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> PARU DANS : Femmes du Maroc, mensuel f?minin marocain
> DATE : mars 2002
> AUTEUR(S) : Yann Barte

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Dernier d?fil? d'Yves Saint Laurent, ce mardi 22 janvier 2002, au Centre Beaubourg.
Pour le 1er magazine f?minin du Maroc, Yann assistait parmi 2000 privil?gi?s ? cet ?v?nement exceptionnel.


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Yves Saint Laurent : derniers coups de griffes

Coup de tonnerre dans le monde de la mode ! Yves Saint Laurent annonce le 7 janvier qu’il veut en d?coudre. La Maison ferme. Les d?s de la haute couture sont jet?s. Plus que jamais la profession s’interroge sur son avenir. 44 ans apr?s sa collection trap?ze, le petit prince de la mode d?pose donc sa couronne. Lors d’un dernier d?fil? r?trospective au Centre Georges Pompidou, auquel ?tait convi? FDM, le cr?ateur fait ses adieux ? un monde dans lequel il ne se reconna?t plus. Coup de projecteur sur ces ann?es qui ont marqu? ? jamais la mode au f?minin.

300 mod?les, 200 mannequins, 2000 personnes tri?es sur le volet pour 3 lettres enlac?es qui ont boulevers? le monde de la mode, YSL. C'?tait le dernier d?fil? du maestro. Une v?ritable histoire du v?tement d?filait ce soir l? au Centre Pompidou , ? Paris. Ils ?taient tous l?, ses amis, ses admirateurs, ses anciens top-mod?les remont?es sur le podium pour l'occasion : de Naomi Campbell ? In?s de la Fressange, de Jeanne Moreau ? Lauren Bacall, de Kenzo ? Hubert de Givenchy, de Fran?oise Giroud ? Paloma Picasso. Un fond sonore : la voix d'Yves Saint Laurent r?pondant au questionnaire de Proust, puis soudain, un grattement de guitare ?lectrique, ? Satisfaction ? des Rolling Stones , le d?fil? d?marre comme une f?te sixtee's. Les mannequins s'?lancent sur le podium. Les ann?es d?filent. Les tailleurs-pantalons, les fameuses robes Mondrian des ann?es Pop' art, les jupes ?cossaises, la robe violoncelle de 70 et ses robes noires dont il a fait sa couleur, son ? refuge ?... Claudia Schiffer en Saharienne nous rappelle les premiers d?tournements du v?tement militaire et huit beaut?s noires jaillissent du sol, Katusha, sublimant les charmes et atours du continent africain, Naomi Campbell ?mergeant d'un bouillonnement de plumes. Saint Laurent, on s'en souvient avait ?t?, en 1962, le premier ? faire d?filer un mannequin noir ? Paris. Jerry Hall , sur un air de la vie en rose, version Marl?ne Dietrich, vampe toute l'assistance, en robe de satin et mousseline. Carla Bruni, glamour, en fourreau de velours noir envelopp? d'une extravagante cape jaune d?clenche un tonnerre d'applaudissements. Et voici les collections d'inspiration russe, chinoise, indienne, espagnole… de ce pionnier du m?tissage. Ses hommages aux peintres aim?s : Braque, Matisse , Cocteau, Picasso…et sa toute derni?re collection ?t?, mousseline, tout en l?g?ret?. La quintessence de la haute couture. La ligne. Puis soudain la musique s'arr?te, laissant place au ? merveilleux silence du v?tement ?. Le temps s'est suspendu pour voir passer la garde-robe la plus r?volutionnaire : le smoking , androgyne sexy, qu'il a su imposer comme marque d'ultra f?minit?. Une quarantaine de mannequins sur le m?me podium. Et au final, Laetitia Casta et Catherine Deneuve, chantant ? ma plus belle histoire d'amour ? de Barbara . Superbe hommage. Saint Laurent titube, rejoint l'actrice et quitte la salle en larmes. Rideau !

Ev?nement mondain ?

Pas s?r. C'est un hommage inattendu qu'ont rendu les Parisiens, ? l'ext?rieur du Centre, sur la piazza Beaubourg o? ?taient install? pour l'occasion deux ?crans g?ants. ? L'?litisme ne paie plus. Il n'y a de place qu'aux fabricants de fringues et aux provocateurs ? dit-on. Pourtant, c'est une foule populaire qui ?tait ce soir l? rassembl?e dans le froid, sur le pav?. Ces hommages unanimes agacent certains. Trop de r?v?rence peut-?tre pour un Lacroix qui n'a pas ?t? invit? ou pour un Lagarfeld exasp?r? par les allures d'obs?ques nationales que prend ce d?part. Et pourquoi tant de bruit pour des v?tements que seules quelques bourgeoises argent?es peuvent s'offrir ? lancent certains. Mais n'a-t-on jamais pens? remettre en cause le r?le d'un peintre sous pr?texte que ses tableaux sont hors de prix, r?serv?s ? une poign?e de collectionneurs ou ? de grands mus?es ? ? Saint Laurent, c'est pas le couturier des vieilles ? ? entend-on aussi. Elles sont nombreuses pourtant les femmes de 2002 qui sans le savoir ont quelque chose de Saint Laurent. Un habit un rien masculin, une petite veste noire toute simple port?e sur un jean, un style, une ?criture…

L'homme qui aimait les femmes

Yves Saint Laurent posait nu pour son parfum, pendant que les f?ministes br?laient leurs soutiens-gorge sur le pav?. C'?tait les ann?es de la lib?ration de la femme que le cr?ateur a voulu accompagner. Pour cela, il a pioch? dans la garde robe d'un homme. Il a cherch?, traquant ses fant?mes esth?tiques, ? travers le costume pantalon, l'imperm?able, le smoking, le caban, ? redonner la confiance aux femmes. Yves Saint Laurent, le timide , a tout os? : il a utilis? le jean, d?nud? les seins et ouvert au luxe le pr?t-?-porter. Il a dynamit? le charme coinc? de la bourgeoise des ann?es 60 et cr?? la garde robe de la femme d'aujourd'hui. Saint Laurent construisait sur le mouvement. Il restait au service du corps, du geste, amoureux ?ternel de la f?minit?. Rien d'?tonnant d?s lors qu'il se sentait mal ? dans un monde o? on se sert des femmes plut?t que de les servir ? disait Pierre Berg? , son protecteur et ami de toujours. ? Le plus beau v?tement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime, mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis l? ? disait-il aussi.

Oran, Paris Marrakech

N? ? Oran, d?s l'enfance le petit Yves est habitu? ? la lumi?re et aux couleurs de l'Afrique du nord. Mais c'est au Maroc, ? Marrakech que le couturier d?veloppe son go?t des couleurs et l'art des combinaisons vives. A l'ombre ocr? de la Koutoubia, dans les jardins bleu de Majorelle, paradis de lumi?re et d'ombre, de fleurs et d'eaux. Il brise les r?gles du jeu, parle de ? couleurs ? plus que de ? coloris ? et fait claquer les rouges, les verts et les bleus.

L'?poque l'a tr?s vite reconnu, d?s ses premiers croquis. A 18 ans, un an apr?s son arriv?e ? Paris, il devient l'assistant de Christian Dior . A la mort du ma?tre en 57, le jeune surdou? se retrouve propuls? au rang de directeur artistique. Le jeune homme en blouse blanche et petites lunettes ? ?cailles perd son mentor et gagne un ami, Pierre Berg?. Son premier d?fil? en 58 est un succ?s . Il cr?e quatre ans plus tard sa propre Maison. Saint Laurent, nerveux, tourment?, conna?t plus tard les ? faux amis que sont les tranquillisants et les stup?fiants, la prison de la d?pression et celle des maisons de sant? ?. Ses ? saisons en enfer ? dont il parle sans aucune g?ne, citant Proust et Rimbaud. Aujourd'hui, ? soixante cinq ans, Saint Laurent se sent ? c?t? et seul dans son combat pour l'?l?gance et la beaut?. Et puis ? quand on a vu la beaut?, quand on a connu la beaut?, on peut bien dispara?tre ? dit-il.

La haute couture ? quoi ?a sert ?

Son d?part relance le d?bat sur l'avenir de la haute couture. L'?poque des grandes maisons est r?volue. A l'?re des jeans et des Nike fustig?s par Pierre Berg?, seuls les ventes d'accessoires, de parfums et de cosm?tiques assurent de confortables marges. La haute couture ne serait-elle d?sormais qu'une activit? de prestige destin?e ? l' image d'une marque ? ? Le luxe ne se chiffre pas, il se contemple ? dit-on dans la haute couture. Tant pis, soyons vulgaire : l'an dernier, Saint Laurent Couture affichait 10 millions d'euros de pertes pour un chiffre d'affaires de 5 ? 7 millions d'euros. Sur les vingt-quatre maisons que comptait Paris il y a quinze ans, il n'en reste gu?re plus que onze. La cr?ation et le marketing ne font d?cid?ment pas bon m?nage. ? Cette ?poque n'est plus la n?tre ? lance Pierre Berg?. Le dernier communiqu? de Saint Laurent n'est pas tant un testament qu'un manifeste . Son dernier coup de griffe. El?gant et discret. Saint Laurent ne dira rien du bras de fer qui l'opposait ? Fran?ois Pinault, l'homme d'affaires qui avait rachet? sa maison en 99. On comptera pourtant quelques provocations. Mais peut ?tre n'en sont elles pas ? La cr?ation n'a que faire des consid?rations mercantiles. Pour c?l?brer les 40 ans de la maison, Saint Laurent reconstitue son atelier dans les vitrines des Galeries Lafayette , le concurrent, ? deux pas du Printemps, fleuron de Fran?ois Pinault. Saint Laurent et Berg? snobent les d?fil?s de Tom Ford , le cr?ateur texan de Gucci, actuel directeur artistique du pr?t-?-porter Yves Saint Laurent. Pire, en janvier 2001, ils s'affichent aux d?fil?s Dior, une maison contr?l?e par Bernard Arnault, l'ennemi mortel de Pinault. Saint Laurent et Berg? d?noncent par leur d?part l'absurdit? d'un monde o? les couturiers deviennent les petites mains des financiers

Et maintenant Monsieur saint Laurent, qu'allez-vous faire ? ?  Ecrire  ? dit-il, ? nouveau. Une passion. Entre Paris et Marrakech. Et d?j? des rumeurs d'un hypoth?tique retour. Une nouvelle aventure chez LVMH sous le nom de Mathieu Saint Laurent, son premier nom. Chanel ?tait bien revenue ? soixante et onze ans…

Yann Barte
Site de la Maison Yves Saint Laurent

 
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