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Emeutes de 1959 : la Martinique regle ses comptes avec le colonialisme

Emeutes de 1959 : la Martinique regle ses comptes avec le colonialisme

En 1959, ?la Martinique decide une fois pour toutes de regler ses comptes avec le colonialisme. Tout part d’un banal accrochage entre un automobiliste blanc et un jeune martiniquais sur un scooter, un 20 decembre. Le ton monte entre les deux, les gendarmes sont appeles en renfort…

Nous sommes le 20 decembre 1959, sur une route de Fort-de-France, en Martinique . Nous sommes treize ans apres la loi de departementalisation*qui est censee garantir aux desormais ultramarins de faire partie de la France, au meme titre que n’importe quel autre espace francais et avec les pleins droits que cela engage. Pourtant, les choses ne semblent pas avoir changees pour les habitants des Antilles. Un automobiliste martiniquais noir se dispute violemment avec un autre automobiliste metropolitain blanc. Des habitants des environs accourent pour prendre part a la dispute, ils s’attroupent autour des deux hommes. La police est appelee en renfort. La confrontation degenere en emeute?: 5 personnes sont blessees, dont un sous-lieutenant qui decedera de ses blessures posterieurement?; 3 martiniquais perdent la vie?: Edmond Eloi Veronique, Julien Betzi et Christian-Pierre Marajo. Suite a cela, les emeutes se poursuivent les 21 et 22 decembre?; des commissariats et des immeubles sont vandalises. Pour la premiere fois, la Martinique fait bloc et se rebelle contre l’oppression. Ces evenements violents materialisent une colere sourde partagee par la population de puis trop longtemps.

 

Creation de l’OJAM, organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique

Apres ce ≪?decembre noir?≫, la Martinique est determinee a se dresser contre le joug colonial. Aussi, trois ans plus tard, en 1962, des militants se regroupent pour creer l’OJAM?: organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique. La meme annee, le mouvement ?edite son manifeste intitule ≪?La Martinique aux martiniquais?≫, affirmant clairement son desir d’independance. Grace a un affichage clandestin, de nuit, ce brulot est placarde sur tous les batiments publics a travers la Martinique les 23 et 24 decembre. Motivee par un vent d’insurrection qui touche toutes les anciennes colonies francaises de l’Asie a l’Afrique et par la litterature de Frantz Fanon , les jeunes de l’OJAM brandissent le poing en l’air. Les 18 signataires du manifeste sont arretes en 1963 et emprisonnes en metropole, a la maison d’arret de Fresnes (Seine et Marne) au motif d’?≪?Atteinte a la surete de l’Etat?≫. Leur proces aura lieu en 1964?; ils seront tous acquittes.

decembre-1959

Les colonies a l’aire independantiste

En 1946, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Reunion deviennent departements outre-mer . Une concession faite par la metropole pour reduire les velleites d’emancipation. Pour autant, les ultramarins ne jouissent pas des memes avantages que leurs concitoyens francais. La frustration et le desir d’autonomie s’amplifient. Paris, qui ne veut rien lacher et entre alors dans une ere de joyeuses ratonnades, notamment en? Martinique en 1959, en Guyane en 1962, en Guadeloupe en 1967 et a la Reunion en 1991. Aujourd’hui, en depit de timides conciliations, les revendications ultramarines n’ont jamais veritablement trouve satisfaction. Aussi, le probleme n’ayant jamais ete resolu, l’histoire s’est repetee. En 2009, la Guadeloupe s’embrasait a nouveau, suivie de la Reunion en 2012 et de la Martinique en 2014.

Photo ,de l'OJAM
Photo ,de l’OJAM

En 1962, la France est dans un enlisement total en Algerie. Un bourbier qui dure depuis le debut les annees 1950, Paris ayant completement sous-estime la determination des algeriens a etre libres. Ce contexte va influencer la politique etrangere gauloise (et gaulliste) et forcer tous les anciens territoires annexes par la France a choisir le camp de la complaisance ou celui de la rebellion. C’est ce rapport de force qui contraint d’ailleurs le general a accord un semblant d’independance aux pays d’Afrique. Il n’est pas question toutefois de parler d’independance des Antilles-Guyane.

Ordonnance Debre ?: 15 octobre 1960, l’ordonnance Debre autorise que les fonctionnaires de l’Etat francais en outre-mer consideres comme dissidents soient contraints a l’exil force en metropole, sur decision des prefets. La Reunion, la Martinique, La Guyane et la Guadeloupe en feront les frais.

En Juin 1963, la jeunesse des Antilles, etouffee par le chomage et la surpopulation est priee de gagner la Metropole. La France manque de main d’œuvre, surtout pour les taches les moins qualifiees de la societe. Le Bureau de developpement des migrations dans les departements d’outre-mer (Bumidom) est cree. Sous la tutelle de Robert Debre, on dispatche les ultramarins vers les postes ininteressants et penibles que les metropolitains rechignent alors a executer. Tout le monde est content?: des cacahuetes pour les macaques et la paix pour la classe dirigeante qui craint que cette jeunesse en colere n’embrasse les theories independantistes.

 

SK
SK
SK est la redactrice/ journaliste du secteur Politique, Societe et Culture. Jeune femme vive, impetueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualite.

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