Convention nationale
Assemblee constituante qui pendant la Revolution francaise succeda a l'Assemblee legislative le 21?septembre 1792, fonda la I
re
?Republique et gouverna la France jusqu'au 26?octobre 1795.
1. Origines et composition
Instituee par la Legislative le 10?aout 1792 apres la suspension de
Louis?XVI
, elue le 2?septembre au suffrage universel a deux degres par une minorite de Francais, la Convention devient le ≪?centre unique de l'impulsion du gouvernement revolutionnaire?≫. Elle se compose de 749?deputes, parmi lesquels domine la bourgeoisie des professions liberales et du negoce. A droite siegent les
Girondins
(environ 160?deputes), bourgeois liberaux, aux puissantes attaches provinciales, federalistes hostiles a la dictature jacobine centralisatrice, desireux d'arreter la
Revolution
≪?a son stade bourgeois?≫ et conduits par
Brissot
,
Vergniaud
,
Guadet
,
Petion
et
Roland
.
A gauche, le groupe des
Montagnards
(environ 140) mele des idealistes purs et des aventuriers, des patriotes desinteresses et des profiteurs cyniques, des deistes et des ≪?dechristianisateurs?≫?; ouverts aux revendications populaires, proches des
sans-culottes
, ils acceptent avec audace toutes les consequences de la Revolution?; aux cotes de leurs chefs, les ≪?triumvirs?≫ (→
Robespierre
,
Danton
,
Marat
), siegent
Desmoulins
,
Saint-Just
,
Fouche
,
Couthon
,
Collot d'Herbois
, le
duc d'Orleans
(Philippe Egalite), etc.
Au centre, la Plaine (ou le
Marais
), groupee autour de
Sieyes
,
Cambaceres
,
Boissy d'Anglas
, est composee d'opportunistes (environ?400).
2. La Convention girondine (21?septembre 1792-2?juin 1793)
Ses premiers actes sont l'abolition de la royaute et la proclamation de la Republique (21?septembre), et la decision de dater les actes publics de l'an?I de la Republique (22?septembre). Mais elle se dechire entre Girondins et Montagnards. Les premiers inspirent une politique de guerre et de conquetes qui remporte d'abord des succes (victoire de
Dumouriez
a
Jemmapes
, 6?novembre). Mais le proces du roi (dont la mort est votee le 19?janvier 1793), l'
insurrection de la Vendee
(mars 1793), les graves revers militaires infliges par la premiere coalition (defaite de
Neerwinden
, 18?mars) et la trahison de Dumouriez (6?avril) deconsiderent la Gironde, qui perd la majorite et accumule les erreurs (arrestation de Marat et d'
Hebert
, avril-mai). Le 2?juin 1793, sous la menace des canons de la
Garde nationale
, la Convention decrete l'arrestation de 29?deputes et de deux ministres girondins. La Montagne triomphe.
3. La Convention montagnarde (2?juin 1793-27?juillet 1794)
Pour lutter contre les perils exterieurs et interieurs qui menacent la Republique, elle organise sa propre dictature et fonde le gouvernement revolutionnaire par la loi du 4?decembre 1793. Nommant les membres des organes de ce gouvernement (→
Comites de salut public
et de
surete generale
,
Tribunal revolutionnaire
, etc.), elle vote souverainement les decrets proposes. Les Montagnards, qui en sont les maitres absolus, votent, avec l'appui et sous la pression des sans-culottes, les grands actes revolutionnaires, ≪?mettent a l'ordre du jour?≫ la
Terreur
(abolition des droits feodaux [17?juillet 1793], levee en masse [23?aout], loi des suspects [17?septembre],
loi du maximum
general [29?septembre], abolition de l'esclavage [4?fevrier 1794]) et obtiennent des succes?: ils brisent les insurrections des vendeens (→
Savenay
, 23?decembre 1793), des federalistes et des royalistes (reprise de Lyon et de Toulon, octobre-decembre 1793) et sauvent la France de l'invasion (→
victoires de Hondschoote
[6-8?septembre 1793] et de
Wattignies
[16?octobre]). Mais les exces de la dictature de Robespierre divisent la Convention, ou un complot de la Plaine et de la Montagne isole et abat l'Incorruptible le 9-Thermidor (27?juillet 1794).
4. La Convention thermidorienne (27?juillet 1794-26?octobre 1795)
Sa politique, inspiree par la Plaine, sera essentiellement une reaction contre la democratie montagnarde et populaire. Le gouvernement revolutionnaire est demantele, la loi du maximum abolie (24?decembre 1794), la liberte des cultes proclamee (21?fevrier 1795). Attachee a un regime democratique ou les proprietaires ont le pouvoir, la Plaine s'oppose a la
Contre-Revolution
(echec des royalistes a Quiberon [juin-juillet 1795] et a Paris [13-Vendemiaire]) et vote une nouvelle Constitution (celle de l'an?III) [22?aout 1795], empreinte de l'ideal bourgeois, qui veut ecarter a la fois la monarchie et le terrorisme en instituant le bicameralisme, la separation des pouvoirs et le suffrage censitaire.
A l'exterieur, la Convention thermidorienne conclut les
traites de Bale
(5?avril et 22?juillet 1795) et de La Haye (16?mai), qui enlevent a la France des ennemis (Prusse, Espagne, Hollande) et lui donnent la rive gauche du Rhin et une partie de Saint-Domingue. La Constitution de l'an?III, qui fonde la republique des notables, etant approuvee par plebiscite (septembre 1795), la Convention thermidorienne se separe le 26?octobre 1795 pour faire place au
Directoire
, auquel elle legue des institutions mal adaptees a la guerre qui se poursuit.
Pour en savoir plus, voir les articles
assemblees politiques en France depuis 1789
,
I
ere
Republique
.