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Chronique

Ce qui ne va vraiment pas mieux

Dire que la croissance s'ameliore et qu'un espoir se dessine sur le chomage est acceptable. Pretendre que nous sommes sortis d'affaire est abusif. Deux deficits, celui du budget et celui des echanges exterieurs, plombent la France.

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Par Eric Le Boucher (editorialiste aux ≪ Echos ≫)

Publie le 13 mai 2016 a 01:01

Plus personne ne l'ignore, la France souffre de deux deficits. Le premier, budgetaire, est le resultat d'une tres mauvaise gestion publique depuis des decennies. Les progres enregistres par l'actuel gouvernement, sous la pression de nos partenaires europeens, sont minces, sinon negligeables. La faiblesse des taux d'interet est une benediction pour ne quasiment rien faire. Helas ! Avec une croissance (1,5 %) miraculeusement (petrole, taux d'interet) revenue a son ≪ potentiel ≫, voire un peu au-dessus, la reduction du deficit devrait etre beaucoup plus decidee et plus rapide. Sinon, quand le fera-t-on ? Sans avoir reconstitue un amortisseur, comment abordera-t-on la prochaine recession ? Le gouvernement, en matiere budgetaire, n'est pas serieux.

Le deuxieme deficit est celui de nos echanges exterieurs. Le premier eclaire la mauvaise situation de l'Etat. Le second est encore plus grave, puisqu'il provient de la mauvaise forme de l'economie dans son ensemble. Il est profondement structurel. Francois Hollande, candidat, ignorait cette gravite, ou la minorait. Il ne l'a decouverte qu'a l'ete 2012, grace a Louis Gallois, dont le rapport etait parfait. Virage sur l'aile, le president de la Republique a compris que le defaut de competitivite francaise etait a la racine de tous les maux du pays, il lance le Cice et ne deviera pas. Mais il n'a pas jamais su trouver les mots pour l'expliquer, d'ou ses ennuis politiques avec ses electeurs et avec son ancien parti. La politique de l'offre est totalement incomprise par les appareils a gauche, elle est vue comme une ≪ trahison ≫. L'eclatement de la majorite auquel on assiste a propos de la loi El Khomri montre combien n'est pas partagee cette analyse du mal economique francais.

Le bilan global du Cice n'est pas encore fait, a cause de la lenteur des statistiques. La polemique peut des lors perdurer, notamment sur les emplois ≪ sauves ≫ ou ≪ crees ≫ par la politique de l'offre et sur le ciblage des mesures vers des beneficiaires qui n'en ont pas forcement besoin (comme La Poste). Il est acquis que les marges des entreprises se redressent, prealable a l'investissement et a l'embauche. Il est acquis que les couts du travail, abaisses de 6 % entre 1 et 2,5 SMIC par ces mesures, sont repasses sous les niveaux allemands mais qu'entre-temps Espagnols et Italiens ont fait des efforts. Il est acquis aussi que ce regain de competitivite n'est du qu'a sa composante ≪ charges ≫ et non pas aux salaires eux-memes, les chefs d'entreprise ne faisant pas leur partie du chemin de la moderation.

Y aura-t-il en 2016 un retour des investissements et des embauches ? C'est tres probable. L'Insee, qui le dit, en souligne aussi la faiblesse. L'inversion de la courbe du chomage ne sera que legere, elle laissera toute la place a tous les commentaires politiques possibles.

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Le fait principal est que le deficit du commerce exterieur ne s'ameliore pas. Il ne va mieux (amelioration de 12 milliards d'euros en 2015) que grace a la chute du prix du petrole et des matieres premieres (gain sur la facture de 14 milliards). Le regain de competitivite de l'economie francaise, grace a la politique de l'offre, a permis une stabilisation des parts de marche des exportateurs francais. L'amelioration vient d'Airbus, des ventes d'armes, du luxe, de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire, et d'un leger mieux des automobiles. Mais la faiblesse reste double. D'abord, le tissu industriel est si degrade, si plein de trous, que la France importe de plus en plus de tout. Toute hausse de la consommation creuse le deficit de facon alarmante, ce que refusent de voir les frondeurs, cela dit au passage. Aucun secteur n'est plus ≪ tenu ≫. Peut-etre est-ce inevitable, les economies modernes sont imbriquees, les chaines de fabrication sont desossees, faites d'allers-retours, d'import-export, et ce qui compte est la valeur ajoutee operee en France. Mais les chiffres ne sont pas rassurants. En clair, la politique de l'offre sauverait in extremis un tissu industriel dechire de toute part, mais nous sommes loin de le recoudre, encore plus loin d'une refondation industrielle francaise.

L'examen des exportations va dans le meme sens. La France ne regagne encore aucune part de marche. Patrick Artus, de Natixis, evoque une ≪ contraction du secteur exportateur ≫ . De moins en moins d'entreprises exportent. Soit elles delocalisent pour produire sur les marches etrangers, ce qui devrait pouvoir etre limite avec un regain de competitivite du sol France. Soit elles renoncent, ce qui est le pire. L'inquietant est d'observer une baisse de l'excedent de nos echanges de services, qui, hier, compensaient un peu le deficit des echanges de biens.

L'economie francaise se desengaget-elle de l'economie mondiale ? Un repli sur l'economie symetrique du repli de l'Allemagne de la geopolitique ? La France est loin d'aller mieux. L'analyse du deficit exterieur persistant laisse deviner une evolution profondement mauvaise, poursuit Patrick Artus. D'abord, le deficit de paiement finira par etre juge inquietant par les marches financiers, qui le feront payer sur les taux d'interet. Ensuite, la deformation de l'economie vers des secteurs des services abrites de la concurrence, ≪ ce qui reduira le niveau de productivite et des salaires ≫ . Enfin, une sorte d'enfermement dans une spirale d'un chomage structurel eleve : les seuls besoins de main-d'oeuvre sont a qualification faible, mais la hauteur du SMIC les bloque.

La persistance des deux deficits francais montre que ≪ cela ne va pas mieux ≫, loin de la. Les chiffres de la surface, croissance amelioree, et meme chomage, sont tres superficiels. Le redressement en profondeur de la situation economique ne se voit pas, au contraire.

Eric Le Boucher

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