Washington, 9 février (A.F.P., Reuter). - Pour la première fois depuis 1948, un troisième parti national " indépendant " issu d'une scission au sein du parti démocrate présentera un candidat aux élections présidentielles de novembre prochain. M. George Wallace, gouverneur ségrégationniste de l'Alabama, qui s'est pratiquement succédé à lui-même dans ces fonctions en faisant élire sa femme Lurleen, a maintenant jeté officiellement son " chapeau dans l'arène d'une manière irrévocable " pour répondre " aux vœux du peuple américain ".
En annonçant sa candidature, M. Wallace a attaqué la politique intérieure et étrangère de M. Johnson. " L'Américain moyen, quelle que soit sa race, en a assez des émeutes et des crimes commis dans toutes les villes de notre pays, a-t-il déclaré. Aucun candidat possible des deux partis existants ni aucune des personnalités occupant une position dirigeante dans ces partis n'a indiqué de différences dans leurs programmes, personne n'a suggéré que les vœux du peuple américain seraient entendus ", a-t-il affirmé.
[Il est difficile de prévoir l'influence de la candidature de M. Wallace tant qu'on ne connaîtra pas le nom du candidat républicain. En tout état de cause, l'ex-gouverneur de l'Alabama compte " faire " un grand nombre de voix dans plusieurs Etats du Sud - Alabama, Mississippi, Georgie, Louisiane et Caroline du Sud - qui s'étaient prononcés en faveur de M. Goldwater en 1964. Dans le cas où les républicains désigneraient un " modéré ", M. Wallace pourrait récupérer une bonne partie de ces voix, ainsi que celles de démocrates mécontents de la politique raciale de M. Johnson. Ces cinq Etats ne représentent cependant que quarante-cinq voix au collège des grands électeurs, qui désigne le président. La majorité des voix à ce collège est de deux cent soixante-dix.
En fait, l'espoir de M. Wallace réside ailleurs : il souhaite qu'à cause de sa candidature ni le candidat républicain ni le candidat démocrate n'obtienne la majorité. La Chambre des représentants aurait alors à départager les candidats en présence. Ce but a été celui qu'ont recherché les " troisièmes " candidats dans l'histoire américaine. Le dernier en date avait été M. Thurmond, un antre Sudiste, en 1948. Transfuge du parti démocrate, il n'avait pas réussi à faire battre M. Truman, l'aidant au contraire à triompher du républicain Dewey.]