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La seconde guerre de Tch?tch?nie : les aspects politico-militaires
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La seconde guerre de Tch?tch?nie : les aspects politico-militaires

2001
 

-   R?sum?

De l’avis de l’ensemble des experts russes et occidentaux, les " performances " de l’arm?e russe dans la seconde guerre de Tch?tch?nie sont meilleures qu’en 1994-96. Visiblement pr?par?e ? la perspective d’un nouveau conflit, l’arm?e russe a concentr? une partie de ses efforts de r?forme militaire sur les unit?s d?ploy?es dans le Caucase du nord au cours des trois derni?res ann?es. Les forces f?d?rales en Tch?tch?nie ont ?t? consid?rablement aid?es par le climat politique et psychologique - nettement meilleur que dans le premier conflit, une guerre de l’information relativement efficace et un recours massif ? la force a?rienne et d’artillerie. Ces facteurs ne devraient pas faire oublier les lacunes de la r?forme militaire mises en ?vidence par cette guerre.

-   Le sommaire de l’AFRI 2001


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Fin ao?t 1996, Moscou et Grozny signent les accords de Khasaviourt, dont le Kremlin n’a jamais v?ritablement accept? la l?gitimit?. Non seulement ces accords rappellent et symbolisent l’incapacit? des forces f?d?rales ? r?duire la r?publique ind?pendantiste lors d’un premier conflit (d?cembre 1994-ao?t 1996), mais ils ouvrent, de surcro?t, la possibilit? pour la Tch?tch?nie de se s?parer ? terme de la F?d?ration de Russie. Trois ans plus tard, les forces russes interviennent de nouveau en Tch?tch?nie, une intervention l?gitim?e par l’incursion de « rebelles » tch?tch?nes sur le territoire du Daghestan, r?publique caucasienne voisine (ao?t 1999), et par une vague d’attentats imput?e aux « terroristes » tch?tch?nes.

De l’avis de l’ensemble des experts russes et occidentaux, les « performances  » de l’arm?e russe, dans cette seconde guerre de Tch?tch?nie, sont meilleures qu’en 1994-96. Les ?checs des forces russes furent alors tellement lourds que ce premier conflit comptait au nombre des ?l?ments retenus dans le cadre de la proc?dure de destitution engag?e contre le pr?sident Eltsine en 1999. De fait, il appara?t que le degr? d’impr?paration des forces f?d?rales - en grande partie des unit?s compos?es d’hommes issus de services et de minist?res diff?rents, jug?es aptes au combat d?s lors qu’elles atteignaient un certain niveau d’effectifs, quelle que f?t par ailleurs la qualit? des personnels enr?l?s et leur capacit? ? combattre ensemble - conjugu? ? la crise aigu? que traversait l’arm?e russe depuis plusieurs ann?es, causa sans doute davantage de pertes du c?t? russe que les actions de forces adverses aguerries et soutenues par une grande partie de la population locale.

Un environnement politique et psychologique diff?rent

L’environnement politique et psychologique dans lequel s’est inscrite la seconde « campagne tch?tch?ne » a ?t?, d’une fa?on g?n?rale, beaucoup plus favorable aux forces f?d?rales. Cela est d’autant plus notable que, comme dans la premi?re guerre, les op?rations militaires ont ?t? motiv?es autant par les ambitions politiques des acteurs moscovites que par le besoin de prot?ger l’int?grit? territoriale de la F?d?ration de Russie et de r?tablir l’ordre constitutionnel. Dans le cas du premier conflit, le pr?sident Eltsine, en mal de popularit? ? un an des ?lections l?gislatives, s’?tait laiss? convaincre par son entourage proche qu’une victoire rapide contre les ind?pendantistes tch?tch?nes pourrait servir ses int?r?ts. Dans le second, le m?me Boris Eltsine, ? quelques mois d’une pr?sidentielle pour laquelle il ne pouvait se repr?senter et alors que la proc?dure de destitution engag?e contre lui par le Parlement l’alarmait quant ? son sort possible, voulait assurer ses arri?res. Pour ce faire, il am?nagea les conditions pour pouvoir d?signer, de facto, son successeur. Son choix se porta sur Vladimir Poutine, m?connu de l’opinion publique en 1999 mais dont Boris Eltsine esp?rait qu’une fois parvenu aux plus hautes fonctions de l’Etat il lui garantirait l’immunit?. Dans cette strat?gie, les ?v?nements dans le Caucase ont de toute ?vidence constitu? un instrument fort utile. Cependant, pour diff?rentes raisons et contrairement ? ce qui se produisit dans le cas du premier conflit, l’opinion publique russe ne s’est gu?re offusqu?e de ce que des enjeux purement politiciens aient pu motiver en grande partie la d?cision d’entrer de nouveau en guerre en Tch?tch?nie.

Dans la premi?re guerre, les forces russes eurent beaucoup ? p?tir des tensions entre le pouvoir politique et les responsables militaires. Ces derniers ?taient d’autant plus hostiles ? la d?cision d’intervenir dans le Caucase du Nord que la majorit? d’entre eux avaient ?t? ?cart?s des processus qui avaient produit cette d?cision. En outre, ils craignaient que la campagne militaire ne d?grade encore davantage l’image de l’arm?e aupr?s de l’opinion publique, qui ne reconnaissait pas la l?gitimit? de cette d?cision [ 1 ]. En 1999, la d?termination des responsables russes, civils comme militaires, est apparue nettement plus forte qu’en 1994-96. D?s la signature des accords de 1996 [ 2 ], diff?rents signes tendent ? montrer que le Kremlin n’entend pas aller jusqu’au bout de la logique de ces textes, qui dictent une ren?gociation du statut de la Tch?tch?nie et envisagent donc de facto le d?part de la r?publique caucasienne, au risque de miner plus avant la coh?sion de la F?d?ration de Russie, d?j? mise ? mal par l’affaiblissement consid?rable du pouvoir central.

Il est d?licat de faire enti?rement et objectivement la lumi?re sur le contenu r?el de la politique russe ? l’?gard de la Tch?tch?nie depuis la fin de la premi?re guerre. Il semble cependant que la r?publique n’ait pas re?u les aides promises par le pouvoir central russe en vue de promouvoir sa reconstruction et son d?veloppement, en tout cas pas dans les montants d?cid?s au lendemain du conflit. La profonde crise ?conomique et sociale qui s’est, en cons?quence, aggrav?e en Tch?tch?nie a largement favoris? le pourrissement de la situation politique dans cette r?publique [ 3 ], auquel s’est ajout? le d?veloppement de la criminalit? organis?e. Tous ces ?l?ments contribueront en tout cas ? discr?diter l’autorit? du pr?sident Maskhadov  [ 4 ], d?j? d?stabilis? par les forces d’opposition tch?tch?nes qui le poussent ? la confrontation avec Moscou. Un ?l?ment qui semble conforter l’analyse selon laquelle le Kremlin aurait poursuivi une strat?gie d?lib?r?e visant ? ?puiser moralement la population tch?tch?ne et ? envenimer le climat social et politique interne r?side dans les r?ticences manifestes de Moscou ? maintenir le dialogue avec Aslan Maskhadov, qui tient pourtant des positions relativement mod?r?es. La d?cision prise au lendemain de la premi?re guerre de maintenir de mani?re permanente en Tch?tch?nie des forces de la r?gion militaire Caucase Nord tend ? confirmer que le Kremlin n’a jamais eu l’intention de laisser la r?publique ind?pendantiste quitter la F?d?ration de Russie sans r?action.

L’humiliation ressentie par les responsables militaires face ? la d?confiture de leurs forces sur le terrain tch?tch?ne en 1994-96 a largement contribu? ?, sinon effacer, du moins gommer la r?pugnance du minist?re de la D?fense ? engager ses forces ? l’int?rieur du pays. En 1996, les militaires sont r?solus ? conduire la r?forme des arm?es de mani?re ? faire face ? des op?rations militaires du type de celles de la premi?re guerre. La r?gion militaire Caucase Nord appara?t rapidement comme une « r?gion-pilote » des efforts men?s dans cette perspective [ 5 ]. Dans ce cadre, la volont? de tenir compte des « le?ons » du premier conflit est clairement affich?e : accent sur la mobilit? des forces, efforts en vue d’augmenter la puissance de feu des unit?s et de renforcer les activit?s d’entra?nement (n?glig?es depuis 1992 dans la r?partition des budgets militaires au profit du fonctionnement et de l’accompagnement social des militaires d?mobilis?s)... L’intention est apparemment forte de faire porter un effort particulier sur la formation de l’infanterie et des unit?s a?roport?es au combat en terrain montagneux, forestier et urbain. Un autre souci majeur des autorit?s militaires russes est de syst?matiser l’interop?rabilit? entre les forces du minist?re de la D?fense et les autres « structures de force » [ 6 ], dont certaines avaient ?t? mises ? contribution dans la premi?re guerre de Tch?tch?nie.

Au nombre des hommes qui ont pris en main ces efforts de r?forme, puis qui ont jou? un r?le de premier plan dans la seconde campagne tch?tch?ne, figurent des « grands noms » de la premi?re guerre. Le g?n?ral Anatoli? Kvachnine, nomm? ? la t?te de l’Etat-Major g?n?ral en mai 1997, avait ?t? nomm? commandant de la r?gion militaire (VO, voenny? okroug) Caucase Nord en f?vrier 1995, poste qu’avaient refus? avant lui plusieurs g?n?raux. C’est l’un des compagnons d’arme du g?n?ral Kvachnine pendant la premi?re « guerre tch?tch?ne », le g?n?ral Viktor Kazantsev, qui est nomm? commandant de la VO Caucase Nord au lendemain de la premi?re guerre de Tch?tch?nie. Cette nomination [ 7 ] confirme la volont? du Haut Commandement russe d’utiliser les le?ons de la premi?re guerre dans la d?finition des axes de la r?forme des arm?es. D’ailleurs, le g?n?ral Kazantsev sera d?sign? pour commander le Groupe des forces f?d?rales (obedinenna?a grouppirovka vo?sk, OGV) engag? en Tch?tch?nie ? l’automne 1999 [ 8 ]. Un de ses adjoints, le commandant du Groupe de forces « Ouest » [ 9 ], le g?n?ral Chamanov, a servi en Afghanistan puis dans diff?rents conflits dans le Caucase avant de jouer un r?le clef dans la premi?re guerre de Tch?tch?nie [ 10 ], des exp?riences sans doute jug?es pr?cieuses pour la conduite d’une nouvelle campagne tch?tch?ne. Le g?n?ral Trochev, autre adjoint du g?n?ral Kazantsev en tant que commandant du Groupe de forces « Est », a ?galement particip? ? la premi?re guerre de Tch?tch?nie. Ces ?l?ments « personnels » ont probablement fait une diff?rence avec le premier conflit, pour lequel les autorit?s russes ont eu peine ? trouver des volontaires pour mener les forces f?d?rales dans le Caucase. Parmi les nombreux officiers g?n?raux qui avaient exprim? leur opposition ? la guerre, certains b?n?ficiaient d’une exp?rience qui aurait pu ?tre utile dans les op?rations dans le Caucase [ 11 ].

De fait, les relations civilo-militaires sont apparues, en 1999-2000, beaucoup moins tendues que dans le premier conflit. Non seulement les autorit?s civiles, dont il para?t aujourd’hui clair qu’elles ont largement instrumentalis? le conflit ? des fins li?es aux ?ch?ances ?lectorales [ 12 ], ont nettement affich? la fermet? de leur engagement ? mener l’op?ration ? son terme et leur soutien inconditionnel aux responsables militaires. Elles ont ?galement signifi? ? ces derniers qu’elles leur reconnaissaient la comp?tence pour ce qui touchait aux modalit?s op?rationnelles de la conduite du combat en Tch?tch?nie et qu’elles ?taient pr?tes ? leur r?server une certaine latitude d?cisionnelle sur le terrain. La diff?rence est sensible par rapport ? la premi?re guerre, qui avait fortement divis? la haute hi?rarchie militaire. Les commandants des forces russes en Tch?tch?nie avaient reproch? aux autorit?s politiques l’ambigu?t? de leur soutien aux op?rations en cours dans le Caucase. De fait, le Kremlin, qui avait ? plusieurs reprises impos? moratoires sur les op?rations militaires et cessez-le-feu [ 13 ], tendait ? faire porter sur les militaires la responsabilit? des pertes humaines (c?t? russe comme c?t? tch?tch?ne) et des lourdes destructions en Tch?tch?nie tant d?cri?es par l’Occident, les media et l’opinion publique [ 14 ]. Autant d’?l?ments qui avaient pour beaucoup contribu? ? la fragilit? du moral des troupes engag?es sur le terrain.

Les conditions psychologiques de l’engagement des forces, surtout ? l’int?rieur du pays, constituent un param?tre d?terminant du succ?s d’une op?ration militaire : tel est l’un des principaux enseignements que les autorit?s russes ont tir?s de la premi?re guerre de Tch?tch?nie. D’une part, le fait que les relations entre le pouvoir politique et les autorit?s militaires soient ? la fois moins « tumultueuses » et plus claires que lors du premier conflit a aid? les militaires engag?s en Tch?tch?nie ? donner un sens et une l?gitimit? ? leurs actes. D’autre part, les autorit?s russes se sont attach?es ? mieux conduire la « guerre de l’information » [ 15 ]. Le Kremlin a capitalis? sur le sentiment d’ins?curit? extr?me de la population russe au lendemain de la vague d’attentats terroristes de l’automne 1999. La campagne militaire en Tch?tch?nie a ?t? abondamment d?crite par les autorit?s civiles et militaires comme une n?cessaire r?ponse au terrorisme. Le fondement de la d?marche de l?gitimation de la guerre par le Kremlin est r?sum? par Vladimir Poutine d?s septembre 1999, alors que les forces russes n’en ont pas encore compl?tement termin? avec les « rebelles islamiques » tch?tch?nes qui se sont introduits au Daghestan le 7 ao?t 1999 : « Nous avons la base l?gale voulue... Nous qualifions les actes des groupes de bandits d’acte de terrorisme international [ 16 ] et nous utilisons ceci comme fondement » des op?rations militaires dans le Caucase  [ 17 ]. En cons?quence, l’opinion publique russe a soutenu longtemps l’op?ration en Tch?tch?nie [ 18 ], apparaissant ? ses yeux « comme une guerre non pour l’int?grit? territoriale, ou pour l’ordre constitutionnel, mais pour la s?curit? de la soci?t? » [ 19 ]. Plus que les efforts, d’ailleurs plus ou moins vigoureux, des autorit?s russes pour justifier la l?gitimit? de l’op?ration d’un point de vue l?gal [ 20 ], c’est donc l’argument terroriste qui a emport? l’adh?sion des citoyens russes. Ces positions de l’opinion, auxquelles s’est ajout? le consensus quasi entier au sein de la classe politique russe sur le bien-fond? de la guerre [ 21 ], ont offert aux forces f?d?rales une plus grande confiance dans la « validit? » des missions qui leur sont assign?es que dans la premi?re guerre. Au moins dans un premier temps, les media, sous contr?le [ 22 ], ont couvert la guerre d’une fa?on globalement plut?t favorable aux int?r?ts russes : profusion d’articles sur les exactions commises par les « chefs de guerre » tch?tch?nes entre les deux guerres, commentaires positifs sur l’arm?e et ses performances en Tch?tch?nie, etc. Or, la premi?re guerre avait ?t? un v?ritable « fiasco de relations publiques pour l’arm?e russe » [ 23 ]. Celle-ci, dont les divisions internes sur le th?me du conflit tch?tch?ne avaient ?t? abondamment comment?es par la presse, ?tait demeur?e quasi silencieuse pendant les premiers mois de la guerre. En outre, l’opinion publique n’?tait pas suffisamment pr?par?e ? la guerre, en cons?quence de la pr?cipitation avec laquelle la d?cision avait ?t? prise et de l’absence manifeste de consensus sur la question au sein des ?lites politiques et militaires.

En revanche, les « rebelles » tch?tch?nes utilis?rent largement les media pour diffuser des images ?crites ou visuelles d?montrant aussi bien l’impr?paration des forces f?d?rales que les exactions et violences auxquelles elles se livraient, tandis que les opposants russes ? la guerre (civils comme militaires) multipliaient les d?clarations publiques et les articles critiques. Dans la seconde guerre, le g?n?ral Val?ri? Manilov, porte-parole et no 2 de l’Etat- Major g?n?ral russe, a mobilis? les media, s’exprimant r?guli?rement sur les ondes et dans la presse ?crite sur la l?gitimit? de la guerre, les « succ?s » de l’arm?e russe, les moyens employ?s pour minorer les pertes dans les rangs des forces russes, etc. La destruction d’une grande partie du r?seau de distribution d’?lectricit? par les frappes a?riennes russes a largement r?duit la capacit? des Tch?tch?nes, dont l’acc?s ? la presse russe a ?t? nettement plus restreint que dans le premier conflit, ? mener leur propre guerre de l’information.

Par ailleurs, le pouvoir russe a mis l’accent sur son attachement ? limiter au maximum les pertes humaines dans les forces f?d?rales, un autre facteur essentiel de l’adh?sion de l’opinion publique et des forces sur place. Les autorit?s militaires russes ont expliqu? cette ligne ? la fois par les le?ons de la premi?re guerre de Tch?tch?nie et par les frappes de l’OTAN contre la R?publique f?d?rale de Yougoslavie. Ainsi, un trait marquant de la tactique des forces russes a r?sid? dans le recours massif aux frappes a?riennes et d’artillerie, r?pondant au souci d’?viter les combats rapproch?s dans lesquels les forces f?d?rales, dans la premi?re guerre, n’avaient eu que tr?s rarement le dessus et avaient essuy? des pertes consid?rables. En g?n?ral, les forces f?d?rales ont proc?d? ainsi : encerclement du village ou de la ville qu’elles veulent investir, frappes a?riennes et/ou d’artillerie massives pour forcer les « rebelles » tch?tch?nes ? quitter les lieux ; une fois telle ou telle localit? tomb?e entre les mains des forces russes, proc?dure d’investigation, par ces derni?res, de la « cible g?ographique » suivante (au moyen de dr?nes, h?licopt?res, patrouilles au sol et autres proc?d?s de reconnaissance), feu a?rien et/ou d’artillerie puis engagement des forces au sol... D?s la mi-septembre 1999, les forces russes bombardaient les bases pr?sum?es des boeviki dans le sud de la Tch?tch?nie et ? sa fronti?re avec le Daghestan, dans le souci de « d?moraliser les rebelles et de reporter le plus longtemps possible l’introduction de forces terrestres » [ 24 ]. Il faut remarquer que les experts divergent sur l’ampleur r?elle des interventions des forces a?riennes dans le cadre de la seconde guerre, certains soulignant que c’est principalement l’artillerie qui a appuy? les forces f?d?rales. La chose est difficile ? v?rifier compte tenu de la raret? et du manque de fiabilit? de l’ensemble des informations disponibles sur les op?rations militaires dans le Caucase du Nord. Les forces a?riennes ont de toute fa?on jou? un r?le substantiel (reconnaissance et frappes) dans les premiers temps de la guerre, tandis que les forces terrestres encerclaient progressivement la Tch?tch?nie. Les autorit?s militaires russes ont en tout cas mis un accent particulier sur l’importance du facteur a?rien dans la campagne en Tch?tch?nie [ 25 ], ce qui correspond ? un double objectif  : montrer ? l’Occident qu’elles ont « ?tudi? » et int?gr? les le?ons des proc?d?s otaniens dans les Balkans ; rassurer, ce faisant, l’opinion publique sur la volont? du pouvoir politique de pr?server les forces f?d?rales.

Lorsque le second conflit s’engage, et l’effet des frappes a?riennes aidant, la population tch?tch?ne, moralement lasse et ?conomiquement exsangue, se r?fugie en masse vers l’Ingouchie voisine. Cette situation a eu un impact sur les combattants tch?tch?nes, dans la mesure o? elle les a priv?s d’une partie de la solidarit? et du soutien que la population leur avait accord?s lors du premier conflit. Cette circonstance n?gative pour les forces tch?tch?nes s’ajoute, dans la liste des difficult?s rencontr?es par les « rebelles » tch?tch?nes dans cette guerre, ? leurs propres divisions. Au fil des ans, en effet, se sont form?s diff?rents clans dont les int?r?ts et ambitions ne sont pas n?cessairement conciliables. Ces changements ont constitu? autant d’atouts pour les forces russes. D’ailleurs, les frappes a?riennes et d’artillerie visaient ?galement ? pousser les populations tch?tch?nes ? faire pression sur les forces rebelles pour qu’elles abandonnent leurs positions dans les zones d’habitation  [ 26 ]. De fait, dans certaines villes ou villages, les populations ont pr?f?r? n?gocier avec les forces russes pour ?viter que leur localit? ne soit d?truite [ 27 ]. L? encore, une « le?on » de la premi?re guerre a ?t? prise en compte : ? l’?poque, une des dimensions de l’impr?paration des forces russes avait ?t? une grande n?gligence quant ? l’?valuation des intentions de la population tch?tch?ne et des r?publiques caucasiennes voisines, et donc une sous-estimation du soutien que la population ?tait susceptible d’apporter aux gu?rillas tch?tch?nes. D’une fa?on g?n?rale, l’ensemble des experts qui se sont pench?s sur les raisons de la d?b?cle des forces russes en Tch?tch?nie en 1994-96 d?signent l’ignorance coupable des militaires russes sur l’?tat et les capacit?s des forces adverses comme un facteur majeur des ?checs subis.

Un rapport de forces beaucoup plus favorable aux forces russes

Pr?par?e ? la perspective d’un nouveau conflit, concentrant une partie des efforts de r?forme militaire sur les unit?s d?ploy?es dans le Caucase, l’arm?e russe a r?ussi ? mobiliser de 90 ? 120 000 hommes au d?but des op?rations  [ 28 ], soit une force deux ? quatre fois plus importante que dans la premi?re guerre [ 29 ]. Cette diff?rence quantitative ne rel?ve pas uniquement du plus grand r?alisme dont ont cette fois-ci fait preuve les autorit?s militaires russes [ 30 ]. Elle laisse ?galement ? penser que, d?s le d?part, l’objectif de l’op?ration « contre-terroriste » n’?tait pas uniquement d’instaurer un cordon sanitaire ? la fronti?re tch?tch?ne et d’?craser les formations rebelles, mais bien de contr?ler tout ou partie du territoire de la r?publique ind?pendantiste. Cette sup?riorit? en hommes (conjugu?e ? la sup?riorit? en puissance de feu) a jou? un r?le ?vident dans le succ?s relatif rencontr? par les forces russes face aux formations tch?tch?nes. Les effectifs de ces derni?res sont difficiles ? ?valuer de mani?re pr?cise. Ils sont de toute fa?on tr?s inf?rieurs ? l’effort consenti par les Russes [ 31 ].

Le rapport de forces a ?t? ?galement tr?s d?favorable aux combattants tch?tch?nes sur le plan de l’armement et de l’?quipement militaire : 1 650 chars et v?hicules pour les forces f?d?rales (contre 14 pour les « rebelles »), 480 pi?ces d’artillerie (contre 23), etc. [ 32 ]. Les forces a?riennes russes ont en outre utilis? davantage d’armes de pr?cision, quasiment absentes dans le premier conflit ; beaucoup de sources avancent par ailleurs que les forces f?d?rales ont eu recours ? certains types d’armes interdits par les conventions internationales. Les Russes avaient d?truit le gros des moyens a?riens dont disposait la Tch?tch?nie lors de la premi?re guerre. Bien qu’amenuis?es par rapport ? la premi?re guerre, les d?fenses anti-a?riennes des forces tch?tch?nes restent non n?gligeables et ont jou? un r?le dissuasif pour les forces a?riennes russes. Si, comme dans le premier conflit, les forces tch?tch?nes ont eu recours ? des missiles sol-air, beaucoup de ces engins ne sont pas op?rationnels.

Les combattants tch?tch?nes ont p?ti des efforts fournis par les Russes (barrages, bombardements) pour couper les routes d’approvisionnement en pi?ces d?tach?es et mat?riels [ 33 ]. C?t? russe, on a assist?, en 1999, ? une acc?l?ration de la production dans certaines entreprises de d?fense [ 34 ] qui a profit? en grande partie ? l’effort de guerre en Tch?tch?nie  [ 35 ]. Pour cette seconde campagne, la Russie a exc?d?, ce qu’elle a d’ailleurs officiellement reconnu, les plafonds que lui autorise le Trait? sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE).

L’ensemble des experts, et m?me des responsables militaires russes, s’accordent ? reconna?tre que les mesures de r?forme militaire mises en oeuvre entre 1997 et 2000 ont port? en grande partie sur la r?organisation et la rationalisation des structures, mais que faute de moyens financiers, les aspects qualitatifs de la r?forme (professionnalisation au moins partielle des forces, entra?nement, R&D;, modernisation des ?quipements...) ont d? ?tre renvoy?s ? plus tard. Cependant, le processus de fusion et de r?organisation d’unit?s mis en oeuvre par le minist?re de la D?fense dans tout le pays lui a permis de mobiliser un nombre beaucoup plus important d’unit?s op?rationnelles qu’en 1994-96, et davantage d’officiers et de conscrits relativement bien entra?n?s [ 36 ]. L? encore, c’est vrai surtout de la r?gion militaire Caucase Nord. Toutefois, les formations venues des autres r?gions militaires (Moscou, Volga, Sib?rie) sont pass?es, en g?n?ral, par une phase d’entra?nement sp?cifique dans leur r?gion d’appartenance prolong?e par un programme d’entra?nement intensif lors de leur arriv?e dans la r?gion militaire Caucase-Nord. En cons?quence, il a ?t? plus ais? d’harmoniser les pratiques d’unit?s d’horizons diff?rents. Les camps d’entra?nement utilis?s pour ce faire ont ?t? maintenus apr?s le premier d?ploiement de forces en octobre 1999, en vue d’entra?ner d’autres hommes (rotation des personnels, remplacement des victimes puis formation de la 42e division de fusiliers motoris?s qui doit faire partie de la force f?d?rale d’environ 25 000 hommes que Moscou veut d?ployer de mani?re permanente en Tch?tch?nie) [ 37 ]. M?me si, comme cela sera soulign? par la suite, la coordination des forces relevant de services ou d’agences d’Etat diff?rents n’est pas all?e sans poser de probl?mes, une des grandes le?ons des ?checs de la premi?re guerre a donc ?t? retenue.

Une autre diff?rence substantielle entre les deux conflits est ? relever : les autorit?s militaires russes ont fait appel ? des unit?s ?l?mentaires d’emploi plus souple, c’est-?-dire que chaque compagnie disposait de son soutien d’artillerie ou de sa batterie de mortier sur lesquels elle a contr?le direct (les commandants d’unit?s ?tant autoris?s ? d?finir eux-m?mes les cibles et ? prendre la d?cision de feu de mani?re autonome). Cela constitue une rupture par rapport aux pratiques traditionnelles de l’arm?e russe, favorisant les proc?dures centralis?es (notion de befehlstaktik ), source de lourdeurs qui s’?taient manifest?es de mani?re tr?s directe sur le terrain lors de la premi?re guerre de Tch?tch?nie [ 38 ]. Les experts soulignent unanimement le gain d’efficacit? que les forces russes ont retir? de cette « nouveaut? ».

Par ailleurs, les autorit?s militaires russes avaient planifi? beaucoup plus soigneusement leurs op?rations qu’en 1994 [ 39 ]. Il convient de rappeler bri?vement les grandes lignes de la progression des forces f?d?rales en territoire tch?tch?ne, marqu?e par une grande prudence [ 40 ]. Dans un premier temps, elles ont avanc? lentement dans les plaines qui vont de la fronti?re nord de la Tch?tch?nie jusqu’? la rivi?re Terek, au-del? de laquelle le paysage devient plus complexe (montagnes, collines, for?ts, villes plus nombreuses). A la mi-octobre, elles avaient investi plus du tiers du territoire tch?tch?ne. Le recours massif aux frappes a?riennes et d’artillerie, trait marquant de la seconde « campagne tch?tch?ne », visait, d’une part, comme cela a ?t? soulign? pr?c?demment, ? limiter le contact direct entre les « rebelles » tch?tch?nes et les forces f?d?rales ; d’autre part, ? d?sorganiser les formations tch?tch?nes, ? g?ner leur regroupement et leur ravitaillement, ? casser leurs lignes de communications. Les frappes a?riennes et d’artillerie ont en tout cas permis aux forces russes de repousser progressivement les forces rebelles dans les montagnes situ?es au sud de la r?publique tch?tch?ne, apr?s avoir pris le contr?le de Grozny, en f?vrier 2000.

Les m?mes pr?cautions ont d’ailleurs ?t? prises pour la prise de la capitale tch?tch?ne (engag?e en d?cembre 1999, apr?s la chute, ? la mi-novembre, de la deuxi?me ville de Tch?tch?nie, Gouderm?s). L’entr?e dans la ville s’est faite de mani?re prudente et progressive, alors qu’en 1995, les chars russes s’?taient engag?s directement au coeur de Grozny. En 1999, les chars et l’artillerie sont, dans un premier temps, rest?s sur les pourtours de la ville, tandis que des ?l?ments de l’infanterie, des forces sp?ciales et des unit?s de reconnaissance [ 41 ] p?n?traient dans la ville pour tenter de distinguer les points de concentration des forces adverses et renseigner les forces f?d?rales sur les mouvements des « rebelles » tch?tch?nes, afin d’assurer que les unit?s russes ne seraient pas surprises lors de leur entr?e dans la ville et de permettre ? l’artillerie de tirer sur les propositions pr?sum?es des rebelles. Le recours massif ? l’artillerie et aux frappes a?riennes pr?alable ? l’engagement des forces f?d?rales dans la ville, causant beaucoup plus de destructions que lors de la premi?re guerre [ 42 ], a relativis? l’avantage de la partie adverse en termes de connaissance du terrain [ 43 ]. De ce dernier point de vue, les forces russes ont a priori mieux ?tudi? les plans de la ville qu’en 1995. En cela, selon certaines sources, elles auraient ?galement b?n?fici? de l’aide des forces de Beslan Gantemirov, dont les milices connaissent tr?s bien le terrain, les positions probables des rebelles et les tactiques de ces derniers en milieu urbain. D?but d?cembre 1999, les forces f?d?rales encerclaient Grozny presque int?gralement. Ce cordon, m?me « incomplet », a emp?ch? les rebelles de quitter la ville (ou leurs renforts d’y p?n?trer) de mani?re organis?e. Si la prise de Grozny a sans doute constitu? l’?tape la plus d?licate et la plus douloureuse pour les forces russes, qui accusent toujours des faiblesses consid?rables en mati?re d’entra?nement au combat urbain et ont ?t? soumises ? un harc?lement incessant des forces adverses [ 44 ], ne pouvant dans ce cadre ?viter les combats rapproch?s tant craints [ 45 ], les rebelles tch?tch?nes ont n?anmoins d? c?der et quitter la capitale d?but f?vrier.

Un ?l?ment central des efforts de r?forme : l’interop?rabilit? entre les structures de force

Le Groupe des forces f?d?rales, dans la seconde guerre, comporte une majorit? de forces du minist?re de la D?fense. La premi?re guerre avait fait la d?monstration que les forces du minist?re de l’Int?rieur, qui, dans le second conflit comme dans le premier, avaient fourni le plus gros de la force « non-minist?re de la D?fense », n’ont ni les armements lourds, ni l’entra?nement voulus pour des op?rations contre des formations arm?es bien entra?n?es, bien organis?es et disposant d’armements en quantit?s relativement importantes. C’est sur ce constat qu’a repos? le renforcement progressif, au cours des derni?res ann?es, du r?le interne des forces arm?es, r?le qu’officialise la nouvelle doctrine militaire, adopt?e en avril 2000 [ 46 ]. C’est ?galement un des facteurs qui ont motiv? les efforts fournis depuis 1997 par les autorit?s militaires russes en vue d’am?liorer l’interop?rabilit? entre les forces du minist?re de la D?fense et les autres « structures de force » [ 47 ].

Une des orientations principales des initiatives engag?es par le Haut Commandement russe pour int?grer les enseignements de la premi?re guerre de Tch?tch?nie dans ses programmes de r?forme militaire r?side dans le renforcement de la coordination et de l’interop?rabilit? entre les structures de force. Les programmes de r?forme adopt?s en 1998 pr?voient l’homog?n?isation, ? terme, des structures territoriales de commandement et d’administration des diff?rentes structures de force, et la consolidation autour des r?gions militaires, qui seront renforc?es, de toutes les autres forces militaires et paramilitaires rattach?s ? d’autres minist?res et agences de l’Etat. Ainsi, le commandant de r?gion militaire devra ?tre « le commandant direct de tout le personnel de la r?gion militaire et... responsable de la pr?paration au combat et ? la mobilisation... de l’entra?nement et de l’entretien... des forces de la r?gion militaire, de l’ex?cution des missions op?rationnelles (de combat) et autres missions dont est investie la r?gion militaire, ainsi que de la pr?paration ? des missions dans le domaine de la d?fense des [formations] des forces arm?es, des autres forces, formations et organes militaires d?ploy?s sur le territoire de la r?gion militaire » [ 48 ]. Cet axe de la r?forme correspond au souci de r?duire la masse des personnels administratifs (chacune des r?gions des diff?rentes structures de force ayant des ?tats-majors locaux, avec des personnels plus ou moins importants, des d?p?ts, des h?pitaux, des r?seaux de transport souvent redondants entre eux [ 49 ]. Toutes ces composantes devront ?tre r?unies en un syst?me unifi?, ce qui doit permettre de r?duire les co?ts.

Un autre ?l?ment peut expliquer cette dimension de la r?forme, qui renforce l’ascendant de l’arm?e par rapport aux autres structures de force : le pouvoir politique, apr?s s’?tre beaucoup appuy? sur la mise en concurrence entre l’arm?e et les autres structures (en jouant sur la r?partition des cr?dits, des ?quipements et des hommes), a constat? les limites et les risques de cette strat?gie. De fait, le manque de coordination et de coop?ration entre les structures de force dans la premi?re guerre en Tch?tch?nie, les difficult?s alors rencontr?es dans le commandement de forces combin?es relevant de structures de force diff?rentes ont alert? les autorit?s russes, conscientes en 1996 de ce que l’instabilit? dans le Caucase du Nord allait persister. Les souvenirs des cons?quences de la mauvaise coordination entre les structures de force (en premier lieu entre le minist?re de la D?fense et le MVD), des communications d?fectueuses entre elles sont en effet cuisants.

La grande insuffisance de la pr?paration des structures de force ? travailler ensemble avait conduit au mieux ? des pertes de temps et une dispersion des ?nergies li?es ? la n?cessit? de « faire connaissance » directement sur le terrain, en des laps de temps tr?s r?duits, au pire ? des pertes humaines. Ces ph?nom?nes tenaient, entre autres, aux rivalit?s entre les structures de force qui se sont d?velopp?es au cours des derni?res ann?es en raison d’un contexte budg?taire devenu tr?s tendu. Ces rivalit?s, encourag?es par le pouvoir politique, ont pouss? les structures de force ? cultiver leur diff?rence, d?j? source d’une grande h?t?rog?n?it? au sein de l’appareil de s?curit? russe. Une h?t?rog?n?it? qui ne se justifie sans doute plus ? l’heure o? les menaces reconnues comme les plus imm?diates exigent des op?rations, en Russie m?me ou dans sa proche p?riph?rie, engageant non plus exclusivement l’arm?e, le minist?re de l’Int?rieur ou le Service f?d?ral des gardes-fronti?res, mais leurs efforts conjoints. Les grands axes de la r?organisation de la r?gion militaire Caucase Nord ont ?t? en grande partie d?termin?s par la n?cessit? reconnue de mettre fin ? ces ph?nom?nes [ 50 ]. Presque tous les exercices qui s’y sont tenus entre 1997 et 1999 impliquaient les diff?rentes structures de force [ 51 ].

Fruit de ces efforts, la seconde guerre de Tch?tch?nie a t?moign? d’une am?lioration de la coordination entre les diff?rentes forces. Cependant, l’ensemble des hauts responsables militaires s’accordent ? reconna?tre que malgr? des ?volutions positives, le contr?le et le commandement, en conditions r?elles, des forces f?d?rales composites ont pos? des probl?mes [ 52 ], ne serait-ce qu’en raison de lacunes d’ordre doctrinal sur les modalit?s des interactions sur le terrain entre des forces de subordination diff?rentes. Un auteur britannique souligne d’ailleurs qu’autant que possible les autorit?s russes ont ?vit? de « m?langer » des forces de subordination diff?rentes, et en tout cas ont donn? aux unes et aux autres des objectifs s?par?s [ 53 ], ce qui semble indiquer que l’impact des r?formes entreprises est encore limit?. On peut citer ici d’autres signes et illustrations de la persistance de dysfonctionnements  : pertes par effet fratricide [ 54 ] caus?es par des tirs des forces a?riennes russes (VVS), li?es au manque d’entra?nement commun entre les VVS et les forces « non-minist?re de la D?fense », notamment celles du minist?re de l’Int?rieur (MVD) [ 55 ] ; mauvaise coordination entre l’artillerie des unit?s du minist?re de la D?fense et leurs homologues du MVD ; difficult?s dans les communications entre les structures de force [ 56 ] et dans l’identification mutuelle, les unes et les autres ne partageant pas n?cessairement les m?mes codes et signaux [ 57 ] ; plaintes des forces du minist?re de la D?fense sur le manque de volont? pr?sum? des autres structures de force de mener des actions solidaires, et vice versa... Le g?n?ral Viatcheslav Tikhomirov, commandant des forces du MVD, d?plore l’absence d’un syst?me unifi? de d?signation des cibles, d’identification mutuelle et de communications  [ 58 ]. Les ?quipements et mat?riels dont disposent les diff?rentes structures de force ne sont toujours pas interop?rables.

Ces lacunes et difficult?s ne s’expliquent pas uniquement par l’insuffisance persistante des cr?dits d’entra?nement. Des facteurs d’ordre politique sont ?galement ? prendre en compte. Il en va ainsi de l’origine des projets de r?forme des r?gions militaires, projets pour lesquels la r?gion du Caucase du Nord appara?t comme une r?gion-test. S’il est clair que l’un des objets des axes de cette r?forme est bien de permettre le renforcement de l’interop?rabilit? entre les structures de force, ces derni?res y voient ?galement, et sans aucun doute ? juste titre, une traduction de la volont? de l’Etat-Major g?n?ral de leur imposer son autorit?. De fait, l’un des chevaux de bataille du g?n?ral Kvachnine, Chef de l’Etat-Major g?n?ral, est de restreindre autant que faire se peut l’autonomie des autres structures de force. Par l’homog?n?isation des structures de commandement et de contr?le qui renforce les r?gions militaires, il esp?re notamment « r?cup?rer » le contr?le de tout ou partie des budgets des autres structures de force. Ces derni?res, jalouses de leur autonomie, s’opposent naturellement ? ces ambitions. Ces conflits se sont refl?t?s dans les rivalit?s pour le commandement et le contr?le des op?rations en Tch?tch?nie, m?me si ? cet ?gard les processus ont ?t? nettement plus clairs que lors de la premi?re guerre [ 59 ]. On a de ce point de vue une situation paradoxale : lors de la deuxi?me guerre de Tch?tch?nie, le fait que le contr?le op?rationnel des forces, confi? au minist?re de la D?fense via la r?gion militaire Caucase Nord, soit clairement identifi? [ 60 ] a sans aucun doute contribu? ? l’am?lioration relative des « performances » des forces f?d?rales par rapport au premier conflit ; dans le m?me temps, l’affirmation de l’autorit? du minist?re de la D?fense sur les autres structures a ?t? source de blocages et de difficult?s sur le terrain. La presse a fait ?tat de la permanence de tensions entre les forces du minist?re de la D?fense et celles du MVD [ 61 ], entre les forces terrestres et les forces a?roport?es [ 62 ]. Par ailleurs, diff?rents experts ont soulign? un facteur aggravant de ces ph?nom?nes  : la faiblesse des fondements l?gaux d?finissant clairement la r?partition des t?ches et missions entre les diff?rentes agences, minist?res et structures de force, leurs r?les respectifs en fonction de la nature du conflit int?rieur, etc. La doctrine militaire exprime la conscience que les hauts responsables russes ont de ces probl?mes lorsqu’elle ?voque, ? plusieurs reprises, la n?cessit? d’?tablir une organisation militaire unifi?e.

En dehors de ces difficult?s, diff?rents probl?mes rencontr?s par les forces f?d?rales lors de la premi?re guerre se sont confirm?s dans le second conflit, m?me si souvent avec une moindre gravit? : probl?mes sur la diffusion et l’analyse de l’information, sur l’?valuation de la situation et des capacit?s des forces adverses, lourdeurs dans la pr?paration des d?cisions, faiblesse de l’exp?rience des forces russes en mati?re de planification d’une op?ration dans toutes ses ?tapes et dans des d?lais restreints, connaissance des lieux insuffisante, manque de fiabilit? des pr?visions sur les conditions m?t?orologiques, manque de pr?cision dans la d?finition de l’emplacement des cibles, dans la d?finition des missions de l’artillerie, dans l’orientation topographique et tactique en terrain montagneux [ 63 ], manque de cartes dans les formations appel?es ? engager des op?rations sp?ciales... [ 64 ]. Les experts constatent unanimement que l’arm?e russe, en d?pit des exp?riences de l’Afghanistan et du premier conflit tch?tch?ne, n’a toujours qu’une connaissance limit?e des conditions et modalit?s du combat de gu?rilla [ 65 ]. Les forces f?d?rales ont ?galement manqu? de certaines cat?gories de personnels - forces a?roport?es [ 66 ], contr?leurs de navigation a?rienne, manque de personnels comp?tents pour l’utilisation des armements a?ronautiques  [ 67 ], etc. Les sp?cialistes de ces cat?gories ont ainsi d? rester plus longtemps sur le terrain avant de pouvoir ?tre remplac?s [ 68 ]. Les autorit?s militaires russes reconnaissent que les soldats contractuels (environ 40 % des forces f?d?rales engag?es en Tch?tch?nie) sont dans leur ensemble des personnels de qualit? m?diocre, peu fiables, indisciplin?s, ne remplissent pas n?cessairement leurs obligations jusqu’au terme convenu [ 69 ], n’ont souvent pas un entra?nement suffisant (pour certains moins que les conscrits). Enfin, les forces russes ont souffert de lacunes sur le plan de l’approvisionnement en munitions et mat?riels, alimentation, produits m?dicaux, malgr? les pr?cautions prises avant le d?but de la seconde campagne pour am?liorer les soutiens logistiques, un des grands points faibles de la premi?re campagne tch?tch?ne. Quant ? la crise financi?re aigu? qu’a subie l’industrie de d?fense au cours de la derni?re d?cennie, la reprise soudaine de la production dans les entreprises militaires permise par l’am?lioration de la situation budg?taire russe en 1999 et 2000 n’a pas suffi ? en pallier les effets. En cons?quence, des p?nuries se sont fait sentir dans diff?rentes cat?gories d’armes et d’?quipements, avec notamment un manque de syst?mes de commandement automatis?s modernes. De m?me, le r?approvisionnement des forces, notamment les forces a?riennes, en carburants, mat?riels, et autres a souvent ?t? difficile.

En fait, le recours intensif aux frappes a?riennes et d’artillerie a masqu? le fait que depuis 1996, la structure des forces arm?es ne s’est gu?re modifi?e, leur armement ne s’est gu?re modernis?. En d?pit de la volont? affich?e par le minist?re de la D?fense, l’insuffisance de l’entra?nement perdure, notamment en milieux montagneux, forestier et urbain (aussi bien pour les forces du minist?re de la D?fense que pour celles de l’Int?rieur), faute de financements idoines. « Dans les batailles d’infanterie dans les villes et les montagnes, les troupes russes ont toujours ?t? inf?rieures pour ce qui est de l’entra?nement et du commandement », souligne un expert britannique des questions militaires russes [ 70 ]. Relativement ais? dans les plaines au nord de la Terek, le recours ? l’artillerie se fait plus d?licat au sud (villes, montagnes, for?ts) et n?cessite des comp?tences plus pointues, dont ne disposaient pas n?cessairement les militaires pr?sents sur le terrain. Les forces russes constatent par ailleurs que le recours aux bombardements a?riens et ? l’artillerie n’est sans doute pas la r?ponse la plus appropri?e ? ce ? quoi elles sont confront?es depuis qu’elles contr?lent la quasi-totalit? du territoire tch?tch?ne sans ?tre pour autant venues ? bout de la r?sistance des boeviki  : actes de gu?rilla, de sabotage, tirs r?currents contre leurs baraquements, op?rations suicides contre leurs bases, embuscades, mines plac?es sur le trajet de leurs convois, un probl?me dont la gravit? n’a fait que cro?tre au cours des derniers mois... Les frappes massives contre le territoire tch?tch?ne ont non seulement abouti ? la destruction, outre de moult cibles militaires (bases pr?sum?es, d?p?ts de munitions, etc.), de la quasi-totalit? du r?seau ?lectri que, de ponts, d’infrastructures de traitement et de distribution d’eau, de l’ensemble des communications t?l?phoniques de la Tch?tch?nie. Elles ont aussi caus? des pertes consid?rables (bien que difficiles ? chiffrer) dans la population civile, et un mouvement massif de r?fugi?s tch?tch?nes vers l’Ingouchie voisine tr?s d?licat ? g?rer [ 71 ]. Quant ? l’objectif de l’Etat-Major g?n?ral de limiter les pertes en hommes, il est loin d’?tre atteint. En un peu plus d’un an, les forces russes auraient perdu 2 500 ? 3 500 hommes, 8 000 ? 10 000 autres seraient bless?s (selon les sources officielles), chiffres sup?rieurs aux valeurs annuelles moyennes correspondantes enregistr?es lors de la guerre d’Afghanistan et de la premi?re de Tch?tch?nie [ 72 ].

Conclusion

La seconde guerre de Tch?tch?nie a ?t? marqu?e par un climat politique et psychologique plus favorable que dans le premier conflit, par la d?sinformation et par le recours massif ? la force a?rienne et d’artillerie. Ces ?l?ments ont largement contribu? ? masquer les lacunes de la r?forme militaire mises en ?vidence par cette guerre. Ces lacunes constituent un facteur essentiel de la r?activation r?cente du d?bat sur la restructuration de l’arm?e et des structures de force. La d?cision a notamment ?t? prise, courant novembre 2000, de modifier la r?partition des cr?dits de d?fense, dans un sens plus favorable aux forces conventionnelles (au d?triment des forces strat?giques, jusqu’? aujourd’hui prioritaires dans l’allocation des cr?dits d’acquisition). Evoquant ce qu’avec lui nombre de responsables civils et militaires russes voient comme un d?s?quilibre entre forces strat?giques et forces conventionnelles, le g?n?ral Nikolaev, pr?sident de la commission de d?fense ? la Douma, soulignait ainsi en juillet dernier que l’incapacit? des forces russes ? maintenir un groupe de 60 000 hommes dans le Caucase du Nord constituait une des illustrations les plus flagrantes des faiblesses de l’arm?e russe.

Bien que les boeviki tch?tch?nes aient a priori perdu la possibilit? de mener des actions d’envergure contre les forces russes, ils ne leur infligent pas moins des torts consid?rables. Depuis l’?t?, elles engagent r?guli?rement des op?rations du type attentats-suicides contre les casernes russes, les mines causent un nombre croissant de victimes du c?t? f?d?ral. Fatigu?e des contraintes impos?es par les forces russes, des ratissages r?guliers auxquels elle est soumise, quand il ne s’agit pas de violences, la population tch?tch?ne semble avoir repris les actes de subversion et de sabotage, en soutien indirect aux chefs de guerre tch?tch?nes. Face ? ces ?volutions, la presse russe a adopt? un ton plus critique, parle d’enlisement, s’interroge sur le risque d’une guerre de gu?rilla prolong?e, rappelle que le ministre de la D?fense, Igor Sergueev, avait annonc? la fin des op?rations pour la fin de l’ann?e 1999... Tandis que Pavel Felgengauer ?voque r?guli?rement le « cercle vicieux » dans lequel se trouvent les forces f?d?rales dans le Caucase du Nord, le r?dacteur en chef du suppl?ment militaire de la Nezavisima?a Gazeta regrettait, d?s avril 2000, que les autorit?s militaires russes se satisfassent de ce que leurs forces aient investi la quasi-totalit? du territoire de la Tch?tch?nie alors m?me qu’au sein de ces forces, les pertes humaines se multiplient ? un rythme sans pr?c?dent depuis le d?but de la guerre. Tandis que l’opinion donne des signes de lassitude, que des tensions apparaissent, au sujet de la Tch?tch?nie, entre les autorit?s politiques et les responsables des structures de force, les forces russes sur place se sentent abandonn?es ? leur sort, comme dans le premier conflit, et se livrent de plus en plus fr?quemment ? des exactions sur les populations civiles. La guerre a donc chang? de visage au cours des derniers mois, mais la « question tch?tch?ne » se pose toujours avec la m?me intensit?.

[ 1 ] L’opinion publique s’indigna en effet de constater que les autorit?s envoyaient combattre en Tch?tch?nie des jeunes conscrits mal entra?n?s, quand ils l’?taient. On peut parler d’une redite, ? une ?chelle sans doute moindre, du « syndrome afghan », qui vit l’opinion sovi?tique, traumatis?e par le retour en masse de conscrits dans des cercueils, d?crier l’institution militaire.

[ 2 ] Qui furent suivis d’un accord de paix en mai de l’ann?e suivante.

[ 3 ] Beaucoup d’experts affirment que Moscou a plus ou moins directement contribu? ? la d?stabilisation de la zone Caucase Nord dans son ensemble au cours des derni?res ann?es (C.W. Blandy, « Chechnya : Two Federal Interventions. An Interim Comparison and Assessment », Conflict Studies Research Centre, janvier 2000, p. 24). Nombre de sc?narios jugent plausible l’id?e selon laquelle la d?stabilisation au Daghestan, qui a donn? le signal de d?part aux op?rations russes en Tch?tch?nie, aurait ?t? orchestr?e par des personnalit?s proches du pouvoir f?d?ral russe en complicit? avec certains chefs tch?tch?nes, ou encore que les attentats qui ont servi de justification ? l’engagement des forces russes en Tch?tch?nie auraient ?t? commandit?s par les autorit?s russes elles-m?mes.

[ 4 ] Elu pr?sident de la Tch?tch?nie en janvier 1997.

[ 5 ] Voir Steven J. Main, « North Caucasus Military District : Defending Russia’s Interests in the Caucasus (1996-August 1999) », Conflict Studies Research Centre, juin 2000, pp. 39-42.

[ 6 ] Il s’agit de l’ensemble des institutions et organismes d’Etat auxquels sont rattach?es des forces arm?es : minist?re de l’Int?rieur (MVD), Service f?d?ral des gardes-fronti?res (FPS), Service f?d?ral de s?curit? (FSB), minist?re des Situations d’urgence (MTchS), pour ne citer que les principaux.

[ 7 ] Le g?n?ral Kazantsev a fait une grande partie de sa carri?re dans la r?gion militaire (VO) Transcaucasie du temps de l’URSS avant de devenir premier adjoint du commandant de la VO Caucase Nord puis commandant de cette m?me VO.

[ 8 ] En mai 2000, le g?n?ral Kazantsev a ?t? nomm? repr?sentant du Pr?sident pour la r?gion administrative « Sud », qui englobe le Caucase du Nord.

[ 9 ] Trois « groupes de forces » (est, ouest, nord) ont ?t? form?s pour la seconde guerre.

[ 10 ] Dans ce cadre, il fut adjoint du commandant des forces f?d?rales, dont il deviendra par la suite commandant.

[ 11 ] Voir, notamment, Roy Allison, « The Chechenia Conflict : Military and Security Policy Implications  », in Roy Allison, Christopher Bluth (dir.), Security Dilemmas in Russia and Eurasia, RIIA, 1999, p. 246.

[ 12 ] D’autres enjeux sont ?videmment entr?s en compte, de la « cr?dibilit? » de la Russie en tant que point de transit pour les hydrocarbures de la Caspienne ? la n?cessit? d’endiguer le d?veloppement de la criminalit? et des trafics en tous genres dans la r?gion en passant par les risques de d?stabilisation en cha?ne du Caucase du Nord.

[ 13 ] Timothy L. Thomas, « A Tale of Two Theaters : Russian Actions in Chechnya in 1994 and 1999 », Analysis of Current Events, vol. 12, nos 5-6, septembre 2000 (disponible sur le site du Foreign Military Studies Office ? l’adresse suivante : http://call.army.mil/call/fmso/fmsopubs/issues/chechtale.htm). C. Blandy, du Conflict Studies Research Centre, souligne que les ambigu?t?s qui en ont d?coul? ont contribu? ? miner l’efficacit? des forces militaires russes en Tch?tch?nie : « L’action militaire robuste, concert?e, coordonn?e a toujours ?t? restreinte par [l’]approche duale de force et de n?gociation », « Chechnya : Two Federal Interventions, An Interim Comparison and Assessment », op. cit. p. 20.

[ 14 ] Ce souvenir est d’autant plus cuisant dans la m?moire des militaires russes que les dirigeants civils avaient eu le m?me comportement dans les derni?res ann?es de la perestro?ka : apr?s avoir ordonn? ? l’arm?e d’intervenir contre les manifestants en G?orgie, en Azerba?djan et dans les pays Baltes, ils avaient laiss? la presse d?noncer les crimes de l’arm?e.

[ 15 ] Pour une comparaison sur la conduite de la « guerre de l’information » entre la premi?re et la seconde guerre, voir Timothy L. Thomas, « Manipulating the Mass Consciousness : Russian and Chechen » Information War « Tactics in the 2nd Chechen-Russian Conflict », sur le site Internet du Foreign Military Studies Office, ? l’adresse suivante : http://call.army.mil/call/fmso/fmsopubs/issues/chechiw.htm. Cet auteur ?voque, entre autres, l’usage que les deux parties ont fait de l’outil Internet.

[ 16 ] La nouvelle doctrine militaire d’avril 2000 souligne le caract?re transnational de la menace terroriste. Elle d?nonce « la cr?ation, l’?quipement et l’entra?nement sur le territoire d’autres Etats de formations et de groupes arm?s en vue de les d?ployer pour des op?rations sur le territoire de la F?d?ration de Russie et de ses alli?s », une menace dont le Kremlin estime qu’elle a pris forme en Tch?tch?nie. Depuis le d?but des troubles dans le Caucase du Nord, en effet, les officiels russes affirment que des mercenaires mandat?s par des pays ?trangers soutiennent les boeviki tch?tch?nes et que ces derniers re?oivent des armes de l’ext?rieur.

[ 17 ] Cit? in Steven J. Main, « ?Counter-Terrorist Operation’ in Chechnya : On the Legality of the Current Conflict », in Anne C. Aldis (dir.), The Second Chechen War, Conflict Studies Research Centre, Sandhurst, juin 2000, p. 23.

[ 18 ] Un sondage r?alis? par le VTsIOM entre le 17 et le 20 d?cembre 1999 est ?loquent quant aux « sentiments  » de l’opinion ? l’?gard des Tch?tch?nes suite aux attentats : 54 % des 1 600 personnes interrog?es estimaient que les actes des forces russes en Tch?tch?nie ?taient suffisamment humains (voire trop humains, pour 14 autres %, contre seulement 18 % qui les jugeaient trop peu humains). Sur 1 600 personnes interrog?es par le m?me institut entre le 30 juin et le 4 juillet 2000, 52 % consid?raient que les op?rations des forces f?d?rales en Tch?tch?nie n’?taient pas suffisamment dures et d?cisives. L’ensemble des sondages indique que 45 ? 50% de la population russe soutiennent toujours la « politique » des autorit?s en Tch?tch?nie, m?me s’il convient par ailleurs de souligner que ce soutien s’est progressivement ?rod? au cours des derniers mois.

[ 19 ] Dmitri? Trenine, « Tchetchnia : Voennye Itogui i Mirnye Perspektivy » [Tch?tch?nie : bilan militaire et perspectives de paix], Briefings du Centre Carnegie de Moscou, tome 2, no 1, janvier 2000, p. 2. Un expert am?ricain met en exergue un autre ?l?ment qui a jou? en faveur de la partie russe dans la guerre de l’information  : les nombreux kidnappings commis en Tch?tch?nie entre les deux guerres ont fait que l’opinion « ne voyait plus les Tch?tch?nes comme un petit peuple s?paratiste luttant pour d?fendre son territoire contre des attaques aveugles », une ?valuation largement partag?e au sein de l’opinion publique internationale mais aussi russe dans la premi?re guerre (Timothy L. Thomas, « Manipulating the Mass Consciousness : Russian and Chechen ?Information War’ Tactics in the 2nd Chechen-Russian Conflict », op. cit.).

[ 20 ] A ce sujet, voir Steven J. Main, « ?Counter-Terrorist Operation ’ in Chechnya : On the Legality of the Current Conflict », op. cit., pp. 19-37. L’ill?galit? de la premi?re guerre avait ?t? amplement d?nonc?e par ses d?tracteurs civils et militaires russes.

[ 21 ] Seul Grigori? Iavlinski?, qui dirige le parti d’opposition lib?rale mod?r?e Iabloko, s’est oppos? ? la « politique » de la Russie en Tch?tch?nie. M?me le maire de Moscou, Iouri? Loujkov, bien que critiquant les choix tactiques des autorit?s russes, a appuy? la ligne du Kremlin (Interfax, 1er novembre 1999).

[ 22 ] La censure a jou? ? plein, l’information sur la guerre, russe ou ?trang?re, devant ?tre v?rifi?e par les autorit?s russes avant publication dans la presse. Les journalistes nationaux et ?trangers, du reste beaucoup moins nombreux que dans le premier conflit ? ?tre pr?ts ? courir le risque de se rendre dans une zone d’aussi grande ins?curit? que la Tch?tch?nie, n’ont eu qu’un acc?s tr?s restreint au terrain. Certes, la presse a commenc? ? exprimer des r?serves et des critiques lorsque les forces russes ont rencontr? de grandes difficult?s autour de Grozny et dans d’autres grandes villes tch?tch?nes dans les deux premiers mois de 2000. Mais ces critiques n’ont pas ?t? « insistantes », le pouvoir politique n’h?sitant pas ? prendre des mesures d’intimidation ? l’?gard de la presse, une politique dont « l’affaire Babitski? » n’est que l’illustration la plus saillante.

[ 23 ] Timothy L. Thomas, « A Tale of Two Theaters : Russian Actions in Chechnya in 1994 and 1999 », op. cit.

[ 24 ] Ibid.

[ 25 ] Le commandant en chef des forces a?riennes russes (VVS), le g?n?ral A. Kornoukov, a ainsi expliqu? que « L’emploi des forces a?riennes pour la destruction des groupes terroristes au Daghestan et en Tch?tch?nie a une fois encore montr? qu’obtenir le succ?s dans les op?rations terrestres... est actuellement impensable sans la conqu?te et le maintien de la sup?riorit? a?rienne ». Et d’?num?rer les missions affect?es aux VVS dans le cadre de la guerre : soutien a?rien aux forces f?d?rales, blocus de la zone de conflit, destruction des points d’appui, bases, d?p?ts et r?serves des forces adverses, minage des routes et voies emprunt?es par les formations rebelles, pression psychologique sur les boeviki, reconnaissance a?rienne, acheminement de troupes et de fret (« Kontrterroristitcheska?a operatsiia : osnovnye ouroki i vyvody » [L’op?ration contre-terroriste : principales le?ons et conclusions], Dossier sp?cial, in Voenna?a Mysl’, no 4, juillet-ao?t 2000, p. 5).

[ 26 ] Michael Orr, « Russia’s Chechen War Reaches Crisis Point », Jane’s Intelligence Review, octobre 2000, p. 16.

[ 27 ] Selon certains experts, le soutien des milices de Beslan Gantemirov, ancien maire de Grozny d?mis en 1998 pour d?tournement de fonds octroy?s par Moscou pour la reconstruction de la capitale tch?tch?ne, a ?galement aid? les forces russes ? ?tablir le contact avec les populations tch?tch?nes. En novembre 1999, les autorit?s russes avaient lib?r? Gantemirov, dans l’espoir qu’il saurait user de son influence en Tch?tch?nie pour servir les int?r?ts russes. Il fonde alors une milice pro-russe compos?e de Tch?tch?nes. Par la suite, il sera appel? dans le nouveau gouvernement tch?tch?ne pro-russe, instaur? en juin 2000 et dirig? par Akhmat Kadyrov. B. Gantemirov a ?t? de nouveau nomm? maire de Grozny en octobre 2000.

[ 28 ] Les deux tiers provenant du minist?re de la D?fense. A partir de f?vrier 2000, apr?s la prise de Grozny par les forces russes, la pr?sence russe commence ? se r?duire, pour atteindre 80 000 hommes en avril 2000 (les effectifs actuels sont difficiles ? chiffrer). La r?gion militaire (VO) Caucase Nord a ?t? le principal « fournisseur » en hommes pour cette force, mais d’autres VO ont ?galement ?t? mises ? contribution.

[ 29 ] Selon Pavel Felgengauer, un des commentateurs sp?cialistes des questions militaires russes les plus connus, les forces f?d?rales russes ne comptaient qu’un peu moins de 25 000 hommes lorsqu’elles entam?rent les op?rations en Tch?tch?nie en d?cembre 1994, et leurs effectifs n’auraient jamais exc?d? 45 000 hommes. (« Russia’s Forces Unreconstructed », Perspective, vol. 10, no 4, mars-avril 2000).

[ 30 ] Le g?n?ral Gratchev, ministre de la D?fense de 1992 ? 1996, avait d?clar? que l’arm?e prendrait Grozny avec un r?giment d’assaut a?roport? en deux heures... Une des raisons majeures de l’impr?paration des forces russes en Tch?tch?nie dans la premi?re guerre ?tait la conviction de Pavel Gratchev que la menace d’une intervention militaire russe de grande ampleur en Tch?tch?nie suffirait ? faire plier cette derni?re. En cons?quence, les forces russes n’avaient pas ?tabli de plans d?taill?s pour l’?ventail des possibilit?s auxquelles elles risquaient d’avoir ? faire face en terrain caucasien.

[ 31 ] 15 000 ? 40 000 hommes selon les sources. Les estimations officielles russes ?voquant g?n?ralement le chiffre de 3 ? 4 000 hommes (Nezavisimoe Voennoe Obozreniie, 7-13 avril 2000, p. 1).

[ 32 ] Pour de plus amples d?tails, voir Nezavisimoe Voennoe Obozreniie, 24 d?cembre 1999-13 janvier 2000.

[ 33 ] Military Balance 2000-2001, International Institute of Strategic Studies, Londres, 2000, p. 113.

[ 34 ] Dans certains cas, bien avant le d?but des hostilit?s (fin 1998 - d?but 1999), ce qui tend ? confirmer la th?se selon laquelle les autorit?s russes se pr?paraient depuis longtemps ? une « revanche » dans le Caucase.

[ 35 ] Dans la premi?re guerre, une plus grande partie des armements et ?quipements utilis?s par les Russes ?taient obsol?tes. De plus, l’inad?quation et le manque d’entra?nement des personnels engag?s dans le combat aidant, l’entretien des armements ?tait insuffisant.

[ 36 ] L’id?e des r?organisations et des fusions ?tant de permettre aux autorit?s militaires de concentrer l’effort financier consacr? ? l’entra?nement sur un nombre plus restreint de formations, pour le rendre plus efficace. Les analystes s’accordent ? dire que dans l’ensemble, les conscrits ont b?n?fici?, avant d’?tre envoy?s au combat, d’une p?riode d’entra?nement plus longue que lors de la premi?re guerre. Dans le souci, ?voqu? plus haut, de conserver le soutien de l’opinion publique, dans un premier temps, seuls les conscrits qui avaient fait au moins douze mois de service pouvaient ?tre envoy?s en Tch?tch?nie (par la suite, les autorit?s militaires ont d? r?duire ce d?lai ? six mois). Dans le premier conflit, beaucoup de conscrits avaient ?t? envoy?s dans le Caucase sans entra?nement pr?alable, et nombre de militaires s’?taient vus confier des missions ne correspondant pas ? leur sp?cialit? d’origine. Dans un cadre o? les unit?s ?taient compos?es d’hommes qui n’?taient pas habitu?s ? combattre ensemble, car venant de r?gions militaires, d’arm?es, voire de structures de force diff?rentes, une des « lacunes » traditionnelles de l’arm?e russe s’?tait manifest?e dans toute son acuit? - la quasi-absence de sous-officiers de carri?re, en cons?quence de laquelle l’encadrement de contact des hommes du rang, dans leur majorit? des appel?s, est normalement la mission des jeunes officiers, qui laissent en fait les sous-officiers appel?s assurer cet encadrement apr?s quelques mois de service. Selon Pavel Felgengauer, jusqu’? 90 % des sergents dans l’arm?e russe sont des conscrits (« Russia’s Forces Unreconstructed », op. cit.).

[ 37 ] Michael Orr, « Better or Just Not So Bad ? An Evaluation of Russian Combat Effectiveness in the Second Chechen War », in Anne C. Aldis (dir.), The Second Chechen War, op. cit., pp. 89-90.

[ 38 ] Les pratiques ?taient alors encore tr?s centralis?es (le commandement des forces f?d?rales devant attendre que les autorit?s centrales (minist?re de la D?fense, minist?re de l’Int?rieur, et autres) lui donnent le feu vert avant d’engager les forces dans telle ou telle action.

[ 39 ] Sur le contraste entre l’impr?paration de la premi?re guerre et la tradition de planification militaire sovi?tique, voir C.W. Blandy, « Chechnya : Two Federal Interventions, An Interim Comparison and Assessment  », op. cit., pp. 16-18.

[ 40 ] Un expert britannique rappelle qu’une pause op?rationnelle a ?t? marqu?e par les forces russes suite aux op?rations au Daghestan, puis une autre avant l’assaut sur Grozny, dans les deux cas pour permettre aux forces de se regrouper, de se r??quiper, de se ressourcer (Michael Orr, « Better or Just Not So Bad ? An Evaluation of Russian Combat Effectiveness in the Second Chechen War », op. cit., p. 87).

[ 41 ] Les forces russes ont attach? plus d’importance que dans la premi?re guerre aux activit?s de reconnaissance et de collecte de renseignements, y compris par voie a?rienne, ce qui leur a permis une appr?ciation globalement meilleure des positions des gu?rillas (voir Military Balance 2000-2001, op. cit., p. 114).

[ 42 ] D’apr?s certains commentateurs, les g?n?raux russes se seraient alors prononc?s pour la destruction totale de Grozny par bombardements a?riens et frappes d’artillerie massives, mais les autorit?s politiques s’y seraient oppos?es (Pavel Felgengauer, « Russia’s Forces Unreconstructed », op. cit.).

[ 43 ] Timothy L. Thomas, « Grozny 2000 : Urban Combat Lessons Learned », Military Review, juillet-ao?t 2000, pp. 50-58. Les forces f?d?rales auraient m?me utilis? des missiles tactiques, en « r?ponse » aux Tch?tch?nes retranch?s dans les sous-sols, plus difficiles ? atteindre et « pour une pression psychologique maximum - afin de montrer la vanit? de continuer ? r?sister face ? un ennemi qui peut frapper en toute impunit? et contre lequel aucune contre-mesure n’est possible » (ibid., p. 57).

[ 44 ] Qui connaissent mieux le terrain, qui sont mieux pr?par?es ? des op?rations en milieu urbain, qui usent abondamment des tirs en embuscade et des attaques surprises, notamment de nuit - ce qui accro?t l’impact psychologique sur l’ennemi. Une autre pratique courante des boeviki est de se dissimuler parmi les populations civiles (Nezavisimoe Voennoe Obozreniie, 7-13 avril 2000, p. 1).

[ 45 ] Dans ce type de situations, les forces rebelles ont, dans le second conflit comme dans le premier, la plupart du temps eu le dessus sur les forces russes.

[ 46 ] Texte int?gral in Nezavisima?a Gazeta, 22 avril 2000.

[ 47 ] Dans le second conflit, outre les forces du minist?re de la D?fense et du MVD, ont ?t? engag?es les forces du FPS, du FAPSI, du MTchS, du FSB, des ?l?ments des forces du Train.

[ 48 ] D?cret pr?sidentiel sur « La division militaro-administrative de la F?d?ration de Russie », no 900, 27 juillet 1998 ; Krasna?a Zvezda, 9 ao?t 1997.

[ 49 ] H?ritage de l’?poque sovi?tique, les r?gions administratives des forces de l’Int?rieur, du Service f?d?ral des gardes-fronti?res (FPS), du Service f?d?ral de s?curit? (FSB), etc., ne correspondent pas au d?coupage administratif des r?gions militaires.

[ 50 ] Steven J. Main, « North Caucasus Military District : Defending Russia’s Interests in the Caucasus (1996-August 1999) », Conflict Studies Research Centre, juin 2000, 44 p.

[ 51 ] Pour une synth?se d?taill?e des activit?s d’entra?nement dans la r?gion militaire Caucase Nord depuis la fin de la premi?re guerre de Tch?tch?nie, voir ibid, pp. 39-42.

[ 52 ] « Kontrterroristitcheska?a operatsiia : osnovnye ouroki i vyvody » [L’op?ration contre-terroriste : principales le?ons et conclusions], Dossier sp?cial, in Voenna?a Mysl’, no 4, juillet-ao?t 2000, pp. 5-24.

[ 53 ] Michael Orr, « Better or Just Not So Bad ? An Evaluation of Russian Combat Effectiveness in the Second Chechen War », op. cit., p. 86.

[ 54 ] Il convient de rappeler que dans la guerre du Golfe, les forces alli?es ont essuy?, elles aussi, un certain nombre de pertes par effet fratricide.

[ 55 ] Cette insuffisance est confirm?e par le commandant en chef des VVS, le g?n?ral Kornoukov, qui souligne « l’exp?rience insuffisante en termes d’interaction avec l’aviation » des forces du MVD, ou encore par le g?n?ral Tikhomirov, commandant des forces du MVD (« Kontrterroristitcheska?a operatsiia : osnovnye ouroki i vyvody », p. 7 et p. 17).

[ 56 ] Comme dans la premi?re guerre, l’incompatibilit? entre les syst?mes radios et les fr?quences des diff?rentes composantes des forces russes a min? dans bien des cas l’efficacit? des communications au sein des forces f?d?rales.

[ 57 ] Timothy L. Thomas, « Grozny 2000 : Urban Combat Lessons Learned », op. cit., pp. 56-57.

[ 58 ] « Kontrterroristitcheska?a operatsiia : osnovnye ouroki i vyvody », op. cit., p. 17.

[ 59 ] Il est difficile de dire si le fait que, au moment de l’op?ration des forces russes au Daghestan en ao?tseptembre 1999, le contr?le et le commandement soient pass?s des mains du minist?re de l’Int?rieur ? celles du minist?re de la D?fense a beaucoup ? voir avec ces rivalit?s. C’est en tout cas patent pour ce qui concerne la premi?re guerre, dans laquelle le commandement des op?rations avait ? diff?rentes reprises chang? de mains, passant du minist?re de la D?fense au minist?re de l’Int?rieur et vice versa.

[ 60 ] Le g?n?ral Kazantsev avait pour adjoints des repr?sentants des autres structures de force.

[ 61 ] Les secondes accusant ? diverses reprises les premi?res de ne les avoir pas correctement inform?es sur les mouvements de l’ennemi, voire de faire preuve de mauvaise volont? lorsqu’il s’agissait de leur pr?ter assistance dans des situations d?licates.

[ 62 ] Depuis l’?clatement de l’URSS, les diff?rends sont vifs entre ces deux services. L’une des causes majeures de ces diff?rends r?side dans la priorit? attach?e, pendant les ann?es Gratchev, aux forces a?roport?es (VDV) dont le ministre ?tait issu. Son intention ?tait de faire la part belle aux VDV dans son projet de r?forme militaire visant ? l’?tablissement d’une arm?e plus compacte, plus mobile. L’id?e ne pouvait que d?plaire aux forces terrestres, hostiles au statut ind?pendant des VDV, et d?sireuse de conserver leur traditionnelle pr?dominance dans la structure des forces arm?es sovi?tiques puis russes.

[ 63 ] D?finition de la rapidit? des pentes, des hauteurs absolues et relatives, etc.

[ 64 ] Dossier sp?cial « L’op?ration contre-terroriste : principales le?ons et conclusions », op. cit.

[ 65 ] Michael Orr, « Russia’s Chechen War Reaches Crisis Point », op. cit., p. 18.

[ 66 ] En cons?quence la d?cision a ?t? prise de renforcer les effectifs des forces a?roport?es, qui passeront de 40 000 hommes ? 44-45 000 d’ici ? la fin de 2001 (Interfax, 30 juillet 2000). Lors de la seconde campagne tch?tch?ne, environ 10% des effectifs totaux des forces a?roport?es ont particip? aux combats.

[ 67 ] L? encore, cette situation refl?te l’?tat g?n?ral des forces arm?es russes. Le taux d’accident dans les forces a?riennes a consid?rablement augment? depuis la disparition de l’Union sovi?tique : un accident pour 12 000 ? 13 000 heures de vol dans les ann?es 90 contre un accident pour 26 000 heures dans les ann?es 80. Un facteur majeur en est la forte r?duction des activit?s d’entra?nement des pilotes mais aussi des personnels g?rant l’organisation et le contr?le des vols. Le temps de vol annuel moyen des ?quipages ne serait actuellement que de 10 ? 25 heures (SWB, 30 septembre 2000, p. S 1/2).

[ 68 ] Military Balance 2000-2001, op. cit., p. 114.

[ 69 ] Source Etat-Major g?n?ral, ITAR-TASS, 28 septembre 2000.

[ 70 ] Michael Orr, « Russia’s Chechen War Reaches Crisis Point », op. cit., p. 16.

[ 71 ] Plus de 200 000 personnes, selon l’ensemble des sources.

[ 72 ] En cons?quence, l’arm?e russe s’est trouv?e confront?e ? une aggravation de la « crise de la conscription  ». A l’automne 1999, 18,6 % des appel?s ne se sont pas pr?sent?s, soit deux fois plus qu’en 1998, ce qui s’explique principalement par la crainte des jeunes Russes d’?tre envoy?s combattre en Tch?tch?nie (Nezavisima?a Gazeta, 5 avril 2000). Cette circonstance a compliqu? la t?che des autorit?s militaires pour ce qui concerne le remplacement des conscrits qui ont fini leur service (le temps de service en Tch?tch?nie compte double du temps de service militaire normal).




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