Une fois de plus, le " Deep South " fait bande à part. La question est de savoir s'il voudra en novembre voter " utile " en se ralliant à M. Nixon, qui, à Miami-Beach, monta tout un scénario pour donner l'impression - provisoire et régionale - qu'il ne reculerait devant aucune concession pour courtiser les bonnes grâces du Sud, s'arrangeant pour combler de publicité le sénateur Strom Thrumond, transfuge démocrate passé au républicanisme goldwatériste, ou s'il suivra son penchant sécessionniste en donnant sa majorité à l'ex-gouverneur Wallace, dont l'espoir scabreux est de saboter légalement toute l'élection présidentielle en abusant des licences offertes par une constitution qui, sur le chapitre du mode de scrutin, n'a pas été retouchée depuis Robespierre (ou le marquis de Lafayette, comme on voudra).
Notons à cette occasion que le seul candidat qui fasse vraiment recette quand il se déplace est l'ex-gouverneur Wallace. Sans doute n'attire-t-il que des convaincus et choisit-il soigneusement son itinéraire. Mais il a toujours devant lui des salles combles et vibrantes, même en dehors du Sud, même quand il s'adresse à des audiences qui n'ont pas été réunies sur son seul nom. Candidats " sérieux ", MM. Nixon et Humphrey s'obligent, pour compenser leur assez faible magnétisme personnel, à des courbettes multilatérales qui les enlisent dans des généralités insipides ou les contraignent à s'afficher en douteuse compagnie.
La chute de M. Daley
Pour des raisons diverses et divergentes, ni M. Nixon ni M. Humphrey n'ont eu à leur " convention " respective le soutien de la Californie et de New-York, et tous les deux ont dû se rabattre sur des co-listiers honorables mais parfaitement incolores. C'est surtout le cas du candidat démocrate à la vice-présidence, le sénateur Edmund Muskie. Né en 1914, M. Muskie a vingt ans de vie publique derrière lui. Ce n'est pas quelqu'un d'insignifiant mais, comme il l'a prouvé depuis l'écrasante promotion dont il a été l'objet, et qui l'a forcé à sortir de la réserve, à prodiguer des interviews, il n'est pas à son aise dans les grands problèmes. Ses apparitions à la télévision l'ont jusqu'ici desservi. Il respire plus la sincérité que la sûreté d'expression. On ne lui a pas encore appris à cacher qu'il n'avait rien à dire.
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