Connu pour son matériel de ski et de sports d'hiver, le groupe Salomon - principale filiale du finlandais Amer Sport depuis 2005 - avait, avant même ce rachat, démarré un aggiornamento dans les chaussures, notamment de course à pied, et les vêtements de sport, deux secteurs très rentables qui affichent aujourd'hui une croissance à deux chiffres des ventes.
Cette métamorphose de Salomon, engagée depuis une vingtaine d'année dans les chaussures de sport et depuis dix ans dans le textile s'est avérée payante: ces deux activités représentent désormais plus de 60% des ventes de la marque, explique le président Jean-Marc Pambet.
"Nous avons franchi la barre historique de 300 millions d'euros de chiffre d'affaires dans les chaussures en 2012 et de 100 millions dans les vêtements"
, explique-t-il. Au point que cette stratégie de diversification devrait être déclinée par la maison mère dans toutes les filiales du groupe.
CONCEPTION À ANNECY, PRODUCTION EN ASIE
Si la fabrication des chaussures et du textile de Salomon est entièrement délocalisée en Asie –essentiellement en Chine, au Vietnam, en Indonésie, au Cambodge et en Inde –, tandis que les skis et les fixations sont fabriqués en Autriche, et dans les pays de l'Est, les bureaux d'Annecy font encore travailler près de 850 personnes. Sur un immense site de 33 500 m
2
, tous les nouveaux produits Salomon, Mavic ou les chaussures de tennis Winston y sont imaginés, étudiés, développés et prototypés grâce à une gamme complète de moyens techniques (composite, injection, mécanique, thermie, couture, informatique...).
L'an dernier, 32 nouveaux emplois ont été créés sur ce site, pour des ingénieurs en innovation et des spécialistes d'internet.
"Il faut deux à trois ans pour développer un nouveau produit comme une chaussure de ski"
, explique M. Pambet. Après les tests en laboratoires, des essais sont pratiquée sur des pisteurs en station, des guides de montagne, des athlètes....
Ancien élève d'HEC entré chez Salomon dès 1985, M. Pambet s'est donné pour objectif de passer de 650 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012 à un milliard d'ici trois ou quatre ans,
"tout en restant leader mondial sur les sports d'hiver et en réalisant 70% des ventes grâce aux chaussures de sport et au textile"
.
DÉVELOPPEMENT À L'INTERNATIONAL
Cette ambition passe par une expansion à l'international. Aujourd'hui, plus des deux-tiers du chiffre d'affaires est réalisé en Europe.
"Nous voulons nous développer aux Etats-Unis, en Russie, en Chine et au Japon"
, affirme le président. Les Japonais, qui ont dopé la croissance des marques européennes de ski dans les années 1960 en achetant du matériel très haut de gamme, pratiquent désormais trois fois moins le ski qu'à cette époque.
La croissance de Salomon passera aussi par un rythme soutenu d'ouvertures de magasins en propre qui complèteront les 176 points de vente existants, dont seulement deux dans l'Hexagone, à Chamonix et Toulouse. Les boutiques en ligne sont une vitrine pour le groupe et servent à vendre des produits très ciblés non référencés dans les magasins multimarques (comme Intersport, Decathlon, Go Sport, Sport 2000 ou le Vieux campeur).
Salomon est désormais plus de trois fois plus gros que son principal rival installé en France, Rossignol. Détenu majoritairement par Chartreuse et Montblanc (filiale de l'australien Macquarie) Rossignol a relocalisé en 2011, de Taiwan à Sallanches une ligne de production de 75 000 paires de skis par an. Présidé par Bruno Cercley, ce groupe conserve quatre usines en Europe de l'Ouest. Situé à Saint-Jean-de-Moirans (Isère), Rossignol a réintégré les activités de sa marque textile précédemment exploitée sous licence. Cette activité ne représente que 10 % des ventes.
Lire aussi :
Rossignol investit 10 millions d'euros dans ses usines française et espagnole