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L'insurrection du Tyrol de 1809

"Lorsque je pense aux merveilleuses vallees de l'Inn, et les effets qu'elle eurent sur moi, je suis sur que les portes du paradis sont a l'entree des cascades...". Colonel Lejeune.

Prologue

(Chronologie)


Les raisons d’une insurrection.

Carte du TyrolLe traite de Presbourg avait donne le Tyrol a la Baviere. Ce Tyrol, associe depuis 1363 a la couronne des Habsbourg, et dont les habitants vont mal vivre le transfert de leurs montagnes et vallees a la souverainete bavaroise.

D’autant que le gouvernement de Munich, dans sa volonte d’imposer au pays des reformes, ne va rien faire pour se faire aimer, faisant en fait ce que l’Autriche n’avait jamais ose faire: se meler des affaires interieures, politiques et militaires d’un pays, certes different, mais toujours loyal.

Maximilien Ier, roi de Bavière(1756-1825)Si les changements sont, au debut, timides, ils s’intensifient en 1808, au moment de la promulgation d’une nouvelle constitution et de l’institution d’une taxe municipale (chose totalement nouvelle pour les tyroliens), destinee…a financer, en particulier, le stationnement des troupes bavaroises sur le sol tyrolien ! Et dans sa soif de "modernisation", le gouvernement bavarois va bientot imposer de multiples changements politiques et administratifs avec une determination insouciante. Pour aller plus vite, des bavarois remplacent des natifs du Tyrol aux postes administratifs. On va meme jusqu’a changer les noms des anciennes regions administratives, et a enlever l’aigle rouge tyrolien de l’embleme du gouvernement. Pour le fier Tyrolien, une injure.

Mais ce n’est pas tout. La Baviere ne supporte pas l’attachement profond de ses nouveaux "sujets" a la religion, attachement qu’elle n’est pas loin d’assimiler a de la superstition, et qui, en tous cas, est un obstacle a ses reformes. Alors, des mesures sont prises pour dissoudre un grand nombre de monasteres et congregations religieuses, interdire les processions, les pelerinages, autant de mesures qui, rapidement, amenent les tyroliens a considerer les bavarois comme de veritables paiens. Bientot, on ne sera pas loin d’une veritable guerre de religions.

Comme si tout cela ne suffisait pas, les nouveaux maitres modifient les regles de la conscription. Certes, celle-ci existait deja, depuis un decret imperial de 1511, mais le meme decret exemptait le conscrit de toute participation a un conflit en dehors des frontieres de leur pays. Les Habsbourg avaient parfaitement respecte cette regle (durant les conflits de 1799, 1802, 1804 et 1805), et meme le gouvernement bavarois, jusqu’en 1808. Les besoins de Napoleon en soldats se font alors plus pressants, et, en 1809, la guerre montrant de nouveau le bout de son nez, les autorites locales tyroliennes sont informees d’une levee de 1000 conscrits. Cette nouvelle est accueillie comme un veritable outrage par la population, qui se dresse contre une telle mesure. Du cote de l’Autriche, parviennent des signes d’encouragement a la defection (des unites de deserteurs tyroliens seront constituees). Des confrontation armees se produisent. En mars, le gouvernement bavarois doit abandonner, ce qui affaibli d’autant plus son autorite, mais, en contrepartie, raffermi la confiance des tyroliens.

Enfin, si l’on peut dire, les fonctionnaires de Munich n’y vont pas avec delicatesse, face a ces tyroliens qu’ils considerent comme des superstitieux. Leur arrogance ne les fait pas aimer, et va laisser des traces profondes, dont les evenements ulterieurs vont temoigner.

Les premices.

L'archiduc Jean - Peinture de Teodoro Matteini (1754-1831) - Tiroler Landesmuseum FerdinadeumA Vienne, on regarde avec sympathie un possible soulevement populaire au Tyrol, comme pouvant contribuer a une victoire sur Napoleon. On n’est pas sans faire un parallele avec les mouvements en Allemagne, en esperant qu’un soutien autrichien amenera la Prusse aux cotes de l’Autriche.

On considere aussi l’aspect strategique: le Tyrol peut devenir un obstacle serieux aux communications entre les armees ennemies d’Allemagne et d’Italie, et gener leur eventuelle retraite (car l’on va vaincre !). A la cour de Vienne, l’archiduc Jean est la voix des tyroliens en quete de leur rattachement a l’Autriche.

Au Tyrol, des 1807, des reunions sont tenues, et l’on percoit deja le role que les aubergistes vont tenir dans les evenements a venir. Rien d’etonnant: chez eux, on peut se reunir sans attirer l’attention, et puis ce sont eux qui, a cote des paysans, ont le plus a souffrir de la politique economique gouvernemental. Des contacts permanents sont etablis avec Vienne.

Et lorsque, dans le courant de 1808, une nouvelle guerre apparait probable, le Tyrol est inclus dans les preparatifs strategiques, sous la direction de l’archiduc Jean et du secretaire a la Cour et directeur des Archives Nationales, Josef von Hormayr, qui va devenir le porte-parole de ce Tyrol, de ces " falaises bleues et ces forets noires, et le ciel bleu clair au-dessus de l’Inn, de la Drau et de l’Eisack, auquel je ne peux penser sans douleur et soif de vengeance"

Andreas HoferFin janvier 1809 (la Cour d’Autriche s’est deja prononcee pour une nouvelle guerre) trois personnalites tyroliennes se rendent a Vienne, a l’invitation de l’archiduc Jean: les aubergistes Andreas Hofer et Peter Huber, et le torrefacteur Nessing (ce dernier depuis longtemps en contact avec Vienne). Elles reclament une intervention rapide, d’autant que le Tyrol n’est pour l’instant protege que par 2500 hommes. De retour au pays, les trois hommes continuent leur travail de sape, et Andreas Hofer se dessine deja comme le leader inconteste de la rebellion en eveil.

De son cote, Hormayr n’est pas inactif, et profite des deboires de Napoleon en Espagne et de ses demeles avec le pape, pour developper sa propagande anti-napoleonienne. Il est un fervent partisan de la guerre populaire et ne voit que des avantages a un conflit dans les montagnes. Toutefois, l’archiduc Charles, de son cote, ne regarde que d’un oeil suspect une action de l’armee au cote d’insurges. L’avenir lui donnera en partie raison.

Et la Baviere dans tout cela ? Longtemps il fut dit que l’insurrection fut pour elle une totale surprise. En fait, les signaux existaient et des responsables de haut rang (dont l’ambassadeur de Baviere a Vienne) confirmaient les nouvelles venues du Tyrol.

Andreas Hofer - Photo: OuvrardEt pourtant, au moins du point de vue militaire, aucune mesure n’est prise, sans doute en raison de la dependance du gouvernement de Munich vis-a-vis de Napoleon. Or celui-ci ne croit pas a une intervention autrichienne de ce cote et le Tyrol ne fait pas partie de ses plans de campagne: c’est sur le Danube que tout doit se decider et les troupes bavaroises formeront une partie de l’armee d’Allemagne dans ce secteur . "Laissons les Autrichiens faire ce qu’ils veulent au Tyrol. Je ne veux pas me laisser entrainer dans une guerre de montagne" . Seule concession: les positions frontalieres (en particulier la forteresse de Kufstein) sont renforcees.

Le decor est plante, la tragedie peut commencer. Les trois coups retentissent le 9 avril, lorsque les troupes autrichiennes franchissent la frontiere, accueillis avec enthousiasme par la population. Cette tragedie va avoir trois actes (pour les tyroliens trois liberations , pour les bavarois, trois offensives ..) et un epilogue:

Acte I (avril-mai): premiere tentative de liberation du Tyrol et premiers combats pour Innsbruck (11-12 avril), qui reste aux mains des insurges, pour etre bientot repris par les bavarois (mi-mai)

Acte II (mai-juillet): Napoleon ayant appele a lui une partie des troupes occupant le Tyrol, les insurges reprennent Innsbruck (25-29 mai) et menent de nombreuses offensives dans toute cette partie de la Baviere. Pour la deuxieme fois, le Tyrol est libere.

Acte III (aout-octobre): Napoleon ayant maintenant les mains libres, peut consacrer plus de forces au probleme tyrolien. Mais ses troupes echouent de nouveau a Innsbruck (3e combats du Bergisel - 13 aout), et le 18 le Tyrol est "libre". Pour peu de temps….

Epilogue: la paix de Schonbrunn etant signee (14 octobre), Napoleon ordonne d’en finir. Le 1er novembre, nouvel affrontement au Bergisel, qui voit cette fois-ci les tyroliens definitivement defaits.

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