
instituee par l'empereur
Justinien
et validee par le
Concile de Chalcedoine
(les quatre autres membres etant les
Eglises
de
Rome
,
Constantinople
,
Antioche
et
Alexandrie
)
[
3
]
. Comme les autres Eglises orthodoxes du
Proche-Orient
, les
Arabes
la nomment familierement
≪ roumie ≫, c'est-a-dire ≪ romaine ≫ ou byzantine
: cette denomination
arabe
est souvent improprement traduite par ≪ grecque-orthodoxe ≫, ce qui ne se justifie guere, car si le patriarche orthodoxe de Jerusalem est traditionnellement et frequemment un
grec
, la majorite du clerge et des fideles sont d'origine et de langue arabe.
Jusqu'en 134, au debut de la seconde revolte juive contre Rome, les chretiens de la
Judee
qui vivaient dans la region de la
Palestine
sont majoritairement juifs et representent encore le noyau central de l'
Eglise primitive
. Leur
qehila
a une structure de type collegial : la liste des 15 premiers eveques de Jerusalem donnee par
Eusebe de Cesaree
semble en effet se referer a des "
episcopes
" ayant siege en commun a Jerusalem
[
4
]
. L'echec de la revolte de
Bar-Kokhba
entraine l'expulsion des juifs de Jerusalem par l'empereur
Hadrien
et la destruction d'une grande partie de la ville sainte. Une population encore paienne, de langue arameenne et d'origine syrienne vraisemblablement, vient s'installer dans une ville desormais reconstruite sous le nom d'
Ælia Capitolina
. Depuis lors les eveques sont en majorite d'origine non juive (on parle de "pagano-chretiens" par distinction des "judeo-chretiens")
[
5
]
, meme si les communautes judeo-chretiennes restent presentes dans le pays. Le
Contra Haereses
d'
Epiphane de Salamine
fait allusion a plusieurs de ces communautes, que l'on peut egalement voir a l'œuvre, en la personne de
Jacques
notamment, dans certaines couches anciennes des
Ecrits pseudo-clementins
[
6
]
. Si elles sont qualifiees d'≪
heretiques
≫ a partir du
IV
e
siecle, l'influence de certaines d'entre elles (du
nazoreisme
par exemple sur la formation du christianisme en Palestine et de la dans le reste de l'empire) ne doit pas etre sous-estimee. Les sources liturgiques en particulier permettent de retracer le role important qu'a joue le
judeo-christianisme
, au plan des formules comme des rites liturgiques, dans l'
histoire du christianisme
d'Empire
[
7
]
.
Au
Concile de Chalcedoine
en
451
, les trois provinces de la Palestine sont detachees du
patriarcat d'Antioche
pour constituer un patriarcat autonome. L'
Eglise chretienne
est ensuite organisee en
cinq patriarcats
(
Alexandrie
, Antioche,
Constantinople
, Jerusalem et
Rome
) jusqu'a ce que les evolutions ulterieures (multiplication des
patriarcats
autocephales
,
separation des Eglises d'Orient et d'Occident
) en modifient le nombre. L'
Eglise de Jerusalem
a utilise son
rite liturgique propre
dont la transposition monastique est la
liturgie de Mar Saba
jusqu'a l'epoque des
croisades
(
XII
e
siecle)
[
8
]
.
A partir du milieu du
XIX
e
siecle
, alors que l'
Empire ottoman
adoptait une politique plus liberale a l'egard des Eglises et que le developpement des transports modernes permit l'accroissement des flux de pelerins, le Patriarcat orthodoxe ainsi que les autres Eglises de Terre sainte, acquirent de nombreuses terres dans la region de Jerusalem, dont la zone urbanisee etait alors cantonnee a la vieille ville. Avec le developpement moderne de la ville, ces terrains et immeubles ont acquis de plus en plus de valeur
[
9
]
.
L'actuel patriarche de Jerusalem,
Theophile III Giannopoulos
a ete elu le
, reconnu la meme annee par l'
Autorite palestinienne
et la
Jordanie
, puis par
Israel
le
.
En 2015, la communion fut rompue entre le
patriarcat orthodoxe d'Antioche
et celui de Jerusalem en raison du conflit de juridiction
≪ opposant les deux patriarcats au sujet de l'Eglise grecque-orthodoxe au Qatar ≫
[
10
]
,
[
11
]
.
Le
territoire canonique
du patriarcat orthodoxe de Jerusalem comprend
Israel
, la
Palestine
, la
Jordanie
et la
peninsule
egyptienne
du
Sinai
.
Nota bene
: cette liste, dressee a titre indicatif et provisoire, reprend des elements de differentes sources qui ne se recoupent pas entierement.
- Archeveche patriarcal de
Jerusalem
- Archeveche de
Tiberiade
- Archeveche de
Gaza
- Archeveche de Constantinis
- Archeveche de Kiriakoupolis
- Archeveche de Sebaste
- Archeveche du Mont-Thabor
- Archeveche de Diocesaree
- Archeveche de Philadelphie
- Archeveche de Hieropolis et de la
Jordanie
orientale (
Amman
)
- Archeveche du Sinai
- Metropole de
Petra
- Metropole de Neapolis (
Naplouse
)
- Metropole d'
Ascalon
- Metropole de Scythopolis (
Nazareth
)
- Metropole de
Jaffa
- Metropole d'Eleutheropolis
- Metropole de Ptolemais (
Acre
)
- Metropole de
Bostra
Representations en dehors du territoire canonique
[
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|
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]
Le signe ≪ Tau Phi ≫ ("TΦ").
Le patriarcat a des representants en dehors de son territoire primaire qui portent le titre d' ≪
exarques du
Saint-Sepulcre
≫.
Il dispose d'une quinzaine de paroisses aux
Etats-Unis
, notamment en
Californie
.
La paroisse orthodoxe de Doha au
Qatar
est egalement une
metoque
du patriarcat de Jerusalem (le patriarche
Theophile III
fut representant du patriarcat au Qatar)
[
12
]
.
Le patriarcat de Jerusalem parraine en outre la ≪ Confrerie du
Saint Sepulcre
≫ dont l'embleme est le
Tau-Phi
, signifiant
taphos
(tombe), appose sur ses dependances et ses
metoques
.
L'Eglise orthodoxe de Jerusalem est le second proprietaire foncier et le premier proprietaire foncier prive d'Israel
[
13
]
,
[
14
]
. Elle possede de nombreuses proprietes et d'immenses terrains herites de l'histoire ou acquis au cours des siecles
[
15
]
. Le Patriarcat de Jerusalem tire l'essentiel de ses revenus de ce patrimoine
[
9
]
.
Avec le developpement de l'
Aliyah
, le Patriarcat loue de nombreuses terres a la population juive, a Jerusalem comme a
Haifa
,
Lod
, et
Jaffa
ou
Ramla
. En 1955, un accord est trouve entre le
Fonds national juif
et le Patriarcat. Un bail est signe, le Patriarcat conserve la propriete des terres qu'il loue au FNJ pour une duree de 99 ans
[
9
]
.
A Jerusalem, le patriarcat est proprietaire de 20 % de la
Vieille ville
mais aussi de quartiers entiers dont
Rehavia
et
Talbiyeh
,
Nayot
, d'une grande partie de
Katamon
et de
Rassco
. Le patriarchat possede aussi la
vallee de la Croix
, le terrain de l'
Hotel King David
, la
Knesset
, la residence du Chef de l'Etat
[
16
]
, la
Grande synagogue
sont aussi construites sur des terrains appartenant au Patriarcat
[
9
]
.
La gestion de cet immense patrimoine est un enjeu non seulement economique mais aussi politique. Dans ce contexte, le Patriarche
Irenee I
er
a ete depose en mai
2005
a la suite d'un scandale lie a des operations immobilieres a Jerusalem: il fut accuse d'avoir vendu et d'avoir laisse vendre sans concertation des terrains et immeubles a des investisseurs israeliens qui en ont profite pour expulser les palestiniens chretiens qui y vivaient
[
17
]
.
L'Eglise est membre du
Conseil œcumenique des Eglises
ainsi que du
Conseil des Eglises du Moyen-Orient
.
- ↑
≪
Orthodox Research Institute
≫, sur
Orthodox Research Institute
(consulte le
)
.
- ↑
Walter Bauer,
Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity
, ed. Sigler Press, 1996
(
ISBN
978-0-9623642-7-3
)
(reed.);
Traduction originale en anglais (1934) en ligne
- ↑
Georgica Grigorita,
L'autonomie ecclesiastique selon la legislation canonique actuelle de l'Eglise orthodoxe et de l'Eglise catholique : etude canonique comparative
, Gregorian Biblical Bookshop, Rome 2011, 602 p.,
(
ISBN
978-88-7839-190-1
)
,
[1]
.
- ↑
Y. Lederman,
(en)
≪ The Jewish Bishops of Jerusalem ≫,
Revue biblique
n° 104 (1997), pp.211-222
- ↑
Selon Francois Blanchetiere,
Enquete sur les racines juives du mouvement chretien
les concepts de
pagano-chretiens
et de
judeo-chretiens
sont depasses meme s'ils restent commodes d'usage.
- ↑
Les
Ecrits pseudo-clementins
ne doivent pas etre pris au mot comme de l'histoire, si l'on suit Blanchetiere
op. cit.
, et plus encore
Daniel Boyarin
,
Mourir pour Dieu
, Bayard
- ↑
Elements dans S. Verhelst, ≪ Les traditions judeo-chretiennes dans la liturgie de Jerusalem, specialement la Liturgie de saint Jacques frere de Dieu ≫ dans
Textes et etudes liturgiques
,
Studies in Liturgy
n° 18, Louvain (Leuven) 2003. Par ailleurs, les juifs proprement dits restent eux aussi presents dans les campagnes et les ports : il s'agit de
Mizraites
et de
Romaniotes
pour la plupart, qui suivent encore, a cette epoque, le
Talmud de Jerusalem
.
- ↑
Adolf von Harnack (
trad.
Eugene Choisy, postface Kurt Kowak),
Histoire des dogmes
, Paris, Cerf,
coll.
≪ Patrimoines. Christianisme ≫,
,
2
e
ed.
, 495
p.
(
ISBN
978-2-204-04956-6
,
OCLC
409065439
,
BNF
35616019
)
- ↑
a
b
c
et
d
Carl Hoffman, ≪
A qui appartient la Ville sainte ?
≫, sur
Jerusalem Post
(consulte le
)
- ↑
≪ Le Patriarcat orthodoxe d'Antioche rompt la communion avec le Patriarcat de Jerusalem ≫
.
- ↑
La paroisse orthodoxe de Doha au
Qatar
est theoriquement rattachee au Patriarcat d'Antioche, mais le patriarche
Theophile III de Jerusalem
qui commenca sa carriere au Qatar, en fit une
metoque
de celui de Jerusalem :
St. Isaac and St. George Greek Orthodox Church of Qatar
.
- ↑
St. Isaac and St. George Greek Orthodox Church of Qatar
- ↑
≪
A Jerusalem, la vente de biens de l’Eglise grecque-orthodoxe provoque de fortes tensions
≫,
La Croix
,
(
ISSN
0242-6056
,
lire en ligne
, consulte le
)
- ↑
Claire Bastier, ≪
Les affaires opaques de l’Eglise orthodoxe en Israel
≫,
Le monde
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(
lire en ligne
, consulte le
)
- ↑
(en)
Itamar
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Ruth
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, ≪
The Church and Landed Property: The Greek Orthodox Patriarchate of Jerusalem
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Middle Eastern Studies
,
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ISSN
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lire en ligne
, consulte le
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, Oxford University Press,
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lire en ligne
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Rene
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Ces chretiens qu'on assassine
, Flammarion,
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ISBN
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lire en ligne
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