La bataille pour la conquête du Grand Nord et de ses ressources énergétiques est relancée, dans une certaine confusion. Le Canada, qui a signé en 2003 la convention des Nations unies sur le droit de la mer, avait en principe jusqu'au vendredi 6 décembre pour déposer un dossier devant la Commission onusienne des limites du plateau continental, afin de faire valoir sa souveraineté sur une partie de la zone arctique.
Mais, jusqu'au dernier moment, le ministère canadien des affaires étrangères a laissé planer le doute sur la date et les détails de ce dépôt, indiquant simplement que l'annonce en serait faite
« en temps et lieu »
utiles. Un certain flou réglementaire permettrait en effet au Canada d'attendre la fin de l'année. Il pourrait aussi ne présenter qu'un dossier partiel pour protéger ses intérêts, en se réservant le droit de compléter ultérieurement sa demande. En poussant alors ses revendications territoriales au-delà d'une partie de l'océan Arctique, jusqu'au pôle Nord. Une visée à très forte charge symbolique et politique, la Russie et le Danemark convoitant eux aussi ce pôle.
Le quotidien canadien
The Globe and Mail
affirmait cette semaine que le premier ministre, Stephen Harper, avait fait personnellement la demande à ses experts d'inclure le pôle Nord à la demande canadienne, alors que le dossier initial n'en portait pas mention.
PLUS DE 20 % DES RÉSERVES MONDIALES DE PÉTROLE ET DE GAZ
« L'intervention de dernière minute du premier ministre a changé la donne »
, analyse Michael Byers, chercheur en droit international à l'université de Colombie-Britannique. Il y voit
« un manque flagrant de reconnaissance du travail des scientifiques et des experts juridiques »
qui ont planché depuis plusieurs années sur la collecte et l'analyse de données dans l'Arctique, puis sur la formulation de la revendication.
« En intervenant politiquement sur un dossier qui devait être fondé sur des données irréprochables, M. Harper risque d'entacher la réputation scientifique et diplomatique du Canada »
, déplore le chercheur.
Démagogique pour les uns, stratégique pour les autres, la décision de M. Harper d'intégrer le pôle Nord dans la revendication nationale apparaît comme une démonstration de force face aux prétentions russes et danoises dans une zone de plus en plus convoitée.
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