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les
vols du 14bis
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Après une première tentative
le 13 septembre, le 23 octobre 1906, à bord du 14
Bis, Alberto Santos-Dumont
parcourt
la distance de 60m à 2m de hauteur. Il réalise
ce qui est largement crédité en tant que premier
décollage et vol entièrement autonome d?un
plus-lourd-que- l'air. Le 12 novembre il
franchit
en vol une distance de 220 mètres en 21 secondes,
à la vitesse invraisemblable de 41,3 Km/h ; cette
prouesse est le premier vol au monde homologué par
l'Aéro-Club de France et la toute jeune Fédération
Aéronautique Internationale (FAI).
L'illustration
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Les vols du 14bis
relatés
au fil des éditions
du journal
l'illustration
de 1906
.
Les
premières expériences de
l'aéroplane de M. Santos-Dumont
au champ d'entraînement de bagatelle
Article du 28 Juillet
1906
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Juillet
1906
M. Santos-Dumont, qui s'était
cantonné jusqu'ici dans les expériences
de dirigeables, vient de se faire inscrire
pour le prix de 1.500 francs offert
par l'Aéro-Club de France au
premier aéroplane ayant fait
un parcours de 100 mètres avec
dénivellement maximum de 10 %
et pour la Coupe Archdeacon, de 3.000
francs, devant être attribuée
au premier aéroplane qui aura
fait contrôler un parcours minimum
de 25 mètres avec angle de chute
maximum de 25 %?
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L'aéroplane
de M. Santos-Dumont porte le n°
14 bis de sa collection. Le sustentateur
est constitué par six cellules
de cerf-volant Hargrave, en bambous
et roseau tendu de soie, accolées
par un de leurs côtés et
disposées trois par trois, de
manière à former deux
ailes simulant un V ouvert en haut.
Les ailes sont fixées à
une poutre armée portant à
son extrémité avant un
gouvernail formé d'une cellule
analogue à celle des ailes, et
pouvant se mouvoir en tous sens. A l'extrémité
postérieure de la poutre se trouve
l'hélice, actionnée par
un moteur Levasseur de 24 chevaux. La
nacelle est placée près
du moteur, au sommet de l'angle formé
par les ailes. Longueur totale : 10
mètres ; envergure, 12 mètres
; surface portante, 80 mètres
carrés ; poids, 160 kilos, non
compris celui de l'aéronaute.
L'aéroplane est monté
sur des roues munies de ressorts très
souples, de façon à pouvoir
prendre son élan sur une piste
spéciale. Pour se familiariser
avec la man?uvre de ce nouvel appareil,
M. Santos-Dumont l'accroche au ballon
de son dirigeable n° 14 qui a été,
pour le besoin de la cause, séparé
de la nacelle. L'audacieux sportsman
évolue ainsi, au-dessus du champ
d'entraînement, en toute sécurité
- relative - et il compte être
bientôt assez préparé
pour pouvoir se lancer dans l'espace
sans utiliser le ballon qui assure la
flottaison de son aéroplane.
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Le
premier vol de M. Santos-Dumont
Article du 22 Septembre
1906
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Le
premier vol de l'aéroplane de M.
Santos-Dumont interrompu par une avarie
le 13 septembre 1906.
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13
septembre 1906
Nous
avons décrit récemment
( 28 juillet 1906 ) l'aéroplane
de M. Santos-Dumont, et nous avons montré
ce nouvel appareil accroché à
un dirigeable qui permettait d'en étudier
le fonctionnement sans avoir, provisoirement,
à se préoccuper de la
question de sustentation. M. Santos-Dumont
a continué ses essais sur la
pelouse de Bagatelle, et, jeudi matin,
il a pu, enfin, planer quelques instants
sans le secours de son dirigeable. C'est
la première fois qu'un aéroplane
à moteur monté prend son
vol librement.
Aucun plan incliné n'avait été
disposé pour faciliter l'élan
de l'appareil. Ce dernier, muni de trois
roues, comme nous l'avons dit, reposait
sur le sol. M. Santos-Dumont, monté
dans la nacelle, met le moteur en marche,
et l'appareil roule sur le champ d'entraînement
qu'il traverse dans toute sa longueur,
sans parvenir à quitter le sol.
Ayant pris quelques instants de repos,
M. Santos-Dumont repart en sens inverse,
et, après avoir de nouveau roulé
sur un espace d'environ 200 mètres,
il se soulève d'une hauteur que
le procès-verbal de la commission
d'aviation de l'Aéro-Club évalue
entre 50 et 70 centimètres. Il
parcourt ainsi une distance de 4 à
7 mètres, avec une vitesse estimée
à 30 kilomètres à
l'heure. Puis, subitement, l'appareil
tombe à terre et M. Santos-Dumont,
avec cette chance qui ne l'abandonne
pas, saute de la nacelle sans avoir
éprouvé aucun mal.
Par contre, une des branches de l'hélice
est brisée, l'autre est voilée,
le bâti de bambou sur lequel est
installé le système propulseur
est brisé ; mais ni les ailes
ni le moteur n'ont souffert. Il y a
deux opinions sur la cause de l'accident.
Suivant les uns, l'appareil pointant
beaucoup vers le ciel, l'hélice
placée tout à fait à
l'arrière heurta le sol et se
brisa avant qu'aucune des roues eût
retouché la pelouse. Suivant
d'autres, et tel serait plutôt
l'avis de M. Santos-Dumont, ce sont
les roues qui, après l'enlèvement,
auraient repris contact avec le sol.
Le choque a déterminé
des flexions sous l'influence desquelles
l'hélice, qui passe à
80 centimètres du sol quand l'appareil
est au repos, aurait, à son tour,
touché terre et se serait brisée,
calant en même temps le moteur.
M. Santos-Dumont répare son appareil
et compte reprendre son vol dans quelques
jours.
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Une
minute mémorable dans l'Histoire
de la navigation aérienne
Article du 27 Octobre
1906
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L'aéroplane
Santos-Dumont volant à 2 mètres
au-dessus du sol,
à Bagatelle, le 23 octobre.
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23
octobre 1906
M.
Santos-Dumont, déjà vainqueur
du prix Deutsch, de 100.000 francs grâce
à son dirigeable, vient de remporter
aussi, mardi dernier, la coupe Archdeacon,
réservée aux appareils
d'aviation. Nous avons en même
temps que nous indiquions les conditions
du concours, publié et décrit
l'aéroplane construit par le
célèbre aéronaute
en vue de conquérir ce précieux
trophée dont il est désormais
le premier tenant. Monté sur
cet appareil original, M. Santos-Dumont
a parcouru, l'autre matin, d'un beau
vol, une distance de 60 mètres.
La photographie que nous donnons ici
est, croyons-nous, la seule qui ait
été authentiquement prise
au cours de cette passionnante expérience
; elle montre que l'aéroplane
ne s'est pas élevé à
une bien grande hauteur au-dessus du
sol : 2 mètres environ. Là
d'ailleurs, n'était pas la question,
et le grand intérêt de
l'expérience était de
démontrer que l'on peut, sans
le concours d'un support plus léger
que l'air, réaliser le vol plané.
Cette démonstration est aujourd'hui
faite.
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La
conquête de l'air
Article du 17 Novembre
1906
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M.
Santos-Dumont tente son premier virage.
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12
novembre 1906
Au
début de la semaine qui s'achève,
les champions de la navigation aérienne
nous ont offert trois expériences
sensationnelles où furent représentés
le plus léger et le plus lourd
que l'air.
Le dimanche 11 novembre, le dirigeable
Ville-de-Paris, décrit dans notre
numéro du 3 novembre, effectuait
sa première sortie à Sartrouville,
sous la direction de son constructeur,
M. Edouard Surcouf, qu'assistaient MM.
Henry Kapferer, l'ingénieur Ch.
Cormon et le mécanicien Pauthan.
Le ballon évolua avec beaucoup
d'aise, en donnant l'impression d'une
remarquable stabilité. Mais,
au bout de quelques minutes, le moteur
cala ; la circulation d'eau, installée
pour le refroidir et diminuer ainsi
les chances d'incendie, avait déterminé
la congélation du moteur. M.
Surcouf dut atterrir à Chambourcy,
près de Saint-Germain, et procéder
sur place au dégonflement de
la Ville-de-Paris, que l'on prépare
pour une nouvelle sortie.
Le lendemain, M. Santos-Dumont s'enlevait
de nouveau, en aéroplane, sur
la pelouse de Bagatelle, et parcourant,
en 21 secondes, une distance de 220
mètres, revenait à terre,
au moment où il esquissait un
virage. Ce nouvel exploit vaut au jeune
Brésilien le grand prix de 1.500
francs offert par l'Aéro-Club
pour un premier parcours de 100 mètres.
Quelques instants plus tôt, on
voyait entrer en scène, pour
la première fois, l'aéroplane
de MM. Blériot et Voisin. Cet
appareil se compose de deux cellules
placées l'une en face de l'autre
et réunies par un cadre de bois
qui maintient entre elles un espace
de 7 mètres. La cellule avant,
rectangulaire, est formée de
deux bandes de toile, superposées
à un intervalle de 2 mètres,
mesurant 10 mètres de largeur
sur 2 m, 50 de longueur, et montées
sur une armature en bois. Deux cloisons
la divisent en trois compartiments.
Dans le compartiment de gauche, le débordant,
est intercalée une cellule plus
petite, mobile, servant d'équilibreur
pour régler la montée
et la descente.
La cellule arrière, ellipsoïdale,
affecte la forme d'un anneau aplati.
Le grand axe, parallèle au grand
axe de la cellule rectangulaire, mesure
7 mètres ; le petit axe, 2 mètres.
Cette cellule est coupée verticalement
en deux sections par une cloison à
laquelle est accolé le gouvernail,
formé lui-même d'une simple
cloison en toile.
A l'avant du cadre en bois qui réunit
les deux cellules, est disposée
une plate-forme supportant l'appareil
moteur, et où se trouve le poste
du mécanicien. Cet appareil comprend
deux moteurs, Antoinette, de chacun
25 chevaux, fabriqués par M.
Levasseur, et analogue au moteur de
Santos-Dumont. Ils actionnent deux hélices
en acajou, de 2 mètres d'envergure.
L'appareil, monté sur trois roues,
se trouve suspendu à 1 m, 50
du sol ; son poids total atteint 325
kilogrammes, non compris celui de l'aéronaute,
dépassant d'environ 75 kilogrammes
celui de l'aéroplane de M. Santos-Dumont.
Les deux moteurs pèsent ensemble
85 kilogrammes, alors qu'un moteur d'auto
d'égale puissance ( 50 chevaux
) pèse entre 350 et 400 kilogrammes.
Théoriquement, la disposition,
à une certaine distance de la
cellule avant, d'une cellule arrière,
qui est un peu à l'appareil ce
que la queue est au cerf-volant, paraît
assurer à l'aéroplane
des conditions de stabilité supérieures.
La forme du gouvernail, constitué
par une simple cloison et placé
à l'arrière, augmente
encore la facilité de direction
et d'équilibre.
En essayant de
s'élever sur la pelouse de Bagatelle,
l'aéroplane de MM. Blériot
et Voisin butait contre un léger
accident de terrain, et le contre-coup
déterminait des avaries qui l'ont
empêché de continuer ses
essais. Les expériences doivent
être reprises sous peu.
MM. Blériot et Voisin ne sont
point seuls à vouloir voler dans
la voie subitement ouverte par M. Santos-Dumont.
Depuis quelques jours, plusieurs sportsmen
ou mécènes, dont l'éclectique
M. Henry Deutsch, propriétaire
du dirigeable Ville-de-Paris, ont commandé
des aéroplanes.
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Avant
le départ. Le moteur
est mis en marche à l'aide
d'une manivelle installée
sur un bâti indépendant
de l'aéroplane.
Cette disposition évite
d'emporter le poids de l'appareil
de mise en marche.
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M. Santos-Dumont, effectuant un vol
de 220 mètres, gagne le grand
prix de l'Aéro-Club de France.
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