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Cellatex ? Wikipedia

Cellatex

usine a Givet (Ardennes)

Cellatex SA est une ancienne societe francaise de filature de viscose , qui a ete fondee en 1981 , sur la base d'une activite creee en 1902 a Givet , en Ardennes (France) , et liquidee en 2000 .

Cellatex SA
logo de Cellatex
Ancien siege social de Cellatex a Givet. Ce batiment a ete construit au debut du XX e ?siecle (photo ci-dessus prise en 2012 et photo ci-dessous peu apres la construction).
illustration de Cellatex

Creation 1902

1990 (immatriculation de la ste)

Dates cles 1903?: demarrage de l'activite
1912?: changement de procede
1919?: reconstruction
1971?: achat par Rhone-Poulenc
1981?: Cellatex nouveau nom
1991?: cession par Rhone-Poulenc
2000?: liquidation judiciaire
Disparition 24/07/1997?: redressement judiciaire

26/02/1998?: plan de cession 23/09/2011?: radiation au RCS

Personnages cles Famille Gillet
Siege social Givet
Drapeau de la France France
Direction Depuis le ?: Jean-Pierre Ausseil
Activite Fabrication de fibres artificielles ou synthetiques

APE 247Z

Produits Viscose
SIREN 353 782 576
Resultat net
Comptes non disponibles
Usine de Givet
Facade de l'usine de Givet cote rue.
Installations
Type d'usine
Fonctionnement
Date d'ouverture
1902
Date de fermeture
2000
Patrimonialite
Recense a l' inventaire general Voir et modifier les données sur Wikidata
Production
Produits
Localisation
Situation
Coordonnees
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte des Ardennes
voir sur la carte des Ardennes
Usine de Grenoble
Fileuse a viscose, musee de la viscose a Echirolles.
Installations
Type d'usine
Fonctionnement
Date d'ouverture
1927
Date de fermeture
1989
Patrimonialite
Recense a l' inventaire general Voir et modifier les données sur Wikidata
Production
Produits
Localisation
Situation
Coordonnees
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte d’Isere
voir sur la carte d’Isère
Localisation sur la carte de Grenoble
voir sur la carte de Grenoble

La fermeture de Cellatex marque la fin en France d'une filiere a la fois chimique et textile, nee d'approches innovantes apparues a la fin du XIX e ?siecle , prospere dans l' entre-deux-guerres et pendant les Trente Glorieuses . Cellatex est l'ultime raison sociale d'une entreprise qui en a change a plusieurs reprises, a la suite des fusions, absorptions, changements d'actionnaires et restructurations.

En 2000, la liquidation judiciaire est marquee par une occupation du site de Givet , les ouvriers menacant d'utiliser les produits chimiques pour faire sauter les installations ou polluer la Meuse . Ce mouvement assez dur rencontre un echo mediatique important et permet aux ex-salaries d'obtenir des mesures d'accompagnement plus significatives.

Invention de la soie artificielle modifier

Durant plusieurs siecles, on a cherche a imiter le ver a soie . Au milieu du XIX e ?siecle, l’evolution des habitudes vestimentaires et les difficultes d'approvisionnements en soie, a la suite des maladies de la pebrine et de la flacherie [ note 1 ] , renforcent l’interet de ces recherches [ 1 ] .

Un Francais, le comte Hilaire de Chardonnet , assistant de Louis Pasteur dans ses recherches sur les maladies du ver a soie , reussit a tirer profit de travaux de chimistes, tel le Suisse George Audemars [ 2 ] . Il met au point un premier procede industrialisable pour dissoudre la cellulose, faire passer le produit obtenu a travers une filiere, et le solidifier a la sortie.

En 1890, Hilaire de Chardonnet, considere comme le pere de la soie artificielle [ 3 ] , fonde en 1890 la ≪? Societe anonyme pour la fabrication de la soie de Chardonnet ?≫, avec des ateliers situes a Besancon . C’est la premiere usine produisant industriellement de la soie artificielle et exploitant le procede a la nitrocellulose (appele encore procede au collodion ) [ 4 ] .

Dans son prolongement, des Allemands, des Americains et des Anglais, mettent au point des procedes industriels tres proches, differant dans la facon de solubiliser la cellulose et de la regenerer.

Trois principaux procedes viennent ainsi concurrencer l'approche exploitee par le comte Hilaire de Chardonnet?:

En mars 1902, une deuxieme usine est creee en France, a Givet , la Societe ≪?La Soie Artificielle?≫ pour fabriquer la soie avec le procede dit de la soie au cuivre. Ses fondateurs sont des acteurs de l'industrie et de la finance, a l'affut des evolutions de l'industrie textile?: les familles Schlumberger, Noack-Dollfus, Jordan, Bernheim, Fremery, Herbelot, Monod, et l'economiste Edmond Thery [ 5 ] . Le site industriel retenu est situe a trois kilometres de la ville de Givet, au lieu-dit ≪?les Quatre Cheminees?≫, et a deux kilometres de la frontiere belge, le long de la route reliant Givet a Namur . Le meme groupe d'actionnaires s'associe a des teinturiers lyonnais, les Gillet , pour creer une autre entreprise utilisant le meme procede, la ≪?Soie Artificielle d'Izieux?≫, a Izieux a cote de Saint-Chamond [ 6 ] .

En 1911, les Gillet creent avec leur concurrent, le groupe Carnot [ 6 ] , [ note 2 ] , une entreprise de commercialisation des textiles artificiels, le ≪? Comptoir des Textiles Artificiels ?≫ (CTA) [ 7 ] . Ce Comptoir des Textiles Artificiels rachete egalement d'autres usines, dont l'usine historique de Besancon [ 8 ] .

En 1912, les usines de Givet et d'Izieux abandonnent le procede de la soie au cuivre pour le procede viscose . L'usine de Besancon fait de meme. La soie de viscose a l'avantage d'etre obtenue a partir de la pate de bois et de se contenter de produits chimiques peu couteux. Son prix de revient est moindre [ 9 ] . Au-dela de ces trois entreprises, c'est toute la filiere francaise de la soie artificielle qui converge, peu avant la Premiere Guerre mondiale , vers cette technique. De 1900 a 1913, la quantite de soie artificielle produite en Europe est multipliee par dix et represente desormais, juste avant la Premiere Guerre mondiale, un tiers de la quantite de soie naturelle produite [ 9 ] . La superficie des batiments de Givet passe de 8?000?a 21?000? m 2 en dix ans [ 10 ] . L'usine de Givet emploie 790 salaries en 1914 [ 10 ] .

A partir du , Givet se retrouve en territoire occupe et l'usine est transformee en partie en hopital, en partie en fabrique de graisse, de margarine et de conserves alimentaires. Le materiel industriel lie a l'activite textile est requisitionne et expedie en Allemagne. Les transmissions, et les moteurs sont enleves. Le materiel qui ne peut pas etre envoye est brise sur place apres avoir ete depouille des parties en plomb, cuivre, bronze,? etc. [ 11 ] .

Developpement du procede viscose modifier

La reconstitution des installations industrielles textiles de Givet commence debut , soit deux mois apres l'Armistice. En , la direction de l'entreprise envoie une delegation en Allemagne pour tenter de recuperer le materiel requisitionne par l'occupant pendant la Premiere Guerre mondiale , avec l'aide des services du ministere de la Reconstruction industrielle , destines specifiquement a la restitution et installes a Wiesbaden . Soixante-cinq wagons de materiels sont reexpedies a Givet, facilitant le redemarrage de l'activite le [ 11 ] .

 
Vue aerienne des usines de la viscose d'Echirolles en 1928.

Un peu partout en France, cette meme activite de fabrication de soie artificielle, un moment desorganisee par le conflit, s'amplifie. En 1920, cette production depasse en poids celle de la production de soie naturelle. La rarefaction de la soie du bombyx, et le developpement du luxe et faux-luxe dans toutes les classes sociales creent une dynamique propice a l'activite de production de viscose [ 9 ] . Les deux entreprises de production de soie artificielle de Givet et d'Izieux, ayant pratiquement les memes actionnaires, fusionnent en 1922 [ 5 ] . Mais les brevets d'origine etant tombes dans le domaine public, de nouveaux producteurs apparaissent [ 12 ] . Le nombre d'usines se densifie, une cinquantaine de sites industriels sont crees en France [ 5 ] dont, toujours par la maison Gillet [ note 3 ] , une importante usine a Grenoble, plus precisement entre Grenoble et Echirolles [ 13 ] , [ note 4 ] . Le site est suffisamment important pour que la Societe grenobloise de tramways electriques desserve specialement l'usine par une double voie depuis le Rondeau.

Pendant les annees 1920-1930, a Givet, 300 logements sont construits a proximite, les ≪?Cites de la Soie [ note 5 ] ?≫, ainsi qu'une chapelle en 1932. Les autocars sillonnent la region, en France et en Belgique, pour amener a pied d’œuvre les ouvriers. Lorsqu'en 1932 Georges Simenon decrit une usine a Givet, dans son roman Chez les Flamands , c'est clairement l'usine de soie artificielle, rue du Bon Secours, qui l'inspire [ 14 ] . La fabrication du fil de soie artificielle a partir de feuilles de pate de bois est un travail penible, dans la chaleur, l'humidite, les acides et l'odeur ≪?d’œuf pourri?≫ due a l’ hydrogene sulfure [ 13 ] .

La crise economique des annees 1930 stoppe la creation de nouvelles usines de soie artificielle. La periode faste est finie. Des usines ferment [ 15 ] . En 1934, une loi interdit l'appellation ≪?soie artificielle?≫ sous la pression des soyeurs traditionnels?: le fil viscose s'appelle desormais ≪?rayonne?≫ (et ≪?fibranne?≫ lorsqu'il s'agit de fibres courtes). Durant la Seconde Guerre mondiale , l'industrie francaise, ne pouvant s'approvisionner suffisamment en fibres naturelles, se tourne davantage encore vers les fibres artificielles [ 16 ] .

Creation de Cellatex modifier

A partir de 1950, l’apparition des fibres synthetiques , nylon et tergal , et leur succes sur le marche provoquent le declin de la soie artificielle desormais denommee rayonne. En 1959, la ≪?Soie Artificielle Givet-Izieux?≫ fusionne avec la societe ≪?Viscose Francaise?≫ (qui a acquis notamment l'usine de Grenoble) pour donner naissance a la ≪?Compagnie Industrielle des Textiles Artificiels et Synthetiques?≫. Cette nouvelle compagnie inclut aussi le Comptoir des Textiles Artificiels et reprend l'acronyme de ce comptoir (CTA). Cette holding reunit, a la fin des annees 1950 , une douzaine de sites industriels fabricant de la rayonne [ 5 ] . Face a la concurrence des textiles synthetiques, des reconversions et cessions de certains sites sont effectuees, telle l' usine de Saint-Maurice-de-Beynost [ note 6 ] . Le CTA fait beneficier egalement ses differents centres industriels des innovations mises au point au sein du groupe, des l'entre-deux-guerres sur la tenue a l'etat humide des fibres de rayonne et la resistance aux lavages repetes, puis sur les fils a haute tenacite , permettant d'entrer dans de nouveaux marches, tels les pneumatiques , ainsi que sur les fibres polynosiques, ayant une moindre sensibilite a l'eau et de meilleures caracteristiques mecaniques [ 17 ] .

En 1971, nouvelle etape de concentration, la ≪?Compagnie Industrielle des Textiles Artificiels et Synthetiques?≫ fusionne avec la societe Rhodia et l'ensemble est absorbe par le groupe Rhone-Poulenc [ 13 ] . C'est l'apogee du groupe Rhone-Poulenc qui emploie 115?000?personnes dont 75?000 en France [ 18 ] . Devenu actionnaire dominant par le jeu des fusions et des participations croisees, un descendant de la maison Gillet, Renaud Gillet , est nomme vice-president [ 19 ] puis president-directeur-general de ce groupe [ 20 ] . Le poids du textile represente 63?% du chiffre d'affaires. Mais le patrimoine industriel correspondant est heterogene. Le nombre d'usines est important. Si certains centres sont relativement modernes, en particulier sur le nylon et le tergal , d'autres sont plus obsoletes, en particulier sur la viscose [ 18 ] . A nouveau, des usines ferment ou sont revendues, notamment a Izieux , a Arques-la-Bataille , et a Vaulx-en-Velin (l' usine Tase dans le quartier du Carre de soie ) [ 21 ] . Rhone-Poulenc liquide egalement le patrimoine foncier et immobilier detenu autour de ces usines ainsi cedees?: les habitations et terrains des cites ouvrieres creees dans l' entre-deux-guerres [ 22 ] .

En 1979, malgre les fermetures et cessions effectuees, la situation economique de la branche textile de Rhone-Poulenc reste preoccupante. Un plan textile est elabore. Ce plan redonne lieu a une serie de fermetures d'usines de viscose a Roanne (usine France-Rayonne ), Lyon- Vaise ,? etc. [ 23 ] . Une restructuration juridique est menee. La logique de cette restructuration juridique s'appuie sur les preconisations de McKinsey qui conseille la direction de ce groupe depuis 1969?: les activites sont isolees dans des entites juridiques, ce qui permet de mieux cerner leur rentabilite reelle, elles sont ensuite groupees par divisions qui correspondent a des branches d'activites (par exemple le textile), ces divisions etant rattachees a la holding . Les decisions strategiques a long terme sont prises par la holding et mises en œuvre par les branches, et les contrepouvoirs que devraient constituer les instances representatives du personnel sont cantonnes dans des entites juridiques relativement segmentees [ 24 ] .

En particulier, la societe Cellatex est creee en 1981, pour la filiere viscose au sein de la branche textile de Rhone-Poulenc. Cette filiere organisee ainsi en une societe juridique specifique ne regroupe plus, a la suite des fermetures effectuees, que deux usines?: l'usine de Givet et l'usine de Grenoble . La societe a un capital d'un million de francs, un effectif de 900 personnes sur le total des deux sites, et son chiffre d'affaires est estime a 250 millions de francs environ. Elle est dirigee par Marcel Charrin [ 25 ] . Rhone-Poulenc Textile est alors restructure en trois filiales?: Rhovyl , Cellatex et Rhone-Poulenc Fibres [ 25 ] .

Mais cette filiere viscose s'inscrit dans une branche textile qui n'a plus le dynamisme des decennies precedentes. L'effort d'innovation et de recherche permanente, sur de nouveaux procedes et de nouveaux produits, periclite. Le nombre de brevets chute dans les annees 1970 et 1980 [ 26 ] .

Autre caracteristique pesant sur les perspectives de Cellatex, les installations sont polluantes et dangereuses, pour la population vivant autour des sites et pour ses salaries. Une usine comme celle de Givet est dangereuse par les produits toxiques et explosifs qu'elle emploie. Elle est polluante par ses rejets en zinc , ses rejets en hydrocarbures et ses rejets en composes organiques volatils [ 27 ] . Et pourtant, depuis la catastrophe de Seveso , en Italie, en 1976, une prise de conscience des responsabilites sur les risques chimiques s'amplifie d'annee en annee au sein des pouvoirs publics et des entreprises, mouvement auquel n'echappe pas le groupe Rhone-Poulenc [ 28 ] .

Fermeture du site de Grenoble modifier

Le declin de l'industrie textile en France et l'impact des crises economiques successives apres les Trente Glorieuses ont raison de cette filiere, qui n'est plus consideree par le groupe comme une activite d'avenir en France. Confronte a une concurrence de plus en plus forte, le groupe Rhone-Poulenc se place dans une strategie de repli, n'innovant pratiquement plus, et ne renouvelant plus son appareil industriel, malgre la concentration realisee [ 26 ] . En 1989, apres des suppressions d'emplois sur les deux sites les annees precedentes, la fermeture du site de Grenoble est decidee. Le a 17? h , l'ultime fil de viscose sort des metiers iserois. Un plan social est mis en place, consistant en 130 mutations sur d’autres sites Rhone-Poulenc en France dont les usines du Pont-de-Claix et de Champagnier , 130 departs en preretraite, 30 reconversions et 72 departs volontaires [ 13 ] .

 
Cite de la viscose a Echirolles.

La demolition de l’usine s’effectue en trois temps. De mars a aout 1989, les produits chimiques sont evacues et le site depollue. Puis jusqu’en avril 1990, les machines sont demontees et plusieurs d’entre elles partent pour Givet. Enfin, les batiments sont demolis et notamment, le , la grande cheminee. En juin 1991, tout est termine. Rhone-Poulenc vend les terrains a une societe d’amenagement. Les cites ouvrieres sont rehabilitees, une partie est vendue aux particuliers, une autre a l' Office public d'amenagement et de construction du departement de l' Isere . Parallelement, en 1992, un Musee de la viscose est inaugure. Ce lieu de memoire d'une histoire ouvriere, est implante entre le site de l'ancienne usine et une des cites ouvrieres fondees pour accueillir les travailleurs dans l' entre-deux-guerres , la ≪?Cite-jardin de la viscose?≫, et ou se melangerent une quarantaine de nationalites differentes, Hongrois, Polonais, Italiens, Armeniens, Russes, Yougoslaves, Portugais, Algeriens, Turcs,? etc. [ 13 ] , [ note 7 ] .

Des 1982, la maison du directeur de l'usine situee pres de la cite Viscose avait ete rachetee par la commune d'Echirolles et transformee en un musee, le Musee Geo-Charles consacre aux arts sportifs [ 29 ] . Le site industriel proprement dit est utilise pour l'extension d'un parc et l'implantation d'une technopole . Cette technopole appelee Technisud est destinee plus specifiquement a des petites et moyennes entreprises innovantes, de haute technologie et non polluantes. La premiere implantation qui se concretise au milieu des annees 1990 , est une entreprise americaine, reprenant en sous-traitance une activite de Hewlett-Packard, sur la fabrication de plaques supports de circuits integres et de composants mecaniques. Aujourd'hui, diverses PME sont installees sur cette technopole, plus particulierement dans le domaine de la mecanique, ainsi qu'un etablissement Rexel .

Fermeture du site de Givet modifier

 
Facade de l'usine de Givet cote voie ferree.

Finalement, Rhone-Poulenc cede la Cellatex en 1991 [ 10 ] . Le site de Givet, dernier site subsistant, maintient son activite mais connait une serie de repreneurs successifs et deux inondations de la Meuse , jusqu'a son acquisition par la societe autrichienne Glansdorff. Ces repreneurs sont interesses par les marches que detient encore la societe [ 30 ] . L’effectif baisse de plus en plus. L'usine ne compte plus que 153 salaries a la date de sa liquidation en . Elle a perdu aussi ses derniers brevets , pilles par les repreneurs. Elle est la derniere entreprise de viscose, travaillant a partir de pate a papier, pour dix-huit usines en France exploitant cette filiere industrielle vingt ans plus tot [ 31 ] .

 
Locaux de Givet en 2012.
 
Locaux de Givet en 2012.

Le , alors que leur employeur est introuvable depuis pres d'un an, les salaries de Cellatex apprennent que la liquidation de leur societe vient d'etre prononcee par le tribunal de commerce de Charleville-Mezieres . Cette annonce declenche aussitot l'occupation de l'usine. Et ce mouvement rencontre un important echo mediatique lorsque les salaries menacent d'utiliser le stock de 46 tonnes de disulfure de carbone qui se trouve dans l’usine. Y sont egalement entreposes 56?000 ?litres d' acide sulfurique et 90 tonnes de soude forte. En meme temps que le GIGN , les medias francais arrivent en masse sur place. Et les medias etrangers, belges, allemands, le Washington Post et les cameras de CNN [ 32 ] . Le 17 juillet , les salaries deversent de l'acide dans la Meuse , suffisamment peu pour que l'acide reste retenu dans les canaux d'evacuation et pour eviter une pollution majeure [ 33 ] , mais suffisamment pour montrer leur determination, marquer les esprits et maintenir la pression sur les pouvoirs publics. Un dosage calcule, une ≪?alchimie mediatique?≫ [ 34 ] .

L'acte est blame par une grande partie de la classe politique francaise, y compris a gauche, sachant que le pouvoir est alors detenu par le Parti socialiste . Associe dans une majorite plurielle au Parti communiste francais , au Parti radical de gauche , au Mouvement des citoyens , et aux Verts , il detient l'assemblee legislative et l'executif, dans une cohabitation associant le president de la Republique de droite Jacques Chirac et le Premier ministre de gauche Lionel Jospin . Le ministre de l'Interieur, Jean-Pierre Chevenement declare?: ≪?Il n'est pas acceptable que, quelle que soit la situation difficile, les salaries puissent prendre en otages les populations avoisinantes, pas davantage que les riverains de la Meuse, en France, en Belgique, en Hollande, en repandant de l'acide sulfurique dans ce fleuve?≫ . Robert Hue , dirigeant du Parti communiste francais indique qu'il comprend le desespoir des ouvriers mais les exhorte a ne pas se couper de l'opinion publique. Le porte-parole national des Verts , Denis Baupin , reagit egalement?: ≪?Bien sur, nous comprenons le desespoir des salaries victimes de la liberalisation du secteur textile. Mais en detruisant une riviere, bien commun de l'ensemble des citoyens, ils sortent de l'expression democratique de leurs revendications.?≫ [ 35 ] . Le ministre de l'Emploi et de la Solidarite, Martine Aubry , se demarque en affirmant que ≪?le desespoir des hommes merite d'etre entendu?≫ , ajoutant ≪?il ne faut pas faire de declaration, il faut agir et c'est ce que j'essaye de faire?≫ . En l'absence de l'actionnaire de l'entreprise, disparu, les services de l’Etat, notamment les equipes du prefet des Ardennes , Jean-Claude Vacher , aide du ministere de l'Emploi et de la Solidarite , se retrouvent en premiere ligne dans la recherche de solutions [ 36 ] .

L'ultime negociation commence le 19 juillet a 17? h ?30 a la prefecture des Ardennes. Elle dure toute la nuit. L'attente engendree par les resultats de cette ≪?reunion de la derniere chance?≫ est qualifiee d' ≪?insoutenable?≫ par certains medias [ 37 ] . Le lendemain, un protocole d'accord est soumis par les delegues syndicaux aux ouvriers, qui l'acceptent [ 38 ] . Un projet de reprise par un groupe bavarois est abandonne. ≪?En preambule a la reunion de mercredi soir, les representants du ministere nous ont declare que ce dossier leur paraissait insuffisamment fiable?≫ , precise le porte-parole des ex-salaries de Cellatex. Ces salaries ne croient plus aux repreneurs miracles et a l'avenir de leur profession. Un des fleurons industriels du departement des Ardennes disparait [ 38 ] .

La liquidation de Cellatex provoque la mise en place d'un plan pour les Ardennes [ 39 ] et d'un projet de revitalisation du bassin d'emploi de Givet [ 40 ] , avec des resultats mediocres [ 41 ] . Dix ans plus tard, un tiers des salaries restent sans emploi, selon le cabinet de reclassement charge de les aider, deux tiers selon les donnees fournies par la CGT [ 40 ] . Les batiments de l'usine de Givet semblent inchanges, au sein de la Cite de la Soie [ 32 ] . Mais ce n'est qu'en facade. La communaute de communes Ardenne-Rives-de-Meuse les a acquis en vue d'accueillir des entreprises. Les terrains ont ete depollues. Plus de la moitie des 50?000? m 2 de batiments, notamment la centrale thermique, a ete rasee en 2008. Les toits des batiments ont ete desamiantes [ 10 ] , [ 42 ] . Les 55 metiers a filer ont ete envoyes a la ferraille [ 10 ] .

Notes modifier

  1. Dans la deuxieme moitie du XIX e ?siecle, ces maladies deciment les elevages de vers a soie en France, en Europe et en Asie. Elles provoquent le declin de la sericiculture francaise malgre les recherches de Louis Pasteur et les progres de la microbiologie .
  2. Ce groupe concurrent, le groupe Carnot, a ete fonde par Ernest Carnot, de la famille Carnot . Ernest Carnot (1866-1955) est ingenieur civil des mines , fils de l'ex-president de la Republique francaise Sadi Carnot et petit-fils par sa branche maternelle de l'economiste Charles Brook Dupont-White . Au debut du XX e ?siecle , Ernest Carnot fonde la societe ≪?La Viscose francaise?≫ et cree ensuite des filiales en Espagne, Italie, Belgique et Suisse.
  3. La famille Gillet, a Lyon, detient, a la sortie de la Premiere Guerre mondiale , un ensemble important d'entreprises industrielles dans le textile et la chimie. Enemond Bizot (1900-1988), le gendre d’Edmond Gillet, s'associe alors a son cousin Lucien Chatin (1868-1947), directeur de l'entreprise ≪?La soie artificielle d'Izieux?≫, pour fonder la ≪?Societe Nationale de la Viscose?≫ et faire construire l'usine a Grenoble.
  4. L'usine est sur le territoire de Grenoble, a la limite entre ce territoire et celui d'Echirolles 45°?09′?43″?N, 5°?42′?18″?E . La cite-jardin de la Viscose est sur Echirolles. Au debut des annees 1980, une rocade, la rocade sud a ete construite entre les deux sites, aboutissant a un immense echangeur.
  5. Photographie aerienne en lien externe.
  6. Se referer a l'article Wikipedia sur l' usine textile et chimique de Saint-Maurice-de-Beynost , une usine de soie artificielle fondee comme tant d'autres avant la crise des annees 1930, rapidement entouree, comme tant d'autres, d'une Cite de la Soie creee par les actionnaires pour fideliser une main-d'œuvre a proximite de l'usine, rachetee comme tant d'autres par le CTA.
  7. L'usine de viscose de Grenoble avait ete creee en 1925 et 1926, par la maison Gillet & apparentes, entre Grenoble et une petite commune rurale, Echirolles , en pleine campagne. Ce terrain est aujourd'hui completement inclus dans l'agglomeration grenobloise.

References modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Classement par annee de publication.

Articles de revues et journaux modifier

  • Redaction MI, ≪? La Reconstitution des Regions devastees?: Les Ardennes 1918-1922. La Soie Artificielle a Givet ?≫, Le Monde illustre , vol. ?8,? 1922 ( 65 e ?annee), p. ?85-87 .
  • Louis Gueneau , ≪? La production et la consommation de la soie artificielle dans le monde ?≫, Annales de geographie , vol. ?37, n o ?128,? , p. ?481-489 ( lire en ligne ) .
  • Michele Backmann et Christine Cottin , ≪? A qui appartient la France?? ?≫, L'Unite , n o ?55,? , p. ?20-23 ( lire en ligne ) .
  • Rene Backmann et Franz-Olivier Giesbert , ≪? Quand Rhone-Poulenc degraisse ?≫, Le Nouvel Observateur ,? , p. ?37 ( lire en ligne ) .
  • Redaction AC, ≪? Nouvelles de Rhone-Poulenc ?≫, L'Actualite chimique ,? .
  • Pierre Carlioz et Louis Chabert , ≪? Deprise industrielle et strategies spatiales?: la fermeture de R.P.T. Vaulx-en-Velin dans l'est de l'agglomeration lyonnaise ?≫, Revue de geographie de Lyon ≪?Hors-Serie L'usine dans la ville / Journees de la Commission de geographie industrielle, Lyon et Saint-Etienne, 23-24 octobre 1981?≫,? , p. ?45-64 ( lire en ligne ) .
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  • Pascal Ambrosi , ≪? Leger apaisement dans le conflit de l'usine Cellatex a Givet ?≫, Les Echos , n o ?18194,? , p. ?22 ( lire en ligne ) .
  • Cedric Mathiot , ≪? Les pouvoirs publics sont responsables ?≫, Liberation ,? ( lire en ligne ) .
  • Cedric Mathiot , ≪? Alchimie reussie a Givet ?≫, Liberation ,? ( lire en ligne ) .
  • Thomas Lebegue , ≪? Casse-tete pour les Verts ?≫, Liberation ,? ( lire en ligne ) .
  • Claire Aube , ≪? ≪?L'apres-conflit, je n'ose meme pas y penser?≫ Myriam, salariee de Cellatex depuis vingt-neuf ans Givet (Ardennes) ?≫, Leparisien.fr ,? ( lire en ligne ) .
  • Pascal Ambrosi , ≪? Les salaries de Cellatex approuvent le protocole d'accord ?≫, Les Echos , n o ?18198,? , p. ?23 ( lire en ligne ) .
  • Olivier Nouaillas , ≪? Cellatex un sulfureux gachis ?≫, La Vie , n o ?2865,? , p. ?23 ( lire en ligne ) .
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  • Redaction L'Union, ≪? Depollution de Cellatex?: les grandes manœuvres ?≫, L'Union ,? ( lire en ligne ) .
  • Arlyne Jeannot , ≪? Cellatex?: un heritage doux et amer ?≫, L'Union ,? ( lire en ligne ) .
  • Delphine Saubaber , ≪? Plans sociaux?: la vie d'apres ?≫, L'Express ,? ( lire en ligne ) .

Fonds d'archive modifier

  • Deschin C. (2017), La memoire d’une entreprise textile givetoise?: le fonds de l’usine Cellatex de Givet aux Archives departementales des Ardennes , Entreprises et histoire , 2, 174-181, resume

Fiches Web modifier

Filmographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier